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Point de vue

Le futur du travail dans les Directions des Risques et les Directions Financières

Investissez dans votre capital… humain !

1. Les Directions des Risques et Financières aussi en transformation

Les banques sont aujourd’hui engagées dans un profond processus de transformation pour répondre à l’évolution des usages et aux ruptures provoquées par les nouvelles technologies dans l’exercice de leurs différents métiers. 

Compte tenu du contexte de taux durablement bas et de réduction des marges financières cette transformation doit se faire avec des ressources limitées qui se concentrant naturellement sur les activités en contact direct avec les clients de la banque.

Ainsi, alors que les équipes Marketing et Opérations des établissements financiers ont déjà appréhendé ces évolutions, les Directions Financières et les Directions des Risques ont plus de mal à initier cette transformation alors qu’elles doivent (i) accompagner l’ensemble des métiers de la banque qui se transforment et (ii) se réinventer notamment pour exploiter au mieux la masse d’information dont elles disposent.

A notre avis, cela doit d’abord commencer par une évolution de la perception de leur capital humain.  

2. La population des Directions Financières et des Directions des Risques aujourd’hui

Les effectifs des Directions Financières et des Risques représentent environ 15 000 personnes en France1. Le profil type d’un collaborateur est une femme ayant la quarantaine et dotée d’un BAC+5.

Les embauches en CDI des établissements financiers reproduisent largement ce profil avec essentiellement des Bac+5 (80 %) entre 30 et 39 ans.  

Ainsi les Directions des Risques et Financières disposent de profils très diplômés qui sont en général fidèles à la voie professionnelle qu’ils ont choisie.
Nous sommes convaincus qu’il s’agit d’une chance qu’il convient de saisir pour réussir la transformation.

3. Basculer vers un travail à plus forte valeur ajoutée grâce aux technologies

Dans l'imaginaire populaire, l'automatisation et la robotique sont souvent perçues comme des technologies qui remplaceront le travail des humains, alors que dans les faits, elles servent à « augmenter » les humains.

En effet, ces technologies peuvent décharger les collaborateurs de certaines tâches routinières (par exemple : contrôle automatique et intelligent des reportings comptables et règlementaires, agrégation et contrôle de données, veille règlementaire automatique, etc.) à condition que l’entreprise dispose de talents aptes à faire le pont entre le monde virtuel et le monde humain. Ainsi, au-delà des outils, les Directions des Risques notamment doivent développer les compétences permettant aux collaborateurs de générer de la valeur à partir de ces technologies. Cela signifie se former, connaître les solutions, imaginer les cas d’usages, travailler avec des équipes nouvelles (digital factory, marketing, etc.) et parfois modifier les structures organisationnelles et managériales existantes (mutualisation, externalisation) voire inventer de nouvelles fonctions (par exemple : climat risk manager).

Dans ce sens, une grande institution financière a constaté que les mentalités et les compétences devaient évoluer en parallèle de la technologie. Des employés ont gagné du temps grâce à l'automatisation pour faire d'autres travaux. Le « branchement » des nouvelles technologies a favorisé l’apparition de nouveaux lieux de travail physiques, de nouvelles formes de travail et d’une nouvelle structure managériale.  

4. Quels sont les leviers qu’une Direction des Risques ou une Direction Financière peut utiliser pour que les collaborateurs l’aident à dessiner le département et/ou l’équipe de demain ?

a. La découverte externe

Nous constatons que le premier frein à l’utilisation de nouvelles technologies / solutions dans ces Directions est le manque d’information des équipes sur (i) les solutions technologiques qui existent et (ii) l’identification de cas d’usages adaptés.

La data visualisation, le machine learning, le traitement automatique du langage naturel, la RPA, etc. autant de termes qui prennent leurs sens dès lors que les collaborateurs peuvent assister à une démonstration ou échanger avec d’autres entreprises qui utilisent ces technologies.
Ces échanges alliés à leur expérience « métier » vont permettre de faire émerger des cas d’usage potentiels propres à chaque Direction.
Par exemple, une société propose une solution qui permet le traitement automatisé du langage naturel. Cette technologie sera utilisée pour automatiser la production de reportings financiers. Loin d’être un fantasme, cette approche est déjà en production dans plusieurs établissements financiers.

Cette découverte externe peut prendre la forme de « Labs » tels que ceux que nous organisons pour des Directions des Risques ou des Directions Financières afin de leur permettre de rencontrer des sociétés ou de découvrir des solutions qui peuvent avoir un impact sur leurs métiers et leur permettre d’identifier des cas d’usages avec des retours sur investissement intéressants.

b. La découverte interne

Nous constatons que la transformation résulte également du développement d’interactions entre départements qui jusqu’à présent n’œuvraient que peu ensemble. Par exemple, les Directions Développement Durable ou les Directions Marketing échangent de plus en plus de données et d’information avec les Directions des Risques (critères d’analyse ESG, données sur les ventes, etc.) pour alimenter des modèles, des analyses et répondre à des questions qui émergent (climat, responsabilité sociétale, risque cyber, comportements dans un environnement de taux donné, nouveaux produits, etc.).

Afin d’identifier et d’analyser l’émergence de ces connexions entre le Département des Risques et les autres activités de la Banque, nous avons développé AONA qui sur la base d’interviews, d’analyse de données et d’études permet en quelques semaines un diagnostic des réseaux et interconnections des humains et des équipes.
 

c. La culture

Ces nouvelles technologies impactent tout à la fois les compétences (de quelles nouvelles compétences ai-je besoin pour exercer un métier ?) et les métiers (y aura-t-il demain un nouveau métier à la Direction des Risques comme le Marketing Risk Manager ?²). Nos échanges avec les banques et institutions financières montrent qu’en la manière l’impulsion du management est déterminante.

En effet, nous observons dans certaines entreprises et équipes de nombreuses réticences : « c’est intéressant mais c’est pour les autres », « j’attends d’avoir des données et des processus stabilisés », « les équipes ne sont pas prêtent et croulent sous le travail »…

Les équipes qui sont prêtes à tester et à essayer (modification des fiches de poste, travaux avec des startups dans des domaines divers, thème de recherche avec des universités, etc.) sans avoir peur de se tromper ne subissent plus une transformation par nature anxiogène mais se l’approprient. Ces équipes avancent bien plus vite que les autres en testant, en échouant et en recommençant avec des évolutions de processus importantes et une meilleure capacité à accompagner les métiers.

Conclusion

Entre les clôtures, les budgets, les reportings et les contraintes budgétaires, le temps manque toujours pour permettre de s’approprier les nouvelles technologies et revoir ses processus ou sa manière d’accompagner les métiers. Les équipes des Directions des Risques et des Directions Financières ont un savoir et une expertise précieux et une masse d’informations à leur disposition. Les aider à se transformer crée de la valeur ajoutée pour l’ensemble de la banque. Il s’agit de les accompagner pour s’approprier les technologies, se former aux nouveaux métiers et au final les fidéliser avec des projets enthousiasmants qui donnent du sens à leur parcours professionnel.

 

1 AFB, Profil de Branche, Juin 2019 - chiffres au 31/12/2018
2 Pure invention des auteurs ou prédiction, nous aurons la réponse un jour