Communiqué de presse
Deloitte CFO Survey : la reprise se confirme et relance les prévisions d’investissements
Zurich, le 22 mai 2018
Les perspectives sont au beau fixe pour les entreprises suisses : les directeurs financiers n’ont pas été aussi optimistes concernant la conjoncture depuis 2009. Les prévisions en matière de chiffres d’affaires devraient permettre de renforcer les investissements. Selon la dernière enquête de Deloitte auprès des CFO, ces derniers se sentent dans l’ensemble confiants, bien que la pénurie de main-d’œuvre qualifiée constitue selon eux un risque croissant. Au niveau européen, la reprise économique se poursuit avec des différences : la Grande-Bretagne souffre dans l’ombre du Brexit tandis que la France profite de l’influence du phénomène Macron.
Les CFO suisses ne se sont pas montrés aussi optimistes concernant la conjoncture depuis le début de l’enquête en 2009. Cet optimisme est en hausse continue depuis le choc du franc. 88 % d’entre eux ont une vision positive des perspectives pour l’économie suisse au cours des 12 prochains mois et seulement 3 % tablent sur une récession. Les perspectives financières des entreprises pour les 12 prochains mois restent légèrement en deçà de la valeur record d’automne 2017, mais représentent le deuxième meilleur résultat depuis celui de la libération du taux de change par la Banque nationale suisse. Plus des deux tiers des CFO (68 %) sont optimistes, 11 % seulement s’attendent à une baisse des résultats. Avec des variations mineures, les perspectives des entreprises restent donc extrêmement positives depuis la fin 2016.
Ill. 1 – Prévisions conjoncturelles en Suisse : Solde net des CFO jugeant positivement / négativement les perspectives conjoncturelles au cours des douze prochains mois
« Le fléchissement du franc suisse et la persistance de la reprise économique dans la zone euro soutiennent le secteur des exportations en Suisse. Cette dernière avait auparavant réussi à conserver en grande partie, voire à augmenter, sa compétitivité, en dépit des défis liés à la crise financière et au choc des taux de change. Elle profite à présent largement de l’embellie du contexte et a un effet revigorant sur l’économie suisse », explique Thierry Aubertin, Associé responsable du département Audit & Assurance chez Deloitte Suisse.
Croissance positive des ventes et des marges
Selon l’enquête réalisée auprès de 100 CFO suisses de grands et moyennes entreprises par le cabinet de conseil Deloitte, les chiffres d’affaires devraient majoritairement augmenter au cours des 12 prochains mois. Plus des trois quarts des CFO (77 %) tablent sur une croissance, contre 12 % craignant un recul. Les chiffres restent donc à un niveau similaire à celui de la précédente enquête. En revanche, les prévisions en matière de marges sont en hausse : 46 % des CFO s’attendent à une augmentation des marges opérationnelles, contre 41 % à l’automne 2017.
L’incertitude perçue par les CFO diminue progressivement depuis le choc du franc : alors que 81 % d’entre eux ressentaient une grande incertitude dans l’environnement économique et financier début 2015, ce pourcentage est tombé à 45 %. Les entreprises se montrent néanmoins prudentes car la propension au risque a légèrement baissé. Concernant l’évaluation des principaux partenaires commerciaux de la Suisse, l’ordre a changé et la France a remplacé l’Allemagne au titre de pays ayant la plus faible incertitude ressentie. La Grande-Bretagne et les États-Unis continuent d’en afficher le même niveau. La plupart des CFO se sont habitués aux incertitudes concernant la collaboration avec la Chine : seulement 15 % tablent sur des incertitudes politiques élevées.
« En Europe, les incertitudes sont quelque peu reparties à la hausse, en raison du manque de clarté de la situation politique en Italie et de la réouverture des discussions sur le rééchelonnement de la dette en Grèce. Une analyse approfondie des risques liés à chaque pays est donc indispensable », explique Alessandro Miolo, Responsable du programme CFO chez Deloitte Suisse.
Ill. 2 – Comparaison des perspectives financières des entreprises européennes (de haut en bas : plus optimiste, inchangées, moins optimiste)
Incertitudes à l’égard de la situation géopolitique mondiale
Les incertitudes des directeurs financiers se cristallisent autour de la situation géopolitique mondiale, mais aussi de défis internes. Les réglementations et la pénurie de main-d’œuvre sont considérées comme des risques croissants. Les risques monétaires se sont en revanche largement atténués. Les directeurs financiers se montrent fortement enclins à investir : environ la moitié d’entre eux (48 %) table sur une augmentation des investissements. Il s’agit de la troisième hausse consécutive et de la valeur la plus élevée après le choc du franc. Du côté des embauches, les prévisions semblent plus modérées : 40 % seulement s’attendent à une augmentation des chiffres, soit un nouveau recul par rapport à l’enquête précédente. « Les entreprises suisses peuvent désormais rattraper la baisse des investissements liée au franc fort. La priorité est aujourd’hui de combler cette lacune en matière d’investissement », analyse Thierry Aubertin.
Retard dans la transformation numérique
Les technologies numériques jouent aujourd’hui un rôle clé dans les entreprises suisses. Cela vaut particulièrement pour l’amélioration des processus (56 %) et le développement de modèles opérationnels (51 %). Selon 63 % des CFO interrogés, les investissements dans les technologies numériques doivent encore sensiblement augmenter en Suisse. Ceci vaut notamment pour les nouvelles améliorations de processus ou organisationnelles, où 80 % des CFO suisses attendent une hausse. L’utilisation de technologies disruptives semble en revanche encore peu répandue. Un cinquième des CFO interrogés envisagent de ne pas investir dans ce domaine et 43 % seulement indiquent souhaiter accroître leurs dépenses à cet égard.
« Si la transformation numérique figure tout en haut de la liste des priorités de la plupart des entreprises, de nombreux CFO ignorent encore qu’elle permet d’améliorer les processus existants et de révolutionner les modèles d’affaires. La Suisse ne fait pas partie des leaders numériques sur le plan international et doit combler son retard notamment dans les domaines de la culture de la création d’entreprises, de la disposition à investir et des brevets. Pour conserver leur avantage concurrentiel, les entreprises suisses doivent tirer parti de nouvelles opportunités de croissance et exploiter pleinement la marge de manœuvre pour la numérisation », commente Alessandro Miolo.
Le moteur économique vrombit en Europe
Les résultats de l’enquête auprès des CFO dans 19 autres pays font également apparaître une image positive. La reprise économique en Europe se poursuit. Si les perspectives des entreprises faiblissent légèrement par rapport à l’automne 2017, elles restent nettement positives. Les prévisions des chiffres d’affaires et de marges continuent de s’améliorer selon la moyenne européenne ; les prévisions en matière d’investissement et d’effectifs futurs sont positives.
Il existe toutefois des différences sensibles entre les pays. La France continue de faire partie des pays optimistes et la Grande-Bretagne des pays pessimistes. L’Allemagne, principal partenaire commercial de la Suisse, se montre plutôt confiante, ce qui est de bon augure pour le secteur des exportations en Suisse, en phase de reprise.
Certains risques subsistent néanmoins : une augmentation du protectionnisme et des cyberattaques semble clairement au premier plan des préoccupations en Europe. Pour l’Allemagne, les principaux risques se situent du côté de la pénurie de spécialistes et de la géopolitique. Pour la France, les risques majeurs se situent au sein de l’Europe même du côté de la politique sociale et fiscale ainsi qu’au travers d’obstacles potentiels à la croissance. Pour l’Italie, les risques sont cantonnés au pays lui-même : ils sont liés aux réglementations nationales et aux incertitudes politiques. Du côté britannique, les principaux risques sont un recul de la croissance nationale et les conséquences du Brexit.
Brexit versus Macron
« La décision du Brexit et l’élection d’Emmanuel Macron à la présidence française ont une influence considérable sur l’économie et le climat au sein des entreprises dans les pays concernés. Leur impact à long terme reste cependant encore incertain. Si le succès supposé des premières réformes entreprises par Macron a des conséquences positives, les attentes sont à la hausse : sans succès rapide sur le plan de la politique économique, le climat peut de nouveau vite basculer. Moins d’un an avant la sortie attendue de l’Union européenne de la Grande-Bretagne, les modalités de cette sortie demeurent floues, de sorte que l’incertitude concernant le contexte économique futur reste élevée », explique Thierry Aubertin.
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