Perspectives

Capitaliser sur les opportunités en Inde et en Chine

Points saillants d'une table ronde sur les opportunités d'investissement à l'étranger

Même si le fait d’investir en Inde et en Chine comporte d’énormes avantages, les risques sont considérables – surtout si vous tentez de le faire tout seul.

Un simple coup d’œil aux chiffres nous indique clairement que l’Inde et la Chine vont à contre-courant des tendances mondiales. En pleine récession mondiale, l’Inde a vu la demande intérieure et les investissements en avoirs étrangers augmenter et a enregistré un taux de croissance économique de 7 % pour l’année soutenu par une capitalisation boursière de près de 600 milliards de dollars. Non en reste, la Chine peut se féliciter d’un taux de croissance de 7 % en juin 2009 par rapport à l’année précédente, alimenté par la hausse des investissements en immobilisations corporelles, la vigueur de la demande de biens de consommation et un marché boursier en plein essor qui affiche une progression de 75 % depuis janvier.


Pour les entreprises canadiennes qui sont à l’affût de possibilités de croissance, ces chiffres sont un appel à l’expansion mondiale. Bien sûr, faire des affaires en Inde et en Chine demeure une entreprise pleine de défis. Pour vous aider à définir des moyens d’exploiter les occasions d’affaires dans ces deux pays, tout en réduisant les risques, Deloitte et Blake, Cassels & Graydon LLP ont tenu un séminaire le 21 juillet 2009. À cette occasion, un groupe d’experts réputés ont discuté de stratégies pour surmonter les risques d’affaires et structurer des investissements avisés dans ces deux pays. Voici ce qu’il vous faut savoir :


Surveiller les tendances
Comme l’a fait remarquer un conférencier, « ce n’est pas une récession ordinaire ». Le consommateur américain est sur le point de céder son rôle de moteur de la croissance à la nouvelle classe moyenne massive de l’Inde et de la Chine. Il s’agit d’un changement de situation radical pour les entreprises canadiennes qui comptaient depuis longtemps sur la consommation américaine pour réaliser des profits. Alors que l’accroissement de la demande en Inde et en Chine compense son déclin ailleurs, les entreprises se doivent de surveiller les tendances en évolution rapide de la consommation et du comportement des consommateurs dans ces pays et d’apporter les changements qui s’imposent. C’est seulement ainsi qu’elles pourront se positionner pour tirer parti des occasions d’affaires qui se présentent.


Repérer la bonne affaire
Dans la recherche de débouchés de croissance, les occasions d’affaires ne se valent pas toutes. Pour éviter les faux pas, il faut viser :

  • Les secteurs les plus prometteurs, comme l’énergie, l’infrastructure, l’agroalimentaire, les soins de santé, les communications, les services financiers, l’immobilier et l’industrie touristique intérieure de l’Inde.
  • Les régions les plus prometteuses, et ce ne sont pas nécessairement les grandes villes. En Inde, le coût des terrains est à la hausse dans les grandes villes, donc il est préférable de s’installer dans les villes moins importantes. En Chine, certaines régions intérieures du centre et de l’ouest devancent maintenant au chapitre des investissements en immobilisations corporelles les régions traditionnellement axées sur l’exportation.


Choisir la bonne structure
Par ailleurs, les entreprises qui décident d’exercer leurs activités à l’échelle mondiale ou d’élargir leurs activités internationales devraient adopter la structure qui convient à leurs besoins. Il peut s’agir d’ouvrir une succursale, de prendre part à une coentreprise, de participer à un placement privé ou d’être admis comme investisseur institutionnel étranger. En Inde, beaucoup d’entreprises européennes se prévalent également du placement institutionnel qualifié (Qualified Institutional Placement (QIP)) – un outil visant à rassembler des capitaux qui permet aux entreprises nationales d’émettre des débentures convertibles ou des bons de souscription à des acheteurs qualifiés.


Être prudent
Bien que de nombreuses entreprises convoitent des occasions de restructuration en Inde et en Chine, la rapidité d’action est capitale pour le succès d’un tel investissement – or, aucun de ces deux pays n’est reconnu pour la rapidité de son processus de vente. En Inde, l’absence d’un code complet des faillites fait qu’il est difficile de procéder à une restructuration. Du côté de la Chine, bien qu’il y ait des lois qui s’appliquent à la faillite et à l’insolvabilité, la législation est encore nouvelle, l’application comporte des lacunes et le risque de responsabilité personnelle existe.
Cela dit, il n’en reste pas moins qu’il y a des occasions d’affaires. Comme le fait remarquer Brent Houlden, leader de la pratique des conseils financiers de Deloitte à Toronto, « les occasions d’investir dans des entreprises en difficulté sont plus nombreuses aux États-Unis qu’en Inde et en Chine, mais préférez vous investir dans un pays qui vit une récession économique ou dans un pays qui affiche une croissance du PIB de 7 %? »


Miser sur les occasions d’affaires à long terme
Malgré la vigueur apparente des économies indienne et chinoise, certains analystes se demandent s’il s’agit d’une tendance éphémère – surtout dans le cas de la Chine, dont la croissance est alimentée actuellement par des dépenses de stimulation de 600 milliards de dollars. La croissance se poursuivra t elle quand les liquidités injectées seront épuisées? Oui, répond Bob Kwauk, directeur général du bureau de Blakes à Pékin.
« Le redressement de l’économie chinoise a commencé bien avant le plan de stimulation et est alimenté par trois politiques principales – la hausse des prix des produits agricoles, qui laisse davantage d’argent entre les mains des agriculteurs et des collectivités rurales; la multiplication des prêts consentis par les banques chinoises, qui s’est traduite par plus de 1 billion de dollars US de nouveaux prêts bancaires au cours du premier semestre de 2009 (par rapport à 400 milliards de dollars US pour toute l’année 2008); la création d’un environnement propice aux investissements en infrastructure, qui favorisera l’exécution de nouveaux projets de construction pendant au moins deux à trois ans de plus. » Grâce à cette dernière politique surtout, les investissements en immobilisations corporelles en Chine ont progressé de 30 % depuis l’an dernier, et la croissance dans les régions du centre et de l’ouest dépasse celle des régions côtières et du sud. On constate également une hausse des investissements en infrastructure en Inde dont le dernier budget national identifiait des possibilités d’investissement de plus de 750 milliards de dollars US au cours des trois prochaines années.


Protéger sa propriété intellectuelle
Au cours de la dernière décennie, tant l’Inde que la Chine ont considérablement renforcé leur législation de la propriété intellectuelle. Les deux pays sont maintenant des signataires de l’Accord sur les aspects des droits de propriété intellectuelle qui touchent au commerce (ADPIC) de l’Organisation mondiale du commerce (OMC); cet accord fixe des normes internationales minimales pour la protection de la propriété intellectuelle. Toutefois, faire appliquer ces droits peut coûter beaucoup de temps et d’argent; il est donc essentiel de rédiger des contrats rigoureux, de conserver le contrôle financier et de prendre d’autres mesures commerciales créatives comme le maintien de retenues de garantie et la discussion de l’arbitrage des différends avant de conclure une transaction.


En Inde, il est possible d’obtenir assez rapidement une injonction en cas de violation de la propriété intellectuelle, mais d’après les statistiques de la Banque mondiale, l’obtention d’une date d’audience pour résoudre le conflit sous-jacent prend en moyenne plus de trois ans. En Chine, il est également possible d’obtenir une injonction de façon économique en vertu d’un processus administratif; toutefois, l’injonction n’est pas nécessairement accordée dans tous les cas et, quand elle l’est, elle ne s’applique que localement. Le système judiciaire fonctionne plus rapidement en Chine, mais il est à la fois coûteux et difficile de percevoir les dommages-intérêts accordés, le cas échéant. Comme solution de rechange, les entreprises peuvent réduire les violations de la propriété intellectuelle au moyen de l’application des mesures douanières à la fois dans le pays où se produit la violation (d’où les articles sont exportés) et dans le pays de destination (où les articles sont importés). Malgré les limites actuelles des régimes d’application de la propriété intellectuelle de la Chine et de l’Inde, leurs marchés sont tellement importants que les entreprises ne doivent pas les ignorer; il est donc essentiel qu’elles mettent au point une stratégie de protection de la propriété intellectuelle pour ces pays.

Gérer les risques

Faire des affaires dans un pays étranger quel qu’il soit peut comporter des risques, en particulier si on ne comprend pas les coutumes et la culture locales. En Inde et en Chine, par exemple, les entreprises sont souvent exposées à des risques d’affaires critiques de toutes sortes : obstacles logistiques, problèmes de ressources humaines, concurrence de la part de fabricants de biens sans nom, traitement fiscal imprévu, absence de normes d’affaires claires et, même, danger de corruption et de fraude. Voici ce que vous pouvez faire pour réduire ces risques :

  • Menez une vérification diligente complète – avant d’investir et sur une base permanente – pour avoir l’assurance que vos partenaires locaux continuent de respecter les modalités convenues de part et d’autre.
  • Rédigez les contrats de sorte qu’ils aient une force exécutoire maximale. Par exemple, il est extrêmement difficile sinon impossible de faire exécuter en Chine un contrat régi par le droit d’un pays étranger et assujetti à la compétence d’un tribunal non chinois. Le fait d’intenter des poursuites en vertu d’un contrat qui est assujetti au droit local et qui est rédigé dans la langue locale peut maximiser les chances d’obtenir un jugement contre une partie étrangère qui n’a pas d’actifs à l’extérieur de son pays.
  • Assurez-vous de conclure des contrats écrits et exhaustifs. Ne vous laissez pas contraindre à renoncer à des protections contractuelles pour le motif que la passation de contrat pour la fourniture de biens et services n’est pas la façon locale de faire des affaires en Chine.
  • Soyez conscient du fait que les contrats standards fournis par les administrations locales comprennent en général seulement l’information minimale requise par les instances d’approbation. Habituellement, il est possible de faire inclure dans ces contrats des modalités commerciales et juridiques clés.
  • Formulez vos contrats de sorte qu’ils soient faciles à traduire. Il vous faut donc passer en revue vos contrats standards pour vous assurer qu’il est possible de les traduire dans une langue chinoise ou indienne sans créer d’ambiguïté involontaire.
  • Ne vous fiez pas aux apparences. L’enquête menée récemment dans un cas de fraude dans l’entreprise indienne Satyam Computer Services Ltd. montre clairement que la fraude demeure un risque même dans des entreprises qui ont apparemment bonne réputation – donc, avant d’investir une recherche approfondie s’impose.

Demander conseil
Même si le fait d’investir en Inde et en Chine comporte d’énormes avantages, les risques sont considérables – surtout si vous tentez de le faire tout seul. Pour réussir, il est essentiel de pouvoir compter sur une équipe qui comprend des mandataires locaux et étrangers et d’assurer à vos gestionnaires locaux le soutien de tout le siège social. Par-dessus tout, assurez vous de travailler avec des spécialistes qui, en plus de bien connaître le pays, connaissent également votre industrie et vos objectifs d’affaires.
Pour en apprendre davantage sur la façon dont Deloitte et Blakes peuvent vous aider à tirer parti des occasions d’affaires en Inde et en Chine, veuillez communiquer avec votre conseiller local.

financialadvisory@deloitte.ca 
toronto@blakes.com 

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