Point de vue

Ymagis et Weezevent, le bilan de deux champions mondiaux

Une croissance exceptionnelle de 59 096% pour Ymagis et de plus de 43 200% pour Weezevent sur cinq ans au cours de la dernière décade. Tel est le point commun de ces deux entreprises technologiques françaises, lauréates du palmarès Technology Fast 50 en 2013 et 2014. Quels sont les facteurs clés de succès qui leur ont permis de remporter ce premier prix ? Quel bilan tirer quelques années après ? Les deux start-up font le point.

En 2014, la première marche du podium est revenue à Weezevent, une entreprise dijonnaise. Créée en 2008, la société a lancé la première offre française de service de billetterie en ligne à destination des entreprises. Concrètement, la jeune pousse gère, pour le compte d’organisateurs d’événements, la billetterie et les campagnes d’invitation des participants. «Nous étions des organisateurs d’événements qui rencontraient des problèmes pour vendre des billets», raconte Pierre-Henri Deballon, PDG de l’entreprise. La pépite française est partie de ce besoin, auquel elle a répondu en développant une solution web simple d’utilisation en self- service. Leur but ? «Que ma mère puisse utiliser notre solution, raison pour laquelle nous avons une approche ergonomique très simple. Il faut toujours se mettre à la place du client», poursuit le PDG de Weezevent. L'entreprise ne facture pas la création ad hoc d’une plateforme web de réservation, mais se rémunère sur chaque billet vendu.

Un an plutôt, c’était Ymagis qui recevait le premier prix du classement Technology Fast 50. Sa spécialité ? La start-up est le leader européen de la fourniture de services et de technologies numériques à destination de l'industrie du cinéma. «En 2007, je croyais dur comme fer à l’émergence du numérique. C’est une rencontre avec un vieux routard de la projection numérique qui m’a permis de créer Ymagis et de travailler sur cette migration», raconte Jean Mizrahi, PDG de la société. «On est arrivé au bon moment, car le marché européen commençait à basculer vers le numérique. On a été l’un des initiateurs de ce changement en France», poursuit le PDG. Pourtant, Ymagis a connu des débuts difficiles. «Le marché n’était pas très confiant, se souvient Jean Mizrahi. Les cinémas étaient réticents à investir dans un équipement coûteux. Nous avons alors pris un risque financier énorme et avons démarré seul avec nos fonds personnels».

Des risques qui ont fini par payer. Et pour cause : elles sont devenues les start-up aux croissances les plus rapides ces cinq dernières années. A commencer par Weezevent qui a affiché une croissance de 43 200% sur cinq ans. «On partait de rien en 2008, notre chiffre d’affaires était faible, il était donc facile d’évoluer. Aujourd’hui, on a plus de 100% de croissance par an et doublé de taille», précise Pierre-Henri Deballon. Ce qui a fait la différence ? «Outre le travail effectué, on est à l’écoute de nos clients et on a la capacité de s’adapter. On voit la technologie comme un moyen d’innover et de proposer la meilleure solution», commente le PDG. Et pour preuve, Weezevent compte aujourd’hui près de 52 000 clients, aussi divers que les Rencontres Trans Musicales de Rennes ou le festival Juste pour rire au Canada, et vend plus de 5 millions de billets. «Notre solution en ligne s'adresse en effet aux grands organisateurs comme aux tout petits, c'est notre force», poursuit M. Deballon.

Même son de cloche pour Ymagis. «Quand on démarre petit, c’est plus facile d’avoir une forte croissance. On n’aurait pas la même expansion aujourd'hui, c'est certain», sourit Jean Mizrahi. «On est arrivé au bon moment et on a cru en notre business model». Aujourd’hui, l’entreprise compte plus de 600 collaborateurs. «On est passé très rapidement de start-up à grande entreprise. Notre croissance aujourd’hui se fait sur des acquisitions depuis plus d'un an», commente le PDG. Et la liste des facteurs clés de réussite d'Ymagis est longue : avoir les bons produits, regarder devant soi, anticiper les prochains coups et toujours se remettre en question. «Le numérique est un monde mobile et évolutif. Mais il n’y a pas de situation pérenne. Il faut constamment être innovant et essayer de comprendre comment le marché et les besoins évoluent, et surtout anticiper quelle sera la prochaine étape», précise Jean Mizrahi.

Le prochain pari pour ces jeunes pousses : l'internationalisation. A commencer par Weezevent qui voit désormais son avenir à l’étranger. «L’international nous attire, car cette étape nous pousse à avoir encore l’état d’esprit “start-up” grâce au lancement de nouvelles filiales en Espagne et au Canada», affirme Pierre-Henri Deballon. Un état d’esprit qu’il met à profit pour accélérer son développement : la société Vente Privée est entrée au capital de Weezevent en janvier 2015. «On préfère faire confiance aux entrepreneurs plutôt qu’aux gros financiers, car ils sont passés par là eux aussi». Du côté d'Ymagis, l'entreprise a également mis le cap à l’international. «Consolider notre présence européenne, se renforcer en Grande-Bretagne, en Espagne et en Italie, sont nos prochains défis», souhaite Jean Mizrahi. Leurs forces sur le marché mondial ? «On a des idées originales et visionnaires, nous n'avons rien à envier aux Américains», conclut le PDG. Et pour preuve, Ymagis est une véritable championne internationale, puisque l’entreprise avait également décroché la première place du palmarès européen Technology Fast 500 en 2013.