Usha Sthankiya

« J’ai toujours eu un intérêt pour les changements climatiques et le développement durable – notamment en ce qui a trait à mon rôle, à ce que les entreprises peuvent faire et aux mesures que la société doit prendre. »

Au moment de choisir son domaine d’études à l’université, les principales options qui lui auraient permis de faire carrière dans le secteur du développement durable étaient les communications ou des études techniques et d’ingénierie — ce qui ne répondait pas à ses intérêts. « Je me suis lancée dans la comptabilité et les finances afin de tracer une voie qui me permettrait d’établir un lien entre le développement durable et le milieu des affaires. »

Au début de sa carrière, elle a assisté à une conférence donnée par un précurseur de l’établissement d’objectifs de carboneutralité. Il s’agissait de Ray Anderson, le fondateur de l’un des plus importants fabricants de planchers commerciaux au monde, Interface, qui exploite ses activités en fonction de ce qui est bon pour l’entreprise et bon pour le monde. L’entreprise est également transparente à l’égard de ces efforts dans le but d’influencer d’autres entreprises; l’inverse de la concurrence traditionnelle.

« C’était une façon complètement différente de réfléchir aux affaires. Cette approche est toujours fondée sur le capitalisme, mais elle n’avait pas pour seul et unique but de générer un profit. L’idée que l’entreprise joue un rôle important m’a marquée tout au long de ma carrière. »

Après avoir obtenu son diplôme en comptabilité, Usha a saisi une occasion de travailler sur un projet portant sur un passif environnemental au sein du groupe Développement durable et changements climatiques de Deloitte. Elle a visité les sites de clients allant des producteurs de ressources aux usines de fabrication, pour traiter des enjeux environnementaux du point de vue de la comptabilité. Elle a également tiré parti de l’occasion pour en apprendre plus sur ces enjeux d’un point de vue technique.

« J’ai eu la chance de travailler avec des collègues qui étaient heureux de me transmettre leurs connaissances techniques. Ils m’ont aidée à bâtir ma confiance et à comprendre le contexte environnemental approfondi des défis de nos clients. »

« Ce qui distingue les enjeux liés aux changements climatiques et au développement durable c’est qu’ils touchent simultanément de nombreux aspects de l’entreprise. Si vous ne les traitez pas comme des enjeux qui affectent l’ensemble de l’entreprise, il est difficile de trouver des occasions et de gérer les risques. »

« Je considère que je suis un pont entre deux mondes. Je lie les personnes qui possèdent des compétences techniques et celles qui font des affaires de manière traditionnelle afin d’aider les deux groupes à se comprendre. »

Lorsqu’on lui demande comment elle fait pour demeurer motivée, Usha reconnaît que les progrès liés aux changements climatiques et au développement durable ont été lents.

« Néanmoins, certaines choses ont évolué. En fait, beaucoup de choses ont changé depuis que j’ai terminé mes études universitaires. Les progrès constants que nous réalisons me motivent à maintenir le cap et à en faire plus. En outre, les personnes que nous recrutons sur les campus aujourd’hui sont beaucoup plus informées et ouvertes d’esprit qu’auparavant. Cela me motive au plus haut point de savoir qu’elles poursuivront nos efforts. »

Qui sont les influenceurs qu’Usha admire?

« Personnellement, j’écoute les voix les moins entendues. Je suis inspirée par les activistes autochtones comme JP Gladu, qui est souvent publié et cité dans sa région, mais pas à la même fréquence que les commentateurs plus connus à l’échelle mondiale. Il y a d’autres personnes comme lui à l’extérieur du Canada. J’essaie de tirer des leçons de leurs perspectives. Notre rapport intitulé Toujours des promesses porte notamment sur les changements climatiques et la réconciliation avec les Autochtones, et comprend diverses perspectives importantes de la part de leaders des Premières Nations. »

Dans le cadre de son travail auprès de cabinets de services financiers, Usha a remarqué un changement d’attitude et d’approche important au sein d’organisations qui n’étaient pas historiquement préoccupées par les changements climatiques et le développement durable.

« Dans le cadre de mon travail auprès d’une institution financière, un projet d’établissement de cibles de réduction d’émissions s’est transformé (à la suite de nombreuses missions auprès de parties prenantes) en objectif de carboneutralité d’ici 2050 et la publication de cibles de carboneutralité sectorielles d’ici 2030 — une excellente réalisation! »

« La transition vers des solutions à faible émission de carbone ne sera pas équitable. Certaines communautés sont déjà touchées de manière disproportionnée. Il faut tenir compte de ces communautés dans le cadre de la transition. Nous devons éliminer la notion du « nous et eux », spécialement dans le contexte du climat. Si vous ignorez l’interrelation entre les changements climatiques et les enjeux sociaux, vous ne regardez qu’une partie du problème. »

Les entreprises qui ne pensent pas à ces communautés ne seront pas en mesure de saisir les occasions qu’elles offrent.

« Nous pouvons apprendre et atteindre nos objectifs plus rapidement et efficacement en faisant participer toutes ces communautés à la transition. Ce n'est pas seulement une initiative sociale, c'est une démarche intelligente. »