Dans notre rapport mondial intitulé Decoding the O&G downturn, nous notons que pour s’adapter aux enjeux de l’avenir, le secteur [pétrolier et gazier] doit se doter d’un écosystème productif et vigoureux de producteurs, de fournisseurs de services, de transporteurs et distributeurs, d’entreprises de raffinage et de spécialistes du marketing. En clair, le secteur du pétrole et du gaz ne retrouvera son dynamisme d’antan que si la chaîne de valeur pétrolière et gazière dans son entièreté – les entreprises en amont, les services pétroliers, les entreprises intermédiaires, les raffineries et les spécialistes du marketing – exerce ses activités avec un niveau d’efficience élevé. Sinon, les gains liés à la reprise qui succédera au marasme qui règne dans le secteur depuis la fin de 2014 ne profiteront qu’à quelques privilégiés, alors que les pertes seront plus ou moins ressenties par tout l’écosystème.
Les déséquilibres de l’écosystème continuent d’entraver la relance, la capitalisation boursière reste faible et le secteur dans son ensemble peine à attirer des investissements. Et ce, en dépit du fait que :
l’économie mondiale a enregistré une croissance de 23 % pendant la même période;
le secteur mondial du pétrole et du gaz a dégagé plus de flux de trésorerie disponibles en 2018 qu’en 2013;
le rendement des capitaux investis (RCI) est pour l’essentiel revenu aux niveaux antérieurs au recul du secteur (6,9 % en 2018 comparativement à 7,3 % cent en 2013)1.
Comme si cela n’était pas suffisant, le secteur canadien fait également face à des pressions systémiques internes, soit la sous-capacité des infrastructures liées au transport du pétrole brut, l’instabilité permanente des investisseurs, l’incertitude attribuable aux obstacles réglementaires, les taxes sur le carbone, l’accélération de la demande de capacités de transport d’énergie de rechange et un mouvement mondial généralisé en faveur du désinvestissement2.
Au Canada, le contexte global des affaires s’est transformé au cours des cinq dernières années pour les sociétés pétrolières et gazières. Les États-Unis, qui sont le principal consommateur de pétrole et de gaz canadiens, sont en voie de devenir le plus important producteur mondial. L’activité se déplace des gisements canadiens de réserves non classiques (p. ex., Bakken, Cardium et Viking) vers le bassin permien aux États-Unis. La hausse de l’escompte par rapport au WTI continue de se faire sentir malgré un escompte déjà élevé. La réglementation environnementale se resserre. Enfin, les investissements internationaux dans de nombreux projets de sables bitumineux et certains projets de GNL sont en déclin.
Résultat? La part de la capitalisation boursière que représentent les sociétés pétrolières et gazières canadiennes a atteint 6,4 %, son plus bas niveau des dix dernières années, (comparativement à 7,5 % avant le recul du secteur) en dépit du fait que le Canada fait partie des pays qui possèdent les réserves prouvées de pétrole les plus élevées de la planète.
Malgré tout, les paramètres fondamentaux des sociétés pétrolières et gazières canadiennes n’ont pas été désastreux, puisque ces dernières ont enregistré un RCI moyen de 6,0 % qui, en 2018, était à peine inférieur à la moyenne mondiale de 6,9 %. Les faibles taux de fléchissement des projets de sables bitumineux (en particulier les sables bitumineux obtenus par extraction), les besoins moindres en dépenses en capital pour soutenir la croissance de la production en amont, la nature contractée du secteur intermédiaire dominant et la structure intégrée de nombreuses grandes sociétés canadiennes ont concouru à atténuer les risques pour les sociétés bien positionnées.
Cependant, l’incertitude plane toujours et la volatilité des prix du pétrole brut et du gaz naturel semble là pour rester. Par ailleurs, les programmes traditionnels de gestion du capital, les stratégies d’affaires rigides, les modèles contractuels disparates, la maturité numérique modérée et le faible niveau de confiance des investisseurs continueront de miner le secteur tant à l’échelle mondiale qu’au Canada. Comme la taille du secteur canadien n’est pas assez importante pour assurer son autarcie, il est impensable de faire abstraction des tendances dictées par l’exploitation de ressources non classiques ou l’évolution de la demande mondiale.
Après tout, le secteur pétrolier et gazier est mondialisé et connecté, ce qui signifie que les stratèges du secteur canadien du pétrole et du gaz pourraient tirer parti des points de vue de l’ensemble des intervenants de la chaîne de valeur. Joignez-vous à nous alors que nous explorons la série complète Decoding the O&G downturn afin d’avoir une vision globale de la situation actuelle et de l’avenir du secteur canadien du pétrole et du gaz.
1Decoding the O&G downturn, Deloitte Insights, 23 avril 2019, https:// www2.deloitte.com/insights/us/en/industry/oil-and-gas/decoding-oil-gas-downturn.html?icid=dcom_promo_featured|global;en
2 << Kenney’s stand on oil and gas divestment is likely to leave Alberta out of position,>> The Globe and Mail, mai 18, 2019; << Clean energy one of Canada’s fastest-growing industries: report,>> The Globe and Mail, 23 mai, 2019; << Renewable energy costs tumble,>> www.forbes.com/sites/dominicdudley/2019/05/29/renewable-energy-costs-tumble/; << Toyota speeds up electrified vehicle production,>> https://www.theglobeandmail.com/business/international-business/article-toyota-speeds-up-electrified-vehicle-schedule-as-demand-heats-up/
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