Étonnamment, les mises en chantier au Canada ont augmenté en mai pour atteindre 193 500 unités (annualisées) en cours de construction. Il s’agit d’une augmentation importante par rapport aux 166 500 unités en cours de construction en avril. Ce résultat reflète la reprise des constructions résidentielles après leur mise en suspens en avril. Sans ce facteur, les mises en chantier auraient diminué de 20 %. Néanmoins, plus de 190 000 mises en chantier regroupées sont un excellent résultat. Ce résultat témoigne d’une résilience remarquable et il est inusité dans un contexte de ralentissement dans un secteur cyclique. La question se pose tout de même : est-ce que cette augmentation est durable? La majorité de l’incidence économique sur les ménages est tempérée par le soutien financier du gouvernement. Lorsque les programmes de soutien seront éliminés (la PCU est seulement disponible pendant quatre mois) et les banques mettront fin au report d’hypothèques (actuellement en vigueur jusqu’à un maximum de six mois), il y a un risque que la détérioration des finances personnelles entraîne une faiblesse supplémentaire dans le secteur de l’immobilier résidentiel.
Pour poursuivre sur le thème de l’immobilier, la Société canadienne d’hypothèques et de logement (SCHL) a annoncé un resserrement des règles d’assurance prêt hypothécaire à compter du 1er juillet 2020. En effet, la SCHL rehaussera la cote de crédit minimale pour être admissible à l’assurance à 680, soit 80 points de plus que la cote minimale actuelle. Elle limitera également le ratio d’endettement brut à 35 % des revenus annuels (ratio antérieur de 39 %) et le ratio d’endettement total à 42 % (ratio antérieur de 44 %). Il ne s’agit pas de changements très importants, mais certains acheteurs pourraient devancer leurs achats en juin pour éviter ces exigences plus strictes. La décision politique semble être liée aux efforts de la SCHL visant à réduire les risques liés à une hausse soudaine de l’endettement des ménages. En 2008-2009, lorsque les risques sur le plan économique se sont atténués, le secteur de l’immobilier s’est redressé grâce aux faibles taux d’intérêt. La SCHL prévoit une baisse des prix des habitations de 9 % à 18 %, ce qui pourrait améliorer l’accessibilité à la propriété et accroître le nombre d’acheteurs sur le marché. Les emprunts immobiliers seraient alors en hausse, ce qui favoriserait une hausse des prix, mais pourrait également accroître l’endettement des ménages. En outre, la SCHL est d’avis que le ratio de la dette des ménages par rapport au revenu disponible pourrait atteindre 230 % en raison d’une plus faible croissance des revenus à court terme. C’est pourquoi la société d’État prend des mesures visant à atténuer les risques liés à l’endettement personnel.
Le calendrier économique est peu chargé cette semaine. Aucune annonce majeure n’est attendue au Canada. L’indice des prix à la consommation des États-Unis sera annoncé mercredi. Une diminution de l’inflation à 0,2 % est attendue pour le mois de mai, alors que l’inflation de base (à l’exclusion des secteurs de l’alimentation et de l’énergie) devrait être de 1,3 %. Il s’agit d’un contexte de faible inflation, mais pas de déflation, du moins, pour le moment. La Réserve fédérale se réunit cette semaine. Elle fera une annonce politique et publiera les projections du FOMC mercredi. Aucune modification des taux d’intérêt n’est attendue. À ce stade-ci, la banque centrale voudra probablement évaluer comment se déroulera la reprise de l’économie. Il est possible que des modifications mineures soient apportées aux programmes existants d’achat d’actifs. Les marchés des capitaux se pencheront attentivement sur l’énoncé de la Réserve fédérale pour connaître les détails de l’évaluation des perspectives économiques du FOMC.