Communiqués de presse
Et si adopter l’état d’esprit d’un fonds activiste était le meilleur moyen d’y résister ?
Paris La Défense, 23 janvier 2019
Au cours des dernières années, les fonds activistes, qui se sont fait une spécialité de mettre publiquement la pression sur des groupes qu’ils jugent peu performants, sont passés d’un particularisme américain à un phénomène. Mieux préparés que jamais, ces nouveaux acteurs exploitent la moindre faiblesse dans la structure de la société ciblée, allant jusqu’à courtiser et influencer en amont les actionnaires institutionnels dits « passifs », afin qu’ils votent les décisions-clés en faveur de leur projet le moment venu. Leur seule motivation : maximiser leur rendement !
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Les fonds activistes : un phénomène durable et désormais mondialisé
La réussite aux Etats-Unis des fonds activistes a encouragé ces derniers à développer leur présence en Europe et en Asie aux côtés de fonds locaux qui appliquent la même approche. Les campagnes d’activistes sur des grands groupes hors USA représentent en 2018 près de la moitié du total mondial, contre moins d’un tiers en 2014.
En Europe, ces fonds devraient croître de manière significative dans les prochaines années. Outre le niveau de valorisation moins tendu des bourses européennes, ces fonds sont paradoxalement attirés par le renforcement par l’UE des règles de gouvernance permettant de rendre les entreprises plus transparentes.
Par ailleurs, comme l’abondance de liquidités sur les marchés mondiaux a réduit le rendement de la dette et du capital, les investisseurs institutionnels plus passifs soutiennent plus fréquemment les campagnes de fonds activistes pour augmenter le rendement de leurs propres placements en actions. De plus, ces nouveaux acteurs n’hésitent pas à exploiter la faiblesse de la structure du capital de certaines entreprises.
L’approche pratique des fonds activistes
Les fonds d’investissement s’intéressent en priorité à des grands groupes (capitalisation boursière supérieure à 10Md$) car plus la cible est importante et plus le potentiel d’obtenir un retour sur investissement est grand, compte tenu notamment du coût élevé des campagnes.
Trois secteurs sont aujourd’hui particulièrement visés par les fonds activistes : les services financiers, la grande consommation, l’énergie & les ressources.
Pour évaluer la performance des entreprises visées, les fonds activistes recourent à une multitude de paramètres (benchmarks, analyses de marges, rendement des actionnaires sur 1, 3, 5 voire 10 ans, etc) et une bonne dose de scepticisme. Parmi les entreprises dont la gestion leur paraît inadaptée, ils choisissent des cibles dont le changement profitera d’abord aux actionnaires ce qui permet de s’assurer leur soutien pour partie et de surmonter l’accueil mitigé du management ; de plus, ils initient des campagnes avec une stratégie claire pour convaincre le conseil d’administration d’accéder à leurs demandes.
La solution pour résister : devenir son propre activiste
La principale force des activistes est d’avoir un regard extérieur sur l’entreprise cible. Dénués de préjugés et sans affect, ils adoptent une démarche purement analytique et calculatoire et pointent les opportunités d’amélioration restées inexploitées de l’entreprise.
Selon Jean-Philippe Grosmaitre, Associé, M&A Opérations chez Deloitte : Pour résister à la pression que font peser les fonds activistes, il peut être pertinent pour la direction de l’entreprise d’adopter leurs techniques et d’identifier les enjeux d’amélioration qui pourraient mener à des polémiques publiques coûteuses si rien n’est fait. Cela lui permettra d’anticiper certaines exigences légitimes de création de valeur pour l’actionnaire tout en intégrant aussi les autres parties prenantes.
Deloitte a identifié 9 points clés sur lesquels l’entreprise doit s’interroger :
1. Rendement pour l’actionnaire : est-il faible ou suffisant par rapport à la performance des concurrents ?
2. Structure du capital : est-elle complexe ou surendettée ? Ouvre-t-elle la voie à une entrée des activistes pour revenir à des standards de marché ?
3. Positionnement commercial : les niveaux de croissance, de part de marché, de prix et de marge sont-ils de nature à remettre en cause le positionnement commercial ?
4. Décote de holding : le total des valorisations des activités prises séparément est-il supérieur à la valeur de l’entreprise ?
5. Performance des activités : certaines montrent-elles de faibles marges, de croissance ou de rendements ?
6. Potentiel opérationnel : quelle rentabilité maximale peut-on espérer via un changement structurel, des réductions de coûts ou encore une productivité accrue ?
7. Utilisation de la trésorerie : est-elle suffisamment astucieuse pour une efficacité opérationnelle optimale ?
8. Plan de création de valeur : quels sont les objectifs de l’entreprise dans ce domaine ? Comment sont-ils quantifiés, communiqués et suivis avec les investisseurs ?
9. Composition du conseil d’administration et gouvernance : des changements sont-ils requis pour veiller à l’exécution de la stratégie de l’entreprise ?
C’est en démontrant leur capacité à mettre en œuvre un plan de création de valeur convaincant pour l’actionnaire et les autres parties prenantes, que le conseil d’administration et le management seront en mesure de devancer les fonds activistes, conclut Vincent Batlle, Chief Operating Officer de Deloitte en France.
Méthodologie
L’analyse est basée sur les données de Activist Insight qui suit les investissements, les performances et les actualités de plus de 2300 activistes à l’échelle mondiale.
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