Posted: 14 Apr. 2020 5 Temps de lecture

La récession du Grand Confinement; nous attendons impatiemment les annonces de demain

La mise à jour des perspectives économiques mondiales du FMI n’était pas une lecture très joyeuse : pas surprenante, seulement déprimante. Le FMI table sur une contraction de 3 % de l’économie mondiale en 2020, ce qui est beaucoup plus élevé qu’en 2008-2009. Cette projection de base présume que le Grand Confinement et l’endiguement atteindront leur apogée au deuxième trimestre de cette année. Cette année sera également la première fois depuis la Grande Dépression que les économies avancées et les marchés émergents connaîtront une récession en même temps. L’économie canadienne pourrait afficher une contraction qui serait le double de celle de la crise de 2008. Le FMI prévoit que le PIB chutera de 6,2 % en 2020, avec un rebond de 4,2 % en 2021.

Nous croyons que les prévisions du FMI sont réalistes, quoique plus négatives que les prévisions de notre scénario de base actuel. Il est bon de souligner que le FMI émet généralement des prévisions économiques plus conservatrices que sensationnelles. En fait, il a eu tendance à être soit moins optimiste, soit moins pessimiste que le consensus du secteur privé par le passé. Par conséquent, je trouve pertinent de faire remarquer qu’il est plus pessimiste que le consensus actuel, au chapitre de la croissance tant mondiale que canadienne.

Le FMI a également présenté deux autres scénarios défavorables. Cette approche cadre avec notre point de vue selon lequel les entreprises et les gouvernements devraient envisager des scénarios présentant diverses probabilités compte tenu du haut niveau d’incertitude qui domine dans la situation actuelle. Les autres scénarios indiquent un recul de 6 % de l’économie mondiale si la pandémie se prolonge, et une contraction de 8 % si elle perdure jusqu’à l’année prochaine. Ces scénarios concordent en grande partie avec les scénarios de rechange que nous avons élaborés.

Même si les prévisions et scénarios du FMI sont sombres, soulignons qu’il ne s’agit pas là de nouvelles informations. Nous savons tous que la contraction est importante. L’accent est maintenant sur la façon d’assouplir les restrictions lorsque la situation sanitaire le permettra. La principale question pour les décideurs politiques est de déterminer comment redémarrer l’économie. Prendrons-nous des mesures pour assouplir doucement le confinement, par exemple modifier la liste des entreprises essentielles pour permettre davantage d’activités? Ou pourrons-nous lever le confinement d’un coup? Comment lever le confinement dans certaines provinces dont la courbe est déjà plus infléchie par rapport à d’autres provinces plus touchées? Je crois que la réponse à toutes ces questions dépend de la mesure dans laquelle la contagion diminue et de la mesure dans laquelle des tests rapides et à grande échelle pourront être déployés. 

Le premier ministre Trudeau a suggéré que les activités économiques reprendront graduellement. Il a aussi indiqué que le gouvernement entend améliorer le Compte d’urgence pour les entreprises canadiennes et offrir de nouvelles mesures de soutien pour les loyers commerciaux des entreprises les plus touchées. M. Trudeau a mentionné les secteurs du tourisme, de l’aviation ainsi que du pétrole et du gaz parmi les secteurs que le gouvernement aidera. Nous disons depuis des semaines que des programmes gouvernementaux pour les secteurs les plus touchés sont en cours d’élaboration, mais cela prend du temps.

Demain sera un grand jour sur le plan économique. En effet, la Banque du Canada fera une annonce au sujet de sa politique et publiera le Rapport sur la politique monétaire. Nous ne prévoyons aucune nouvelle mesure de stimulation monétaire, mais la Banque pourrait profiter de l’occasion pour expliquer les mesures rigoureuses prises récemment. De plus, le Rapport sur la politique monétaire présentera les prévisions économiques de la Banque, ce qui sera fort intéressant compte tenu de l’éventail de projections faites par les prévisionnistes du secteur privé. Statistique Canada pourrait aussi publier des estimations préliminaires de la croissance économique par secteur pour le mois de mars. L’organisme de statistiques accélère la diffusion de ses communiqués économiques afin de mieux suivre l’évolution de la situation économique.

Je m’attends à ce que la Banque du Canada prévoie une contraction au premier trimestre et une chute de l’économie au deuxième trimestre, mais une reprise économique par la suite. C’est aussi ce que prévoient d’autres prévisionnistes. Si c’est le cas, l’accent sera mis sur l’ampleur de la contraction et sur la vitesse de la reprise. Les prévisionnistes du secteur privé s’entendent pour une contraction de 4 % en 2020. Il sera intéressant de voir si la Banque prévoit une contraction davantage de l’ordre de 6 % à l’instar du FMI. La nouvelle surprenante que Statistique Canada publiera de façon anticipée le PIB réel pour mars signifie que nous n’avons pas de consensus sur ce qu’il représentera. L’économie a enregistré une croissance de 0,1 % en janvier. Je m’attends un léger recul en février, mais à une forte baisse de près de 5 % en mars, alors que le confinement est entré en vigueur. Les profils sectoriels seront caractérisés par une faiblesse dans tous les secteurs, sauf ceux des services essentiels. Par exemple, les achats de grandes quantités dans les épiceries seront contrebalancés par une chute vertigineuse des dépenses de détail. Le secteur manufacturier et celui des ressources seront touchés par la récession mondiale. Toutefois, ce qui rend ce cycle unique, c’est la faiblesse dans le secteur des services, qui a été touché par le confinement.

Perspectives économiques

Un aperçu régulièrement mis à jour par les Services économiques de Deloitte qui fournit des commentaires de l’économiste en chef Craig Alexander sur les derniers événements qui façonnent les économies canadienne et mondiale, incluant la croissance économique, les investissements d’entreprises, le commerce et l’activité sur les marchés. Notre analyse vous donne les connaissances nécessaires pour régler les problèmes d’affaires actuels les plus difficiles.

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