Communiqué de presse

Enquête auprès des CFO : les élections américaines à venir représentent un risque pour les entreprises suisses – confiance dans le marché domestique

Zurich/Genève, le 31 octobre 2024

Les CFO suisses continuent de croire en la croissance, mais la prudence est de mise. C’est ce que révèle la toute récente édition d’automne de l’enquête de Deloitte menée auprès des CFO. S’agissant de la Suisse et des États-Unis, son principal marché d’exportation unique, les responsables financiers se montrent optimistes dans leur grande majorité. En ce qui concerne les États-Unis, les CFO interrogés sont préoccupés par l’issue incertaine des prochaines élections. En fonction du résultat des élections, seuls 24 à 44% d’entre eux s’attendent à une politique commerciale et économique plus avantageuse pour la Suisse au cours des quatre prochaines années. Les prévisions conjoncturelles des responsables financiers pour les marchés d’exportation majeurs comme l’Allemagne et la Chine sont fortement pessimistes.

Le moral des CFO suisses demeure globalement positif – quand bien même avec des disparités entre les différents marchés cibles de premier plan. Alors que les CFO sont optimistes s’agissant de la Suisse et les États-Unis, ils se montrent très pessimistes en ce qui concerne l’Allemagne et la Chine. C’est ce qui ressort de la toute dernière enquête menée auprès des CFO par le cabinet d’audit et de conseil Deloitte Suisse. 61% des CFO interrogés partagent une vision positive, voire très positive, de l’évolution de la conjoncture suisse au cours des douze prochains mois (contre 56% au printemps 2024), tandis qu’ils sont près de 33% à avoir une vision neutre sur ce point (voir illustration 1). Les perspectives sont par conséquent très positives sans être pour autant euphoriques. Les responsables financiers suisses portent un regard tout aussi optimiste sur leur principal partenaire commercial, à savoir les États-Unis. En effet, 53% des CFO (contre 59% au printemps 2024) s’attendent à une évolution économique positive, voire très positive, aux États-Unis au cours des douze prochains mois. Un chiffre en léger repli par rapport au printemps de la même année.

Ce sentiment positif des CFO contraste fortement avec l’évolution économique attendue en Allemagne (deuxième partenaire commercial de la Suisse) et en Chine. S’agissant de ces deux pays, non seulement les attentes sont négatives, mais elles se sont même détériorées par rapport au printemps : pour ce qui est de l’Allemagne, 74% des CFO sondés entrevoient une évolution négative, voire très négative, de la conjoncture (contre 66% au printemps 2024). C’est également le cas de la Chine, où une grosse moitié des CFO (61%) s’attend à une évolution négative, voire très négative (contre 47% au printemps 2024).

« Dans un monde de plus en plus incertain, une question se pose : d’où pourrait venir la future dynamique de croissance pour les entreprises suisses ? Les marchés établis comme la Chine et l’Allemagne sont sous pression, et la situation aux États-Unis pourrait également se durcir après les élections. Les États-Unis restent néanmoins un puissant débouché économique. Les entreprises suisses doivent renforcer la diversification de leur portefeuille de partenaires commerciaux et de marchés d’exportation. Alessandro Miolo, responsable du département Audit & Assurance de Deloitte Suisse, explique : « De nouveaux marchés de croissance tels que l’Inde ou les Émirats arabes unis peuvent s’affirmer comme des options prometteuses pour les entreprises suisses. »

 

Plus d’efficacité : oui mais sans l’IA

Outre les perspectives conjoncturelles, le ciel s’éclaircit également pour les entreprises interrogées. Un peu plus de la moitié (58%) des CFO interrogés anticipent une amélioration de la situation de leur entreprise sur les douze prochains mois. Seulement 11% d’entre eux se disent pessimistes. Un constat nettement meilleur qu’au printemps dernier, où 50% d’entre eux partageaient un sentiment positif, et 16% un sentiment négatif. Pour ce qui est des indicateurs de leur entreprise, les CFO interrogés se montrent de même optimistes dans leur majorité. Ainsi, 52% anticipent une hausse de leur chiffre d’affaires, et 18% tablent sur une augmentation des marges.

Comme le montre l’enquête, les entreprises envisagent d’engager une série de mesures d’efficacité. Un peu plus de la moitié d’entre elles (56%) prévoient d’optimiser leur structure commerciale et de mettre en œuvre de nouvelles technologies au cours des deux prochaines années. À cet égard, il est intéressant de relever que l’intelligence artificielle (IA) n’est appelée qu’à jouer un rôle secondaire. En effet, seuls 20% des CFO interrogés tablent sur une utilisation accrue de l’IA pour gagner en efficacité. Après l’euphorie de l’IA et des grands espoirs placés dans ses possibilités d’application au cours des douze derniers mois, l’heure semble être à un retour à la modération et à une mise en œuvre plus progressive de cette technologie. 22% des CFO pensent que leurs effectifs vont baisser dans les années à venir, soit sous l’effet de licenciements, soit à la suite de postes vacants non reconduits. Par rapport au printemps 2024 (27%), les perspectives sur le front de l’embauche accusent donc une légère amélioration.

Les risques géopolitiques en tête des préoccupations

Dans le top 10 des préoccupations des CFO suisses, on relève peu de changement par rapport à l’édition du printemps (voir illustration 2). Sur le front des risques géopolitiques, l’aggravation du conflit au Proche-Orient, l’enlisement de la guerre en Ukraine et les tensions entre Taïwan et la Chine continuent de donner le ton. Les personnes interrogées considèrent également les prochaines élections américaines, dont l’issue reste incertaine, comme un risque politique majeur. Certes, l’incertitude politique aux États-Unis est jugée très élevée par les CFO, mais le pays n’en reste pas moins attractif sur le plan économique. Interrogés sur les cibles privilégiées pour l’expansion de leurs entreprises, les CFO placent les États-Unis en deuxième position après la Suisse.

Mais une autre question révèle que les inquiétudes pourraient bien s’aggraver. En effet, ni la candidate à la présidence Kamala Harris ni le candidat à la présidence Donald Trump n’inspirent un sentiment vraiment positif aux entreprises suisses interrogées s’agissant des attentes en matière de politique commerciale et économique. Seuls 32% des CFO interrogés attendent de Kamala Harris une politique économique et commerciale plus avantageuse pour les entreprises suisses, et encore beaucoup moins (12%) attendent la même chose de Donald Trump, tandis que 12% placent les deux candidats à égalité sur ce point. Près de 30% des CFO misent en revanche sur une politique commerciale et économique moins favorable à la Suisse sur les quatre prochaines années, et ce quelle que soit l’issue des élections. Le climat économique pourrait donc devenir sensiblement plus rude sur le premier marché d’exportation de la Suisse au cours des prochaines années.

Sur la liste des préoccupations des CFO, la situation monétaire est celle qui a connu la plus forte progression. Les risques liés aux taux de change et les taux d’intérêt ont grimpé à la quatrième place, gagnant ainsi cinq places par rapport au printemps. L’inflation n’est plus que rarement citée comme un risque par les CFO interrogés, lesquels tablent aujourd’hui sur une inflation à 1,3% sur 24 mois, soit un résultat bien inférieur au seuil des 2% et synonyme de stabilité des prix. De même, près de la moitié des CFO s’attendent à de nouvelles baisses des taux d’intérêt par les banques centrales et nationales.

« Depuis 2014, les risques géopolitiques font partie des thèmes prioritaires des CFO dans le domaine des risques. Les entreprises suisses ont fait preuve jusqu’à maintenant d’une forte résilience face aux crises. C’est loin d’être une évidence, justement parce que notre économie est fortement orientée vers l’exportation. Pour maintenir ce cap, les entreprises suisses, tout comme la politique, doivent continuer à se distinguer par un savant mélange typiquement helvétique de stabilité, de fiabilité et de flexibilité », explique Reto Savoia, CEO de Deloitte Suisse.

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