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Perspectives

COVID-19 : La planification financière pour la retraite en période de ralentissement

Vendre ou ne pas vendre

L’incidence de la COVID-19 sur le rendement des marchés boursiers amène de nombreux retraités et ceux qui approchent de la retraite à remettre en question leur stratégie d’investissement. Mais quelle est la bonne approche?

Cas de COVID-19, pertes d’emplois, crise pétrolière… Chaque journée amène un flot incessant de nouvelles, et nous avons le réflexe de réagir pour protéger ce que nous avons. L’incertitude qui règne sur les marchés boursiers nord-américains, qui ont chuté de plus de 30 % par rapport à leurs derniers sommets historiques, impose aux retraités canadiens et à ceux qui approchent de la retraite un choix difficile : vendre ou ne pas vendre? Ce stress financier peut également avoir une incidence sur le choix du moment de prendre sa retraite.

La volatilité des marchés boursiers ne signifie pas nécessairement que les investisseurs doivent réévaluer la date de leur retraite ni le train de vie qu’ils avaient envisagé pour leurs vieux jours. Il convient en effet de rappeler qu’en général, la planification de la retraite et la planification financière ne sont pas des exercices qu’on effectue une fois pour toutes : elles évoluent et elles doivent être révisées régulièrement. Les investisseurs qui détiennent un portefeuille diversifié d’actions directement, ou indirectement par l’intermédiaire d’un compte géré, d’un fonds commun de placement ou d’un fonds négocié en bourse, ne doivent pas oublier que le marché boursier lui-même ne tombera pas à zéro. Une analyse des marchés baissiers antérieurs effectuée par Invesco montre que, depuis 1957, le marché baissier moyen a duré un peu moins de 12 mois et que la perte moyenne a été de 34 % [1]. Au début de la Grande Dépression en 1929, il a fallu 30 jours pour que les actions américaines chutent de 20 % et qu’on entre dans un marché baissier. En comparaison, le ralentissement actuel s’est confirmé en seulement 16 jours, ce qui en fait le marché baissier le plus rapide de l’histoire du S&P 500.

Révision des stratégies d’investissement

Dans ce contexte, la COVID-19 met en évidence deux aspects essentiels de la répartition de l’actif. Premièrement, l’évaluation de la tolérance au risque est particulièrement importante pour s’assurer que les investisseurs ne prennent pas plus de risques qu’ils ne peuvent en assumer en cas de ralentissement du marché boursier. Il est difficile d’anticiper les baisses du marché boursier, et les investisseurs ne devraient pas reprocher à leurs conseillers en placement de ne pas avoir su éviter les pertes connexes. Ce mois-ci aura été un bon test pour déterminer le niveau initial d’exposition aux actions qui convient à chaque investisseur. Il est important que cela fasse partie des discussions que les clients vont s’empresser d’avoir avec leurs conseillers à la suite de la crise.


[2] Sondage AITE (T2 2019)

Deuxièmement, si la vigueur des marchés boursiers en 2019 a fait grimper la pondération des actions au sein des portefeuilles des investisseurs, ceux-ci auraient dû aussi vendre des actions pour maintenir leur répartition cible. De même, à mesure que les actions chutent, une gestion prudente devrait se traduire par l’achat d’actions pour rééquilibrer son portefeuille, et non par des ventes comme on pourrait être tenté de le faire. Il peut sembler contre-intuitif d’acheter des actions quand les marchés s’écroulent et de les vendre quand ils montent, mais le rééquilibrage effectué en achetant quand les cours sont bas et en vendant quand ils sont élevés peut aider les investisseurs à prendre des décisions d’investissement rationnelles, non fondées sur leurs émotions.


[3] Strategic Insight, « Canadian Investment Funds Industry: Recent Developments and Outlook »

Les répercussions économiques de la pandémie de COVID-19 renforcent aussi l’importance de l’horizon temporel dans la planification financière des retraités. Les retraités récents ou ceux qui seront bientôt à la retraite seront inquiets de voir leur portefeuille perdre de la valeur à l’aube de la prochaine étape de leur vie; mais ils doivent tenir compte d’un point important, à savoir quelle est la part de leurs investissements dont ils auront besoin au cours de la prochaine année. Un retraité récent ne devrait idéalement pas retirer plus de 5 % de son portefeuille chaque année, sous réserve de circonstances personnelles particulières. Cela est particulièrement important pendant les années de recul du marché, quand le portefeuille a été touché, et devrait amener un investisseur à réévaluer les voyages et les acquisitions de biens immobiliers qu’il avait prévus.

Pour les investisseurs qui approchent de la retraite, la bonne nouvelle est qu’ils n’auront probablement pas besoin de l’argent investi dans leur portefeuille au cours des prochaines années. Même après leur retraite, ils n’auront peut-être besoin de retirer qu’une petite partie de leur investissement au cours des premières années. Les retraités qui possèdent des fonds enregistrés de revenu de retraite (FERR) peuvent aussi se réjouir de l’annonce récente du gouvernement fédéral qui a réduit les retraits minimaux de 25 % pour 2020, à titre temporaire [4]. Avant que les investisseurs n’abandonnent leurs plans financiers à long terme, les conseillers doivent leur rappeler que maintenir le cap est ce qu’il y a de mieux pour planifier leur retraite. Ce n’est pas notre premier marché baissier, et si l’histoire nous a appris une chose, c’est que le marché repartira à la hausse.


[5] Agence de la consommation en matière financière du Canada, « Les Canadiens et leur argent : Principales constatations de l’enquête canadienne sur les capacités financières de 2019 »

Quant aux conseillers, ils doivent se rappeler que la COVID-19, ainsi que la récession qu’elle entraîne, ne feront qu’exacerber l’anxiété et l’aversion aux pertes de leurs clients. Ceux-ci veulent être rassurés quant à leurs investissements, alors qu’ils sont peut-être déjà tombés dans la spirale dangereuse de l’information en continu, des médias sociaux et des mises à jour d’heure en heure sur l’état des marchés et la propagation du virus. Cela pourrait en amener certains à croire qu’ils doivent agir immédiatement. Les personnes qui approchent de la retraite doivent être encouragées à consulter un planificateur financier et à moins se fier aux conseils d’amis, de membres de leur famille ou d’internet. Pour reprendre les termes de David Lewis, chef de la clientèle chez BEworks, à Toronto, « l’investisseur moyen n’a pas l’expertise nécessaire pour distinguer les mauvais conseils des bons conseils ». Il souligne d’ailleurs que l’internet compromet la notion d’expertise et fournit une tribune à toute personne qui a une opinion [6].

Que doivent donc faire les conseillers? J’aime le conseil de Craig Basinger, chef des placements chez Richardson GMP à Toronto, qui dit que les conseillers ont une occasion unique d’aider leurs clients qui vont prendre sous peu leur retraite à devenir des consommateurs de nouvelles plus intelligents : en particulier, ils devraient encourager les clients à écouter des points de vue opposés afin d’atténuer leur biais de confirmation et décourager les ventes de panique [7].

Bien que nous naviguions actuellement en eaux troubles, l’occasion d’offrir de meilleurs conseils aux clients représente la meilleure bouée de sauvetage que nous puissions tendre. Si nous y arrivons, non seulement nous les aidons maintenant, mais nous les outillons pour un avenir meilleur.

[1] https://www.moneysense.ca/columns/ask-a-planner/what-should-retirees-do-with-their-investments-amid-covid-19/

[2] Sondage AITE (T2 2019) auprès de 400 conseillers américains

[3] https://www.ific.ca/wp-content/uploads/2019/06/Strategic_Insight_Canadian_Investment_Funds_Industry_Recent_Developments_and_Outlook-2019.pdf/22469/

[4] https://www.investmentexecutive.com/news/industry-news/feds-announce-relief-for-retirees-drawing-down-rrifs/

[5] https://www.canada.ca/content/dam/fcac-acfc/documents/programs/research-surveys-studies-reports/enquete-canadienne-capacites-financieres-2019.pdf

[6] https://www.advisor.ca/my-practice/conversations/client-coaching-for-the-24-hour-news-cycle/

[7] https://www.advisor.ca/my-practice/conversations/client-coaching-for-the-24-hour-news-cycle/

 

Ressource

Matthew McWhirter 
Directeur principal, Consultation
Tél : 416-775-8642

Peyman Pardis
Directeur leader transformation de wealth
Deloitte Canada
Tél : 416-354-1014

Kamal Virk
Conseiller principal, Consultation
Tél : 416-830-1371

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