Communiqué de presse
Activité M&A des PME suisses : la tendance à la hausse s’est poursuivie après une année record – perspectives plutôt mitigées
Zurich/Genève, 17 août 2022
Le nombre de fusions et acquisitions des petites et moyennes entreprises (PME) suisses a de nouveau atteint un record au cours du premier semestre 2022. Selon la nouvelle étude Deloitte MidCap-M&A, 133 PME ont acheté d’autres entreprises ou ont été elles-mêmes achetées, contre 117 PME pendant le premier semestre 2021 et 116 PME au cours du deuxième semestre 2021. L’instabilité économique et géopolitique dans le monde sont des facteurs clés qui affectent l’environnement des transactions et qui pourraient freiner l’appétit des PME suisses en matière d’acquisitions dans la seconde moitié de 2022.
Au cours du premier semestre 2022, la Suisse a connu une progression historique de l’activité M&A impliquant ses PME. Au total, 133 transactions ont été réalisées, ce qui représente clairement le nombre le plus élevé de transactions par semestre depuis la première publication de l’étude Deloitte MidCap-M&A en 2013. L’activité M&A inbound a augmenté d’un quart, atteignant un nouveau sommet à raison de 59 transactions. Et le nombre d’opérations transfrontalières (99 transactions) correspond également à la valeur la plus haute enregistrée depuis le lancement de l’étude Deloitte MidCap-M&A.
L’intensité du niveau de l’activité M&A est due à différentes raisons : « Le recul des valorisations pour les acquéreurs, des coûts de financement toujours favorables en Suisse, et la force du franc ont rendu attrayant le rachat d’entreprises étrangères et ont alimenté la frénésie des transactions impliquant les PME suisses », explique Jean-François Lagassé, associé Financial Advisory et Responsable du secteur des services financiers chez Deloitte Suisse. En revanche, les transactions purement domestiques ont à nouveau accusé un léger repli avec une baisse de près de onze pour cent.
Les acheteurs de PME suisses viennent surtout d’Europe
En Suisse, au cours du premier semestre 2022, 93 PME ont été achetées. La majeure partie des acheteurs étrangers ont été des entreprises européennes (61%) et nord-américaines (29%). Depuis longtemps déjà, les États-Unis et l’Allemagne sont les plus importants pays qui investissent en Suisse ; statistiquement, 34 pour cent des investissements proviennent des Etats voisins de la Suisse. Jean-François Lagassé, expert de Deloitte en matière de fusions et acquisitions, explique que cela est dû principalement à la robustesse de l’économie suisse ainsi qu’au haut degré de spécialisation de nombreuses PME suisses, leaders mondiaux dans leur niche.
Dans le même temps, les PME suisses ont acheté le plus souvent des entreprises basées en Europe (85%). Les autres transactions concernent, pour l’essentiel, des sociétés nord-américaines. Près de 40 pour cent des acquisitions concernent des entreprises basées dans les pays voisins, étant précisé qu’à elle seule, l’Allemagne est à l’origine de 27 pour cent des transactions. Bon nombre de PME suisses préfèrent acquérir des sociétés étrangères dans le secteur industriel. Les entreprises du secteur de la santé et des branches TMT, deux secteurs qui ont profité de la crise du COVID-19, continuent également à être très appréciées par les PME suisses.
Activité M&A soutenue malgré des vents contraires
En raison de l’inflation qui continue à sévir, de la hausse des taux d’intérêts, de l’augmentation des coûts de financement, de la guerre en Ukraine et de la crainte grandissante d’une récession, l’activité M&A mondiale a déjà fortement ralenti pendant l’année en cours. Du point de vue mondial, le grand optimisme s’est donc évaporé, comme le précise Jean-François Lagassé.
En revanche, pour la Suisse, il estime que les perspectives générales restent positives, même si moins optimistes qu’au début de l’année. Depuis lors, de nombreux risques liés à la guerre en Ukraine et leurs multiples répercussions sur l’économie mondiale sont venus s’y ajouter. « L’incertitude est un poison pour les fusions et acquisitions : les reculs des valorisations boursières, les ruptures dans les chaînes d’approvisionnement et la hausse des coûts des matières premières, des biens primaires et des prestations de services pèsent sur de nombreuses entreprises, et encore plus fortement à l’échelle mondiale qu’en Suisse. Toutes ces raisons sont à l’origine d’une baisse du niveau mondial de l’activité M&A et d’un potentiel appétit réduit des PME suisses pour des acquisitions pendant le deuxième semestre », explique Jean-François Lagassé.
La baisse de valorisation des entreprises offre des opportunités d’achat avantageuses
Après que de nombreuses banques centrales ont décidé de relever leurs taux d’intérêts pour combattre l’inflation, le financement des acquisitions est devenu plus cher et plus risqué. Mais sous l’effet de la hausse des coûts du capital, de nombreuses valorisations d’entreprises ont elles aussi baissé : il en résulte des opportunités d’achat tant pour des fonds d’investissement qui disposent d’importantes réserves de liquidités que pour des entreprises financièrement solides. La dépréciation de nombreuses monnaies comme l’euro ou la livre britannique par rapport au franc suisse rend les entreprises étrangères plus attrayantes pour les entreprises suisses.
À propos de l’étude
Dans l’étude semestrielle de Deloitte sur l’activité M&A des PME suisses, les transactions de fusions-acquisitions des petites et moyennes entreprises suisses ont été examinées sur une période allant du 1er janvier au 30 juin 2022. Pour correspondre à la définition des PME selon Deloitte, les entreprises doivent avoir : un chiffre d’affaires de plus de 10 millions de francs suisses, moins de 250 employés, et une capitalisation boursière comprise entre 5 et 500 millions de francs suisses.
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