Interview avec Ivo Wechsler, Groupe HUBER+SUHNER

Cet entretien a été publié le 17 juillet 2020

Deloitte : Comment votre entreprise a-t-elle surmonté la crise du coronavirus jusqu'à présent ? Quels ont été les impacts les plus notables ?

Ivo Wechsler : Pour HUBER+SUHNER également, avec plus d'une douzaine de sites de production dans le monde, la crise du Coronavirus a d'abord eu un impact en Chine, où la fermeture temporaire de l'usine et le passage au télétravail pour les activités administratives ont dû avoir lieu très rapidement. Ce schéma s'est répété dans d'autres endroits du monde au fur et à mesure que l'épidémie se propageait, avec certains pays où nous avons toutefois pu produire sans interruption. Par ailleurs, diverses mesures de réduction des coûts ont été introduites pour s'adapter à la baisse de la demande.

Deloitte : Quelles mesures votre entreprise a-t-elle mis en place pour les salariés face à la crise du coronavirus ? Quelles sont vos expériences dans ce domaine ?

Ivo Wechsler : Il y a de nombreux aspects qui pourraient être mentionnés. L'un des aspects les plus frappants est certainement le passage soudain au télétravail et son accueil positif par les employés du monde entier. Tous les meetings internes se déroulent désormais par vidéoconférence, avec succès. Je relèverais aussi les mesures de sécurité et de protection introduites et suivies dans chaque service de l'entreprise et surtout dans la zone de production.

Deloitte : Quelle est votre conception du rôle des CFO dans cette crise ? En tant que directeur financier, comment avez-vous pu particulièrement aider votre entreprise pendant la crise ?

Ivo Wechsler : Pour moi, le plus important, c’est que le directeur financier ait déjà fait ses devoirs avant la crise. Je pense notamment à une information financière transparente, à l'ancrage d'une génération proactive de cash-flow dans l'entreprise, à une structure de bilan saine et à la mise en place d'un noyau dur, une équipe puissante sur laquelle un CFO peut compter même en période difficile. C'est pourquoi la crise n'a pas fondamentalement modifié ma mission en tant que directeur financier. Il y a toutefois eu un besoin de planification diversifiée (à court terme) envisageant divers scénarios en fonction des impondérables et de l'ampleur de la crise du coronavirus.

Deloitte : De nombreux processus ont basculé en ligne pendant la crise, les appels vidéo ont remplacé les réunions en présentiel, les achats en ligne, etc. Quels éléments votre entreprise a-t-elle réalisé en ligne ? Pensez-vous que ce recours accru à la numérisation sera permanent ?

Ivo Wechsler : HUBER+SUHNER avait initié la numérisation bien avant la crise du coronavirus, dans des domaines tels que l'excellence opérationnelle dans les processus industriels, l'interaction avec le client (commerce électronique), la bureautique, etc. Le télétravail fait aussi partie de nos modèles de travail depuis quelques temps et son importance devrait encore s’accroître après le retour à la normale. Les enseignements tirés des étapes de la numérisation sont principalement positifs et nous partons du principe qu'on ne reviendra pas en arrière, maintenant que le pas vers des projets numériques est passé. Néanmoins, pour moi, l'échange en personne reste indispensable, même à l'avenir.

Deloitte : En supposant que les mesures d'endiguement du COVID-19 continuent d’être allégées, dans combien de temps pensez-vous que votre entreprise reviendra aux niveaux d'avant la crise ? Où voyez-vous des opportunités particulièrement intéressantes pour votre entreprise dans la période qui suit la crise du coronavirus ?

Ivo Wechsler : Avec ses solutions, HUBER+SUHNER occupe trois marchés principaux : Communication, Transport, Industrie. Ils ont tous en commun, structurellement parlant, de figurer parmi les marchés de croissance les plus prometteurs et comprennent souvent des applications critiques pour les systèmes dans lesquelles nos capacités d'innovation apportent une contribution significative, comme la 5G, la conduite autonome, les centres de données ou les communications relatives à la sécurité. La rapidité avec laquelle les incertitudes, qui nous touchent en tant qu'individus et en tant qu’entreprises, pourront être éliminées, sera un élément décisif.

* Chaque année depuis 2010, le CFO Forum Schweiz récompense les meilleurs CFO suisses pour leurs performances avec le prix CFO of the Year. Le prix est divisé en trois catégories :

• Swiss Performance Index Extra (SPIEX) sans SMIEXP

• Swiss Market Index Expanded (SMIEXP)

• Membre du CFO Forum Schweiz

De nombreux facteurs conditionnent la remise des prix : personnalité, compétences professionnelles, réalisations particulières, connaissance des affaires et réputation auprès des analystes et investisseurs. Un jury est mis en place pour s'assurer que l'ensemble des performances et des capacités des responsables financiers sont prises en compte. Deloitte fait, avec d'autres grandes entreprises et experts suisses, partie de ce jury.

Ivo Wechsler

HUBER+SUHNER

Ivo Wechsler a étudié la gestion des entreprises à l'Université de Saint-Gall (HSG). Ensuite, il a occupé des postes au sein du service Corporate Finance de l’UBS mais aussi divers postes dans le domaine du contrôle interne et de la trésorerie chez Sunrise et Ascom. Il a rejoint HUBER+SUHNER en 2008 et a pris la tête du département Corporate Controlling. Depuis 2010, Ivo Wechsler est CFO et membre de la direction du groupe, il est responsable des finances et du contrôle de gestion, du service juridique, des relations avec les investisseurs et des achats stratégiques. Au cours de cette période, il a contribué de manière significative à la réussite du développement du groupe HUBER+SUHNER. Depuis 2019, Ivo Wechsler est également membre du conseil d'administration de Zehnder Group AG.