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Etude

Les batteries pour la mobilité 

Guide à l'usage des décideurs européens pour s'orienter dans le siècle des métaux

Jeudi 3 septembre, la Commission européenne a annoncé plusieurs mesures qui doivent permettre à l’Europe d’être moins dépendante du reste du monde, et notamment de la Chine, en matière de métaux stratégiques.

Afin de lutter contre le réchauffement climatique et d’ici 2030, des efforts inédits seront demandés aux constructeurs automobiles, qui devront étoffer considérablement leur offre de véhicules bas carbone, électriques notamment. Des études récentes démontreraient d’ailleurs les bénéfices de ces technologies en matière d’émission de CO2, quel que soit le lieu de leur fabrication et de leur utilisation. Du côté des matières premières et bien que les batteries consomment de grandes quantités de métaux, la crainte d’un épuisement est mal fondée. Le mur énergétique surviendra en effet bien avant l’épuisement des ressources métalliques et demeure la première préoccupation de nos sociétés1.

Cette transition crée en réalité de nouveaux défis extra-géologiques, d’ordre environnemental et sociétal en particulier. Elle s’accompagne en outre de problématiques géopolitiques et industrielles particulièrement sensibles, de nature à fragiliser la chaîne de valeur de nombreux constructeurs. Ces éléments permettent de souligner que la question des matières premières pour les batteries ne se limite pas à des considérations extractives ou de rareté, mais doit être envisagée à chacune des étapes de la fabrication des cellules².

Certes, l’économie circulaire pourrait permettre de résoudre une partie de ces difficultés. Mais elle présente également des limites, accentuées par la forte croissance à venir du marché de l’électrique. Ainsi, l’adoption de ces technologies contribue-t-elle pour le moment à creuser le déficit de souveraineté des Etats et de la filière automobile européenne. La dépendance aux métaux s’ajoute désormais à celle au pétrole3.

Ces éléments conduisent à analyser la « relance verte » au travers de trois scénarios principaux, disposés sur un axe allant d’une situation dite de business as usual à une nouvelle donne fondée sur la souveraineté écologique. La trajectoire n°2, qui repose sur une accélération des investissements (en particulier pour de nouvelles technologies de stockage) et une maîtrise partielle de la chaîne d’approvisionnement, nous apparaît aujourd’hui faisable et désirable. Différents modèles industriels et outils pourraient venir en soutien de cette stratégie4.

Plusieurs constats s’imposent par conséquent à l’issue de cette réflexion :

  • le véhicule électrique constituera une partie de la solution dans la lutte contre le réchauffement climatique. Les impacts liés à la fabrication des batteries doivent cependant être maîtrisés ;
  • compte tenu de ces impacts, une relance ou un développement non conditionné de la filière n’est pas souhaitable ;
  • il ne sera pas possible en outre de constituer une filière totalement intégrée des véhicules électriques dans l’Union européenne. Des choix devront être faits, s’agissant aussi bien des technologies (stratégie de rattrapage ou d’anticipation) que des segments industriels à internaliser ;
  • enfin et si nous souhaitons éviter de tout changer pour que rien ne change, il conviendra également d’imaginer des solutions non technologiques.

 

Ces développements n’ont pas pour objet de remettre en cause la nécessité écologique et économique d’une transition vers une mobilité bas carbone, mais de discuter des implications que certaines stratégies sous-tendent.

1 World Energy Outlook, Agence Internationale de l’Energie (AIE), 2018
² Key world energy statistics, AIE, Septembre 2019
3 Green house gas emissions from transport in Europe, Agence européenne de l’environnement (AEE), Novembre 2019
4 Observatoire Climat-Energie : Où en est la France ?

Les batteries pour la mobilité

Guide à l'usage des décideurs européens pour s'orienter dans le siècle des métaux