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L'industrie aérospatiale au lendemain du Covid-19 : l’entrée dans l'ère 4.0 ?

Article co-écrit avec Jean-Louis Rassineux, Alexandre Kuzmanovic et Caroline Law-Kam.

La pandémie du Covid-19 a provoqué un arrêt brutal du trafic aérien mondial : les compagnies aériennes sont actuellement confrontées à une chute sans précédent du trafic aérien mondial (-80 % par rapport à janvier 2020), avec des flottes immobilisées depuis la mi-mars. Un tel ralentissement a de nombreuses conséquences néfastes pour les constructeurs aéronautiques. Mais c’est aussi l’occasion pour les avionneurs de « reprendre leur souffle » dans la course à la production, et de se consacrer à l’amélioration de l’efficacité des opérations, au déploiement des capacités numériques et des nouvelles méthodes de travail.

L'IATA a estimé que les compagnies aériennes seraient à court de trésorerie d’ici deux à trois mois sans l’aide des Etats. En effet, le trafic mondial de passagers devrait diminuer de 48 % en 2020 par rapport à 2019 selon les dernières estimations. Les principaux analystes du secteur prévoient une reprise du trafic aérien mondial au niveau de 2019 d'ici deux à cinq ans, mais le retour à la croissance pré-crise pourrait prendre jusqu'à dix ans dans les scénarios le plus défavorables.

Par conséquent, deux options majeures se présentent pour les avionneurs pendant la période de faible activité à venir :

  • Maintenir à tout prix une utilisation élevée de leurs capacités de production, compte tenu des carnets de commandes importants, mais au prix d’un besoin en fonds de roulement élevé et d’un nouveau report de la mise en œuvre de transformations pourtant indispensables. 
  • Profiter au contraire du ralentissement de la demande pour « reprendre son souffle » dans la course à la production, afin de se consacrer à l’amélioration de l’efficacité des opérations, au déploiement des capacités numériques et des nouvelles méthodes de travail.

Cette seconde option est d’autant plus pertinente que certains constructeurs aéronautiques ont temporairement réduit leurs cadences de production pour s'adapter au nouvel environnement du marché (réduction d'environ un tiers pour Airbus).

Après avoir réalisé leur indispensable "Aggiornamento stratégique", c’est-à-dire élaboré des scénarios de long terme portant sur le futur du transport aérien et de ses impacts sur la structure de l’industrie et les flottes des compagnies, les avionneurs devront entreprendre plusieurs chantiers majeurs :

  • Accélérer le déploiement de l’Industrie 4.0 (Smart Factories), en s'appuyant sur les initiatives lancées préalablement à la crise du Covid-19, mais dont le plein potentiel n’a pas été atteint. 
  • Transformer leur gestion des chaînes d'approvisionnement, en favorisant un modèle "pull", et en mettant en place des processus intégrés de pilotage, afin de pallier notamment le problème des « white tails »
  • La transformation des capacités opérationnelles MRO sera également essentielle.

L’industrie aérospatiale au lendemain du Covid-19 : l’entrée dans l’ère 4.0 ?