Importantes informations sur les difficultés et la résilience des entreprises
L’Enquête canadienne sur la situation des entreprises (ECSE), le fruit d’un effort conjoint de Statistique Canada et de la Chambre de commerce du Canada, a été publiée aujourd’hui. L’enquête brosse un portrait d’ensemble de la façon dont les entreprises s’adaptent pendant le confinement imputable à la COVID-19. Le sondage englobe 13 000 entreprises et présente les difficultés auxquelles elles font face.
En ce qui a trait aux soldes de trésorerie, 42 % des entreprises ne pourraient pas poursuivre leurs activités pendant plus de 60 jours sans aucune source de revenus tandis que 51 % ne pourraient pas poursuivre leurs activités pendant plus de 90 jours sans aucune source de revenus.
Quatre-vingt-un pour cent des entreprises ont observé une baisse allant de moyenne à élevée de la demande pour leurs produits ou services.
En ce qui a trait aux revenus des entreprises au T1 2020 comparativement au T1 2019 : 11 % ont observé une augmentation des revenus, 14 % n’ont connu aucune variation, 18 % ont observé une diminution des revenus allant jusqu’à 20 % et 54 % ont observé une diminution des revenus de plus de 20 %.
Trente-huit pour cent ont diminué les heures ou les quarts de travail de leur personnel tandis que 41 % ont mis à pied du personnel.
Voici quelques constatations sur la résilience des entreprises canadiennes :
Les petites entreprises ont fait preuve de résilience en avril
Les petites et moyennes entreprises (PME) sont celles qui seront le plus touchées au sein de l’économie canadienne au cours de cette récession. L’arrêt complet de l’activité économique et la fermeture des services non essentiels porteront un coup aux entreprises de petite taille qui n’ont pas les ressources financières dont disposent les grandes entreprises pour traverser la crise. Par conséquent, je suis constamment à l’affût d’information sur les PME. La Fédération canadienne de l’entreprise indépendante (FCEI) est une excellente source d’information.
Aujourd’hui, la FCEI a publié son Baromètre des affaires – un indice qui mesure la confiance des entreprises canadiennes –, et on y entrevoit quelques lueurs positives. L’indice a regagné 9 points pour s’établir à 46,4 en avril. Toutefois, le niveau reste près de ce qu’il était durant la récession de 2008-2009. Gardons à l’esprit que le grand confinement de 2020 sera pire que la Grande Récession de 2008-2009, ce qui est quand même un peu mieux que ce à quoi je m’attendais.
C’est en Ontario et en Saskatchewan que le niveau de confiance était le plus élevé, bien qu’il soit resté bas dans les deux provinces. À l’opposé, c’est au Québec, à Terre-Neuve-et-Labrador et au Nouveau-Brunswick que les chefs d’entreprise étaient les plus pessimistes. Il est un peu surprenant que l’humeur n’ait pas été aussi négative en Alberta – la situation y était difficile, mais pas autant que dans les provinces citées plus haut.
Les PME étaient plus pessimistes dans les secteurs des ressources naturelles, des finances et de l’assurance, des arts et loisirs, et de l’agriculture. Et si les mesures de l’indice prises à l’échelle des secteurs étaient cohérentes par rapport au ralentissement, il y a toutefois une exception, soit les services de santé et d’éducation, ce qui d’après moi reflète une forte demande de produits et de services liés à la santé au moment où le pays lutte contre la COVID-19.
L’économie américaine entre en récession au premier trimestre
Le PIB réel des États-Unis a diminué de 4,8 % (taux annualisé) durant le premier trimestre de 2020, ce qui est supérieur au 4 % auquel s’attendaient les marchés financiers. Cette baisse correspond au recul le plus marqué depuis la Grande Récession, alors que l’économie avait enregistré un repli de 8,8 %. À titre de comparaison, on estime que l’économie canadienne a connu un recul de 10 % au premier trimestre – le double de la valeur américaine –, principalement en raison des mesures de confinement qui ont été mises en œuvre plus tôt que chez nos voisins, de même que des vulnérabilités préexistantes telles que les barrages ferroviaires et les grèves d’enseignants.
La contraction de l’économie américaine était entièrement due à un effondrement des dépenses personnelles. La consommation a diminué de 7,6 %. Les dépenses consacrées à des biens durables (produits ayant une longue durée de vie, les voitures par exemple) ont chuté de 16,1 %, alors que les ventes de véhicules à moteur ont dégringolé de 35,9 %. Les dépenses consacrées à des services habituellement stables ont connu une baisse soudaine de 10,2 % alors que les dépenses en transports, en loisirs et en hôtellerie ont reculé de près d’un tiers. En revanche, les dépenses consacrées à des biens non durables (produits ayant une durée de vie plus courte) ont augmenté de 6,9 %, avec des dépenses en épicerie en hausse de 25 % puisque les gens ont fait des provisions de biens essentiels.
Les investissements non résidentiels ont diminué de 8,6 % au cours du trimestre. Les dépenses liées à la propriété intellectuelle (+0,4 %), ce qui comprend les logiciels et la R&D, ont été les seules à tenir le coup, tandis que les dépenses liées à l’équipement et aux structures ont baissé de 15,3 % et de 9,7 %, respectivement.
Les exportations ont enregistré une baisse de 8,7 %, principalement attribuable aux exportations de services, l’activité touristique des visiteurs étrangers ayant été pratiquement nulle en mars. Les importations ont reculé de 15,3 %, les importations de biens et de services ayant chuté lorsque les restrictions liées aux voyages et au commerce ont été mises en vigueur.
Les investissements en stocks des entreprises ont connu leur première baisse en sept trimestres, soit une baisse de 16,3 milliards de dollars, ce qui s’est traduit par une réduction de 0,5 point de la croissance du chiffre d’affaires.
Les seules catégories qui ont enregistré une croissance sont celles de l’investissement résidentiel et des dépenses du gouvernement. L’investissement résidentiel a augmenté de 21 %, profitant d’une forte augmentation des mises en chantier à la fin de 2019. Les dépenses du gouvernement ont connu une légère hausse de 0,7 %, notamment en raison d’une forte augmentation des dépenses civiles au fédéral et des investissements à l’échelle locale et étatique. Il faut se rappeler que les mesures de stimulation des États‑Unis n’avaient pas encore été mises en place; celles‑ci auront une incidence sur le deuxième trimestre.
Compte tenu de l’arrêt de l’activité économique et du ralentissement économique mondial, on s’attend à une contraction de l’économie américaine de plus de 30 % sur une base annualisée au deuxième trimestre. Par conséquent, on peut aisément dire que les États‑Unis sont entrés dans une profonde récession qui est pire que celle de 2008-2009.
La Réserve fédérale a terminé sa réunion de deux jours, au cours de laquelle elle a décidé de maintenir le taux cible des fonds fédéraux dans la fourchette inférieure actuellement en vigueur, soit entre 0 et 0,25 %. La Réserve fédérale prévoit maintenir le taux cible dans cette fourchette jusqu’à ce que le Comité soit sûr que l’économie américaine a surmonté les récents événements, et qu’elle est en voie d’atteindre un niveau d’emploi maximal et une stabilité des prix. La Réserve fédérale a ajusté son évaluation des risques liés à la pandémie, indiquant que, en plus des risques à court terme pour l’économie, la pandémie pose un risque de baisse important pour les perspectives économiques à moyen terme. Cela vaut aussi pour l’économie canadienne en raison de nos relations commerciales étroites et de la forte intégration des chaînes d’approvisionnement nord-américaines.