Utilisation d’écosystèmes pour accélérer la fabrication intelligente

Depuis l’émergence généralisée de la COVID-19 au début de 2020, les fabricants ont connu des perturbations importantes, allant du déséquilibre de l’offre et de la demande à des arrêts de travail régionaux. De nombreuses initiatives de transformation numérique en cours ont été affectées, et ces obstacles ont aussi mis en lumière une autre préoccupation : le nombre substantiel d’entreprises qui, jusqu’à présent, hésitent à se plonger dans les technologies numériques et axées sur l’industrie 4.0, c’est-à-dire les développements en fabrication numérique visant à créer des « usines » intelligentes de systèmes interconnectés qui définissent la soi-disant quatrième révolution industrielle. Bon nombre de ces entreprises prudentes ont manifestement l’intention de faire partie de la vague de l’industrie 4.0, mais ne sachant pas comment ni par où commencer, elles ne seront pas en mesure de réaliser le potentiel de cette prochaine phase.

Plan de match pour l’adoption de l’industrie 4.0
La première étape pour que les entreprises progressent vers cette nouvelle méthode de fabrication interconnectée est de définir comment l’industrie 4.0 peut fonctionner pour elles. Une approche efficace consiste à envisager les mises à jour nécessaires ou souhaitées du point de vue des affaires plutôt que des technologies. Poser une série de questions pour clarifier la voie à suivre peut être utile à cette fin. Par exemple : « Que souhaitons-nous accomplir par suite de cette transformation? Quels types d’améliorations recherchons-nous, des produits ou des services de meilleure qualité, un débit accru, un meilleur service à la clientèle par exemple? Quels défis voulons-nous surmonter? » Chez Deloitte Canada, nous avons constaté qu’une excellente façon d’aborder la nécessité de la transformation numérique consiste à être ambitieux, mais réalistes, quant à ce qui peut être accompli et à la façon de procéder. Ce n’est qu’après une évaluation réfléchie que les leaders doivent commencer à considérer les écosystèmes numériques, c’est-à-dire les ensembles interconnectés de services numériques, comme un moyen de les aider à atteindre les objectifs de leur entreprise.

Ensuite, ils doivent se familiariser avec les technologies disponibles, y compris la façon de les intégrer à leurs modèles d’affaires. Pour ce faire, ils peuvent se concentrer sur les applications pratiques de ce nouveau cadre, notamment en déterminant les cas d’utilisation – c.-à-d. les besoins réels des clients et les scénarios pour y répondre – qui peuvent apporter le plus de valeur à leur organisation. Il est prudent de commencer par les petits ajustements qui promettent d’offrir la plus grande valeur à ces nouvelles usines intelligentes proposées. Il est également essentiel de privilégier les solutions aux défis et aux besoins les plus pressants et les plus cruciaux. Afin de recueillir les données nécessaires à la mise en œuvre de technologies intelligentes, il est utile pour les leaders d’évaluer comment leur entreprise utilisera les systèmes et l’architecture et en tirera parti, c’est-à-dire d’évaluer quels systèmes numérisés seront nécessaires et comment ils pourraient être utilisés dans leur ensemble pour profiter à l’entreprise. Encore une fois, il y a lieu de poser des questions précises pour atteindre ces objectifs, notamment : « Comment voulons-nous obtenir des données, par exemple à partir de machines ou de chaînes de fabrication? Quels systèmes nous permettront de le faire, et comment ces systèmes devraient-ils être organisés et connectés? Comment pouvons-nous utiliser ces données nouvellement obtenues à notre avantage, p. ex. pour améliorer la qualité, le débit et le rendement? »

Trouver de la valeur dans les écosystèmes
Il peut être profitable pour les entreprises ayant des objectifs d’affaires communs de faire équipe en tant que membres d’un écosystème numérique partagé. Par exemple, les organisations du secteur de la fabrication pourraient collaborer avec celles des domaines du matériel, des logiciels, de la cybersécurité et de l’infonuagique dans le but de fournir à chacune les outils nécessaires pour surmonter ses défis d’affaires particuliers. Ce genre de collaboration peut également aider les sociétés membres à établir et à consolider les relations avec les fournisseurs au sein de l’alliance. Bien sûr, à mesure que les écosystèmes deviennent plus complexes, la coordination et la communication entre les acteurs prennent encore plus d’importance. La cybersécurité, elle aussi, devient essentielle, avec l’expansion des actifs, des systèmes et même des membres, souvent au-delà de leur configuration traditionnelle initiale.

Comment l’industrie 4.0 peut aider
Ces dernières années, les entreprises manufacturières ont investi beaucoup de temps et d’efforts dans les outils Lean Six Sigma, qui visent à simplifier les processus et à améliorer la qualité globale de la production pour un meilleur résultat net. Cependant, même si ces outils ont permis de réaliser des améliorations importantes et les profits qui en découlent, ils n’offrent pas de gains illimités. L’adoption de systèmes numériques et des technologies émergentes est essentielle pour que l’entreprise évolue vers les niveaux sectoriels suivants.

Ce type de transformation continue est important parce qu’une approche numérique plus intégrée peut contribuer à offrir des solutions de réduction des coûts novatrices aux défis actuels liés à la main-d’œuvre, contribuant ainsi à créer de la valeur pour l’entreprise. Par exemple, face à une main-d’œuvre vieillissante et à une génération émergente qui ne se contentera pas d’assumer les tâches désuètes de ses aînés, les entreprises manufacturières auraient avantage à adopter un ensemble groupé de stratégies et de procédures numériques pour rationaliser leurs futurs lieux de travail. Cependant, bien que la plupart des fabricants canadiens aient investi du temps, des efforts et des ressources pour tenir compte d’une poignée de besoins des clients et créer des scénarios de technologie intelligente pour y répondre, y compris les entreprises qui se concentrent sur la gestion du rendement et des actifs d’usine intelligente, la consommation et la gestion de l’énergie, ainsi que l’exploration et la détection de la qualité, seulement une minorité d’entre eux ont avancé dans ces processus. En fait, plus de 40 % ont complètement suspendu¹ leurs investissements dans ce domaine pendant qu’ils évaluent l’incidence de la pandémie sur les avantages relatifs de tels remaniements. Plus important encore, bien que le passage des initiatives de fabrication intelligente aux écosystèmes soit la clé pour libérer et maximiser la valeur intrinsèque de la technologie, seulement 5 % des entreprises canadiennes² utilisent actuellement ces types d’approches écosystémiques. Étant donné que les fabricants recueillent des données opérationnelles depuis un certain temps, la prochaine étape logique consiste à adopter des écosystèmes de fabrication intelligente afin de tirer de la valeur des données obtenues. En fin de compte, la mise en place de systèmes infonuagiques interconnectés pourrait permettre aux entreprises de réussir, dans un contexte réaliste, à exploiter et libérer le plein potentiel de l’apprentissage machine et de l’intelligence artificielle.

Conclusion
Il est temps que les leaders canadiens des secteurs des produits industriels et de la fabrication fassent les investissements ciblés nécessaires dans des initiatives de fabrication intelligente qui permettront à leurs organisations de prospérer au-delà de la pandémie, dans la prochaine normalité. De plus, grâce à l’aide et à l’encouragement des programmes fédéraux et provinciaux, les entreprises peuvent commencer à s’orienter vers l’innovation numérique.

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¹ DELOITTE, Using ecosystems to accelerate smart manufacturing: A regional analysis, février 2021
² DELOITTE, 2020 Deloitte and MAPI Smart manufacturing ecosystems study, consulté le 24 février 2021