covid-19-afrique-economie-social

Etude

Les opinions publiques africaines face à la crise du Covid-19 

Le cabinet Deloitte, l’institut de sondage OpinionWay et l’agence conseil 35°Nord présentent les résultats du premier sondage réalisé en Afrique sur la perception de la pandémie de Covid-19. Intitulée « Les opinions publiques africaines face à la crise du Covid-19 », cette étude met en évidence en premier lieu une forte inquiétude quant aux conséquences économiques et sociales, en plus des craintes liées à la propagation du virus et ses conséquences sanitaires, tout en témoignant une confiance forte dans l’action des gouvernements en réponse à la crise et en soutien aux économies et aux populations.

Cette étude a été réalisée dans huit pays (Afrique du Sud, Algérie, Côte d’Ivoire, Égypte, Éthiopie, Maroc, République Démocratique du Congo, Nigeria) auprès de 4 017 personnes - 500 en moyenne par pays – représentatives de la population âgée de 18 ans et plus, entre le 2 et le 14 mai 2020.

 

Alors que le niveau d’inquiétude concernant la contamination par le coronavirus est de 81 % (64 % sont très inquiets et 17 % assez inquiets), 60 % des personnes interrogées estiment que la situation économique de leur pays va se dégrader et 12 % qu’elle ne va pas changer, pendant que le continent est depuis une vingtaine d’années sur une dynamique de croissance économique soutenue et de confiance en l’avenir. 53 % anticipent également une détérioration de la situation de leur entreprise ou de leur situation professionnelle. De plus, 54 % des personnes interrogées redoutent un affaiblissement de leur situation financière personnelle. Les individus disposant des plus faibles revenus sont plus enclins à penser que leur situation financière professionnelle va se dégrader (59 % contre 49 % pour ceux dont les revenus sont les plus élevés), à l’instar de ceux habitants en zone rurale (60 % contre 49 % en zone urbaine).

 

L’inquiétude sur la situation économique est inférieure à celle évaluée en France à 88 % et en Italie à 76 % par exemple. Cela témoigne d’un sens des responsabilités et d’une résilience africaine remarquables alimentées notamment par la réactivité de nombreux gouvernements africains qui au-delà des mesures de protection sanitaires précoces ont su rapidement mettre en place des plans de soutien aux économies et d’accompagnement social des populations. Dans cette crise l’Afrique démontre son intelligence collective dans la coopération et la mobilisation de l’ensemble des acteurs et des ressources. Les enjeux sont considérables, en matière de finances publiques comme sur le plan humain, déclare Brice Chasles, Managing Partner Afrique francophone chez Deloitte 

 


L’Afrique a l’opportunité d’accélérer les transformations engagées avec comme principales priorités :

  • le renforcement des systèmes de santé ; 
  • la poursuite de la transformation digitale ; 
  • une urbanisation plus résiliente et durable ; 
  • le développement de filières agricoles, industrielles et de services compétitives et autosuffisantes ; 
  • l’inclusion sociale et financière du secteur informel ; 
  • ainsi que rendre effective et opérationnelle l’intégration régionale et panafricaine.



En dépit de la réactivité des gouvernements, des inquiétudes très précises sur les conséquences de la crise se dessinent néanmoins. Ainsi, 54 % des personnes interrogées redoutent une crise alimentaire et 84 % une augmentation de la pauvreté. Ainsi, 82 % des personnes interrogées en Afrique du Sud jugent ce risque « important » (dont 56 % « très important »), 78 % au Nigeria (68 % « très important »), 63 % en Côte d’Ivoire, 66 % en Éthiopie et 59 % en RDC. Ces craintes portent essentiellement sur des denrées de première nécessité comme le riz (23 %), la farine (17 %), les légumes (13 %), ou l’huile (11 %).

Pour Hugues Cazenave, président d’OpinionWay, « Le spectre d’un retour des émeutes de la faim, comme en 2008 dans certains pays, contribue probablement à renforcer ces inquiétudes et à majorer ces résultats. Ces préoccupations traduisent des problèmes économiques très concrets engendrés par cette pandémie. Enfin, la confiance accordée aux différents gouvernements africains contraste singulièrement avec la situation mesurée en France ».

L’étude Deloitte OpinionWay 35°Nord confirme également un fort niveau d’adhésion aux mesures de prévention (82 % pour le confinement, 81 % pour le couvre-feu) et de confiance envers les gouvernements (81%) « pour limiter les effets de l’épidémie ». Le gouvernement qui inspire le plus confiance est au Maroc (97 % dont 66 % « tout à fait confiance »), suivi de la Côte d’Ivoire (89 %), l’Afrique du Sud (88 %), la République Démocratique du Congo (89 %). À titre de comparaison, le gouvernement français bénéficie seulement de la confiance de 39 % des sondés dans une enquête similaire effectuée par OpinionWay.


 

Les gouvernements africains bénéficiant des taux de confiance les plus élevés ont été très actifs en termes de communication aussi bien vers leurs partenaires internationaux qu’auprès des populations. En engageant directement le dialogue avec leurs citoyens, certains États africains ont réussi à ce que la pandémie soit prise en main à la fois par les gouvernants et les gouvernés, et cela transcende pour l’instant les clivages ou crispations politiques que l’on peut parfois observer sur le continent, explique Philippe Perdrix, associé chez 35°Nord

Retrouvez les principaux résultats de l'étude :

Les opinions publiques africaines face à la crise du Covid-19