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2021 | Le début du monde d'après
Pendant un temps en 2020, on a tenté d’imaginer un « monde d’après ». Un monde plus solidaire et plus écologique. De nombreux scénarios ont vu le jour donnant lieu à un exercice collectif de prospective inédit. Comment se déplacer ? Se nourrir ? Se loger ? Comment communiquer ? S’habiller ? ou encore se soigner ? Autant de besoins essentiels à réinventer au regard des enjeux écologiques, démographiques, technologiques et sociaux.
Alors, pour ne pas laisser retomber le soufflé, les équipes de Deloitte France ont décidé, à l’aube de 2021, d’accompagner le mouvement et d’imaginer les grandes transitions à mettre en œuvre...
Se nourrir en 2021 et après…
Le système alimentaire mobilise une multitude d’activités et d’acteurs tout au long de la chaîne, de la production à la fin de vie, en passant par la transformation, la distribution et la consommation. Chacune de ces étapes génère des impacts importants pour l’environnement. L’enjeu, largement renforcé par la place qu’ont occupé ces questions dans la crise sanitaire, est aujourd’hui de repenser notre approche collective à chaque étape afin de bâtir un système soutenable pour les hommes et la planète.
Végétaliser les assiettes !
Pour répondre aux défis environnementaux et aux besoins nutritionnels, l’assiette moyenne des Français devra être riche en produits végétaux et composée d’une plus faible proportion d’aliments d’origine animale. Les régimes alimentaires, en ligne avec les recommandations nutritionnelles et santé des scientifiques, auront un impact plus faible sur l’environnement, le changement climatique et sur le bien-être animal.
Renforcer notre autonomie en protéines !
Les filières françaises de protéines végétales seront structurées et seront capables de produire les protéines végétales nécessaires pour l’alimentation humaine et animale (élevage). Ces filières permettront de sécuriser les revenus des producteurs, de développer les emplois dans les territoires et d’adapter les pratiques aux enjeux environnementaux. L’importation du soja sera fortement limitée et la déforestation ainsi largement diminuée.
Développer l’agroécologie !
Les pratiques agroécologiques, aujourd’hui en croissance, seront la norme pour renforcer la résilience des exploitations agricoles, enrayer l’appauvrissement de la biodiversité et répondre à l’attente des consommateurs en matière d’alimentation saine et durable.
Assurer des conditions de vie décentes aux agriculteurs !
L’agriculteur sera accompagné financièrement pour l’adoption de nouvelles pratiques, moins intensives, plus respectueuses des sols et des bêtes, en articulant l’éco-contrôle et des solutions digitales adaptées. Il bénéficiera d’une juste rémunération grâce à la fixation de prix des produits qui prendra en compte son travail plus justement, avec l’adhésion du consommateur, informé et impliqué dans le processus de fixation des prix. Ses conditions de vie s’en verront réellement améliorées, participant ainsi à créer une attractivité renouvelée pour ce métier.
Rendre le consommateur acteur sur toute la chaîne !
Le consommateur sera acteur sur l’ensemble de la chaîne alimentaire via la co-construction de cahier des charges de production de nouveaux produits, en dialogue et le financement participatif de projets agro-écologiques. L’auto-production prendra son élan ainsi que les pratiques collaboratives autour de la commercialisation et la distribution de produits alimentaires.
Créer de la valeur dans les territoires !
Les filières alimentaires contribueront à créer plus de valeur sur les territoires à travers l’approvisionnement et la logistique en circuits courts. La multiplication de fermes urbaines et périurbaines permettra de recréer des liens entre les citadins et les producteurs et facilitera le développement de compétences, d’innovations et de collaborations locales.
Limiter le gaspillage et les déchets alimentaires !
Le système alimentaire limitera les pertes alimentaires tout le long de la chaîne de valeur, permettra un retour des nutriments à la terre et ne génèrera plus de déchets non alimentaires non valorisés, grâce à la généralisation de l’éco-conception en amont, la diffusion de pratiques nouvelles comme le vrac ou la consigne et la gestion raisonnée des déchets en bout de chaîne avec le recyclage.
Se loger en 2021 et après…
Impact carbone, précarité énergétique, gestion des déchets, inclusion sociale, artificialisation des sols… l’immobilier et la construction sont au carrefour d’enjeux environnementaux et sociétaux majeurs. La crise climatique et sociale progressant, les acteurs de ces deux secteurs vont devoir plus que jamais se réinventer, innover et construire différemment et pour tous.
Renouveler les matériaux et les pratiques de construction !
Concevoir des bâtiments écoresponsables exigera de privilégier les matériaux écologiques et à faible impact carbone, tout en assurant l’économie et la circularité des ressources et des flux (eau, énergie et déchets). Les bâtiments circulaires et le réemploi des matériaux de construction se développeront dans tous les chantiers. Les projets de construction devront intégrer des espaces naturels, conçus avec les usagers et valorisés dans les prix. Les bâtiments devront permettre de générer des impacts positifs pour les écosystèmes environnants et de participer à la résilience du territoire.
Penser des habitats inclusifs !
Les logements devront être conçus en tenant compte du coût d’usage global des bâtiments. La lutte contre la précarité énergétique ainsi que l’inclusion du bâti dans un écosystème de mobilité accessible à tous permettront de réduire l’exclusion des plus précaires. Le développement d’ensembles d’habitats intelligents, solidaires et inclusifs permettra d’améliorer la mixité sociale et intergénérationnelle.
Penser les usages au-delà des murs !
Pour faciliter l’accessibilité du bâti au plus grand nombre et la résilience de ses usagers face aux accidents de la vie, il sera incontournable de repenser les usages. On verra l’émergence d’une architecture réversible et des ensembles de constructions modulaires. Au-delà de la conception des bâtiments, il sera nécessaire de créer des modes de gouvernance plus participatifs et de renforcer les partenariats multi-acteurs, afin de faire évoluer les usages au plus près des besoins tout au long de la vie des bâtiments et d’assurer la gestion des communs.
Repenser la ville idéale !
Il sera urgent de contrôler l’expansion des villes pour limiter au maximum l’artificialisation des terres arables et des espaces naturels. Par ailleurs, l’aménagement de l’espace verra de nouvelles lignes directrices guider la réorganisation des territoires et les pôles économiques et principes de mobilités collectives seront repensés.
Se déplacer en 2021 et après…
Le transport reste en France le 1er secteur émetteur de gaz à effet de serre. La crise du Covid-19, en nous obligeant à réorganiser nos modes de travail, de consommation et de déplacement, nous permet de toucher du doigt le lien étroit entre mobilités et modes de vie dominants. La crise du secteur aérien, les évolutions du ferroviaire, les bouleversements du secteur automobile et la croissance du transport fluvial laissent entrevoir de véritables bouleversements dans les mobilités futures. En phase avec les indispensables limitations d’émissions de GES, ces nouvelles mobilités devront résulter d’utilisations plus raisonnées, plus sobres, plus collectives et par conséquent, plus créatives.
Une transition à marche forcée vers une mobilité plus soutenable !
Les restrictions de déplacement s’installant durablement, les comportements changeront dans des proportions inédites et s’orienteront à la baisse pour respecter la trajectoire climatique. Tourisme local, crédits carbone, télétravail, relocalisation sont autant de pistes qui seront explorées pour aller vers une mobilité plus sobre et alignée sur les limites planétaires. Mais au-delà du développement rapide de nouvelles technologies, c’est bien le bouleversement radical de notre vision et notre capacité à savoir renoncer à notre soif effrénée de mobilité qui permettront de relever le défi climatique.
Moins de consommation et plus de circularité !
Le prélèvement de ressources naturelles et l’empreinte au sol des infrastructures de transport continueront de peser considérablement sur l’environnement. S’y ajoutera l’omniprésence des batteries électriques et son lot de problématiques systémiques. Seule une réduction contrôlée et durable de l’utilisation des véhicules pourra offrir un début de solution. Et à court terme, l’éco-conception, l’incorporation de matières recyclées et le recyclage des véhicules en fin de vie et des batteries ne seront plus une option pour les industriels et les pouvoirs publics.
Accompagner le mouvement grâce au numérique !
En attendant que les humains acceptent de mieux se déplacer, la révolution numérique permettra d’optimiser notre mobilité existante, avec le MaaS, l’open data ou encore le dernier kilomètre. En facilitant la création de plateformes physiques et virtuelles dédiées, la data permettra notamment d’accélérer la transformation en matière de multimodalité.
Les pouvoirs publics, acteurs incontournables de la transition !
Au sortir de la crise, retrouver la voie d'une croissance sera une priorité forte pour tous les États. Un essor qui sera notamment porté par la mobilité, au cœur des enjeux des territoires pour apporter plus de commodités aux citoyens : l’accès à l’emploi, la santé, la formation, l’éducation, les loisirs, mais aussi plus de lien social entre les habitants. Dans ce contexte, les pouvoirs publics joueront un rôle central dans le déploiement rapide de mobilités responsables, construites sur de nouveaux modèles économiques et sociaux, favorisant la qualité de vie de la population et réduisant l’empreinte carbone.
Se soigner en 2021 et après…
Rarement les enjeux sanitaires n’auront été aussi prégnants que ces derniers mois. La pandémie de Covid-19 a démontré la nécessité fondamentale de garantir et préserver la santé humaine, parfois au détriment d’un prisme économique dominant. Cette prise de conscience, irréversible, nous conduira à bouleverser nos priorités en repensant un système de santé véritablement durable et résilient.
Promouvoir une médecine plus préventive !
Dans un contexte d’explosion des maladies chroniques, l’effort sera mis sur les modes de vie pour éviter le développement de maladies liées à une mauvaise alimentation ou une trop grande sédentarité. La prévention sera financée et les assurances maladie se positionneront davantage sur les maladies évitées et le financement de modes de vie sains.
Garantir l’accès aux soins sur l’ensemble du territoire !
La politique de santé sera pensée à travers le prisme de l’égalité d’accès aux soins à l’échelle des territoires. Maison de soins, diversification des modèles économiques, émergence de nouveaux métiers du soin, politiques d’attractivité autour des médecins dans les zones rurales, innovations dans les services de proximité : autant de nouvelles lignes de force qui permettront de transformer et de décentraliser les politiques de soins.
Prendre soin de nos soignants !
Le personnel soignant sera rémunéré de manière plus juste et l’amélioration des conditions de travail lui permettra de prodiguer des soins de qualité : personnel en nombre suffisant, formations adéquates ou encore accompagnement au quotidien.
Réconcilier système de soins et environnement !
Les chaînes logistiques hyper-mondialisées, les rejets de médicaments dans les réseaux d’eau et les volumes de déchets médicaux seront intégrés à travers l’éco-conception des chaînes industrielles de médicaments, des réseaux d’information et d’alerte citoyens animés par des gouvernances collaboratives et ouvertes et des systèmes de recyclage des déchets et de gestion des seuils de toxicité exemplaires.
Développer une souveraineté sanitaire !
La santé des citoyens européens sera assurée grâce à une maîtrise accrue des chaînes logistiques, à la relocalisation de certaines filières clés et au financement de formations de techniciens de haut niveau.
Communiquer en 2021 et après…
Télétravail, livraisons à domicile, accès à la culture, mais aussi robotisation, intelligence artificielle, big data, nouveaux vecteurs de communication… depuis 2020, le numérique s’impose durablement dans nos vies. Mais cette « révolution numérique », levier majeur de la transition écologique, devra prendre à bras le corps la question de ses nombreux impacts environnementaux et sociaux. La transition vers un numérique plus responsable passera par une réflexion en profondeur sur nos besoins et une lutte contre toute forme de « numérique inutile ».
Rendre le numérique sobre et optimiser ses usages !
Le numérique « éco-compatible » minimisera les flux et le stockage des données et reconcevra en profondeur la conception des logiciels. Les modèles de développement encourageant l’addiction numérique seront sanctionnés. Les modalités de vidéos automatiques et de scrolling incitant à la consommation seront remplacés par des méthodes fortement influencées par les neurosciences. Les citoyens, formés pour être des utilisateurs numériques plus conscients, seront incités à consommer moins, mais mieux.
Développer le réemploi, le recyclage et la durée de vie des équipements !
La réduction de l’empreinte environnementale du numérique passera par une moindre fabrication d’équipements neufs (44 % des émissions de GES liées au numérique1), davantage d’économie circulaire (reconditionnement, réemploi et recyclage maximisés) et une meilleure adéquation entre performances et besoins. L’obsolescence programmée sera lourdement sanctionnée et la durée de vie des équipements passera de 3 à 5 ans à plus de 20 ans. Les boutiques de réparation se multiplieront, créant de l’emploi basé sur des modèles d’insertion vertueux.
Assurer l'inclusion numérique, pour tous et partout !
Le numérique est un formidable levier d'inclusion sociale et économique, mais peut aussi générer de l’exclusion. Il sera conçu et déployé de manière totalement inclusive, en luttant contre la fracture numérique, en assurant l'accessibilité des services à tous et en s’intégrant davantage mais de manière plus raisonnée dans l'éducation.
Faire du numérique un bien commun
Le numérique, au même titre que l’eau, sera inscrit comme Bien Commun de l’Humanité, ne pouvant faire l’objet d’une main mise par des acteurs privés sans encadrement fort. La gouvernance du numérique sera au cœur de conseils citoyens. Les connaissances et pratiques numériques seront largement enseignées, selon des principes de sobriété et d’usages raisonnés, et les évolutions de systèmes, de réseaux, de techniques ou de pratiques feront l’objet de conventions citoyennes éclairées et de choix politiques planifiés sur le long terme.
S'habiller en 2021 et après…
Souvent dénoncée pour ses impacts sociaux et environnementaux néfastes, la mode a entrepris sa transformation vers un modèle plus vertueux. Nées au cours de ces derniers mois, les initiatives multi-acteurs se renforceront pour tenter de relever collectivement les grands défis du secteur au profit d’un changement global de l’industrie.
Faire évoluer les business model !
Fort du constat selon lequel la production de textile a doublé alors même que le taux d’utilisation des vêtements a baissé de 36 %², le secteur de la mode verra s’accélérer la tendance du « moins mais mieux ». Les collections seront moins nombreuses et les modèles plus intemporels. Le prix des biens sera défini par l’usage et prendra en compte les impacts sur l’environnement à partir d’un coût complet.
Prolonger la durée de vie des vêtements !
La mode de demain sera une mode qui dure : augmentation de la qualité, développement de la réparation, essor de la seconde main et de la location. Les marques et les consommateurs auront un rôle clé à jouer pour accroître l’usage des vêtements et ainsi réduire l’empreinte du secteur.
Réduire l’impact matière !
Le secteur de la mode cherchera à diminuer la pression sur les ressources naturelles en capitalisant sur le stock de matières existant pour produire de nouveaux vêtements. Aujourd’hui à moins de 1%, la part de textiles recyclés en boucle fermée devra augmenter considérablement pour passer d’un modèle linéaire à une mode circulaire. Concernant les matières vierges, la mode durable sera sélective. Elle exclura les fibres polluantes et privilégiera les matières naturelles écologiques comme le lin et le chanvre.
Garantir à tous les travailleurs de la chaîne des conditions de travail dignes !
La mode de demain se définira comme l’anti-thèse de la catastrophe du Rana Plaza. Des conditions de travail dignes et équitables seront assurées pour les cultivateurs des champs et les ouvriers de la transformation textile. Leurs conditions de vie contribueront à la réputation des marques qui se verront dans l’obligation de garantir la situation de l’ensemble de la chaîne et de donner de la transparence aux consommateurs. Les modes de culture comme les environnements de travail contribueront au prix des vêtements dans un effort partagé entre les marques et les usagers.
Produire local et responsable !
Sourcing de matières du territoire, revalorisation de l’outil industriel français : pour réduire son empreinte sur l’environnement et assurer une production traçable et responsable, la mode de demain sera locale. La relocalisation des filières de laine et de lin auront lancé le mouvement pour définir de nouveaux modèles de manufactures locales, entraînant l’émergence de nouvelles organisations dans les entreprises de luxe comme celles de prêt-à-porter.
1 Ellen McArthur (2017) A new Textile Economy:Redesigning Fashion’s Future
² Pulse of the Fashion Industry (2018)
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