Communiqués de presse
Africa CEOs Survey 2020
Une crise du Covid-19 qui accélère des transformations structurelles déjà engagées sur le continent
Paris, le 23 septembre 2020
Nous publions aujourd’hui la 2ème édition de son Baromètre Africa CEOs Survey, en partenariat avec l’Africa CEO Forum. Mené auprès de plus de 200 CEO africains entre les mois de mars et mai 2020, ce Baromètre permet d’analyser et de restituer la situation actuelle du secteur économique africain ainsi que la vision de ses dirigeants. Dans un contexte marqué par une année de transition politique dans plusieurs pays et une crise sanitaire sans précédent, l’étude interroge les dirigeants africains sur 6 thématiques – stratégie, gouvernance, finance, innovation, impact et talents – et propose en introduction un focus sur la crise Covid-19 et ses effets.
Focus Covid-19
Au-delà de l’impact sanitaire et économique qui pèse sur le moral à court terme des populations et des dirigeants des entreprises africaines, la crise Covid-19 révèle la résilience de l’Afrique et accélère les transformations structurelles engagées depuis plusieurs mois : coopération et intégration économique, digital, progression de la gestion des risques et de la gouvernance, financements alternatifs, émergence d’une responsabilité sociétale et environnementale, développement des talents, explique Brice Chasles, Managing Partner de Deloitte Afrique.
Baisse de l’activité et impact sur le moral des dirigeants
Passant de 80% à 25%, l’optimisme des dirigeants du secteur privé africain pour l’année 2020 a été fortement impacté par la crise Covid-19. En effet, 95% des entreprises africaines affirment avoir subi un impact négatif sur leur chiffre d'affaires, bien que l’amplitude diffère suivant les industries. S’agissant des secteurs Consumer, Financial Services et Énergie, les répondants les plus optimistes avant la crise, ils sont aujourd’hui ceux qui ont connu le changement de point de vue le plus drastique, devenant ainsi les plus pessimistes. A contrario, les secteurs Agro-industrie, Santé et Education ont été les moins affectés par l’impact du Covid-19. Les dirigeants d’entreprises africaines affichent néanmoins un niveau de confiance élevé quant à un retour à la normale d’ici courant 2021.
Priorité à la santé et à la continuité des opérations
En termes de mesures d’urgence, les dirigeants d'entreprises africaines ont généralement donné la priorité à la santé des employés et à la continuité des opérations via le télétravail ; la problématique de financement venant en 3ème position.Accélération du digital et modernisation de l’économie.
Pour 98% des dirigeants, la crise Covid-19 conduit à une accélération de l’importance du digital dans leurs opérations et dans la modernisation de l’économie. Les évolutions structurelles qui sont également citées par ordre d’importance décroissante : le déploiement large du télétravail au sein des organisations, un plus grand investissement des entreprises dans la santé, les restrictions en matière de déplacement, la modification des chaînes de valeur au niveau mondial et un changement profond dans les modes de consommation.
L’enjeu est d’intensifier la coopération public-privé au sein d’écosystèmes viables pour permettre au « business model africain » naissant de changer d’échelle et de contribuer encore plus fortement au développement économique du continent, poursuit Brice Chasles, Managing Partner de Deloitte Afrique.
Harmonisation et consolidation de l’écosystème africain : un chantierprioritaire pour l’Afrique
Les chefs d’entreprise africains sont de plus en plus confiants dans le développement économique du continent à long terme (80% des répondants en 2020 contre 73% en 2019), tout en considérant qu’un ralentissement économique mondial impactera négativement leurs opérations domestiques (59%). L’unification économique du continent est vue comme l’opportunité́ majeure des années à venir, dont la mise en œuvre opérationnelle nécessitera une coopération public-privé. En effet, au côté des pouvoirs publics, les acteurs privés se veulent le moteur du développement africain, en portant de manière proactive des solutions concrètes à des problématiques locales identifiées.Des incertitudes demeurent toutefois sur les perspectives à court terme du continent, notamment à cause de la crise sanitaire et des prochaines échéances électorales. La perception de la situation politique par les acteurs du privé est contrastée et traduit des disparités entre pays et régions qui se retrouvent également sur le plan économique, renforçant la nécessité de coopération et d’harmonisation à l’échelle du continent.La Côte d’Ivoire, le Kenya, le Ghana, le Sénégal et le Rwanda sont les pays les plus attractifs aux yeux des investisseurs étrangers.
Les freins à l’accélération des stratégies
Le climat des affaires (pour 50% des répondants) et l’état des infrastructures (30%) sont les principaux freins à l’accélération des stratégies des entreprises africaines. 93% des répondants estiment que les recommandations du secteur privé ne sont pas assez prises en compte par les pouvoirs publics alors qu’ils se veulent moteur dans le développement et le changement d’échelle du continent, poussant la croissance et la diversification de leurs entreprises.
Des entreprises soucieuses d’améliorer leur gouvernance
Les entreprises africaines progressent dans la prise de conscience et la gestion des risques (41% des répondants déclarent avoir un niveau de maturité avancé du sujet) et sont de plus en plus soucieuses d’améliorer leur gouvernance. Les chefs d’entreprises s’avèrent de plus en plus conscients des risques qui menacent leurs groupes, et de mieux en mieux préparés. On observe aussi une prise de conscience croissante du caractère stratégique de la gouvernance avec des conseils d’administration qui comptent de plus en plus de membres indépendants (66% ont au moins 1 membre indépendant) même s’il existe encore une marge de progression par rapport aux standards internationaux.La féminisation des organisations est une tendance de fond, qui se traduit plus par la féminisation des effectifs que par celle des conseils d’administration. Celle-ci est d’ailleurs en léger recul par rapport à l’an dernier (30% n’ayant aucune administratrice).
La nécessité d’amplifier les solutions de financement adaptées et innovantes pour les entreprises et les ménages
Le niveau de maturité́ de l’écosystème financier limite encore le potentiel de croissance des entreprises qui sont de plus en plus attirées par les solutions apportées par le private equity (18% des dirigeants en 2020 à comparer à 9% en 2019) qui reste plutôt perçu comme une source de financement (49%) plutôt qu’un levier de création de valeur (28%).L’écart entre les besoins de l’économie africaine et l’offre de financement actuellement disponible met en lumière la nécessité de mettre en place des solutions et des mécanismes de garantie et de financement alternatifs (fonds de garantie, assurance de recouvrement, développement des fonds locaux et du capital de proximité, titrisation, introduction en bourse…).L’enjeu du développement de l’économie par l’amélioration de l’accès au financement passera également nécessairement par un assouplissement de l’accès au crédit des consommateurs, permettant de stimuler la consommation des ménages et leur investissement dans les biens d’équipement – la politique de taux d’intérêts pratiquée par les prêteurs étant perçue à cet égard comme un chantier prioritaire.
Hausse du recours à l’innovation et au numérique par les entreprises et le secteur public
85% des dirigeants estiment que le Covid-19 a un impact fort (changements et transformations profonds) ou moyen (accélération de certains projets) sur l’innovation pour les années à venir. 60% des chefs d’entreprise africains sont convaincus de l’impact fort de l’innovation sur leur compétitivité. 81% annoncent que la transformation digitale sera au cœur de leur stratégie dans les 12 prochains mois.La politique d’innovation apparaît de plus en plus internalisée au sein des entreprises (38% contre 30% en 2019). Le mode de coopération entre entreprises, universités, la recherche et les incubateurs reste encore à construire afin de favoriser les conditions propices à une diffusion plus rapide de l’innovation entre les hubs du continent.Il existe un énorme potentiel de croissance encore inexploité́ dans l’utilisation de la donnée, mais qui nécessite la mise en place d’infrastructures dépendant également de la puissance publique.
Pour les dirigeants, l’inclusion des populations est la priorité de fond. L’éthique et l’environnement progressent.
61% des dirigeants africains affichent leur volonté de concilier développement économique et amélioration de leur impact local. La démarche RSE paraît résulter plus d’une conviction forte des dirigeants que d’une réponse aux exigences réglementaires et est perçue par 53% d’entre eux comme potentiellement génératrice de revenus additionnels. L’éthique (22%, +8pts par rapport à 2019), la transition énergétique (18%, +4pts) et le développement des communautés locales (15%, -7pts) ressortent comme les préoccupations premières.L’amélioration de la situation sociale des populations semble être une priorité de fond pour les entreprises africaines (93%) en particulier le renforcement de l’accès des communautés à l’éducation (41%), à l’emploi (35%) et à la santé (22%).
La montée en compétence des talents, un enjeu majeur pour les entreprises africaines
A 48%, les entreprises privilégient d’investir dans la formation en interne ou la création d’académies dédiées plutôt que le recours à des prestataires externes ou des partenariats avec des universités ou des écoles (35%) pour développer les compétences de leurs salariés. Les principales problématiques en termes de renforcement des talents se situent aux échelons du middle (35% des répondants) et top management (24% des répondants), ainsi que des fonctions techniques (19% des répondants)
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