Dans un communiqué publié aujourd’hui, 3M a indiqué que l’administration lui avait demandé de cesser d’exporter les respirateurs qu’elle fabrique aux États-Unis vers les marchés canadien et latino-américain. La société a toutefois fait savoir que si elle arrêtait de fournir des respirateurs aux travailleurs de la santé au Canada et en Amérique latine, où elle est un fournisseur critique de respirateurs, cela aurait des incidences humanitaires importantes. Le premier ministre Trudeau a fait une mise en garde à l’administration Trump afin que la frontière Canada–États-Unis reste ouverte au commerce de biens essentiels. Toutefois, cela laisse entrevoir la possibilité d’importantes retombées à l’issue de la crise : peut-être assisterons-nous à une montée de la souveraineté industrielle dans les affaires économiques. Certains pays pourraient juger que certains biens essentiels devraient être produits à l’intérieur de leurs frontières pour pouvoir combler les besoins urgents et se protéger des pénuries. Cela pourrait également définir et modifier les chaînes d’approvisionnement mondiales. C’est une chose à laquelle il faut réfléchir tandis que la situation évolue.
Les salaires non agricoles aux États-Unis ont chuté de 701 000 en mars, le taux de chômage augmentant de près de 1 point de pourcentage pour s’établir à 4,4 pour cent. Ce résultat met en lumière l’une des particularités de ce ralentissement : le déclin de l’activité dans les services. Généralement, les secteurs de production de biens connaissent la diminution la plus rapide et la plus marquée lors d’un ralentissement. Cependant, les deux tiers des emplois perdus en mars étaient dans les secteurs du tourisme d’accueil et des loisirs, principalement dans les services d’alimentation. Comme prévu, le secteur du détail a tiré les résultats vers le bas. Le secteur des biens de consommation n’a toutefois pas été à l’abri, comme en témoigne la diminution de l’emploi dans le secteur manufacturier. Nous prévoyons toujours que le taux de chômage dépassera le cap des 10 pour cent à court terme.
Les dernières données sur l’indice des directeurs d’achats (PMI) montrent une récession très nette, à l’échelle de l’Europe. Les indices PMI sont descendus beaucoup plus bas qu’au pire de la récession de 2008-2009. Les résultats indiqués dans les sondages de l’Espagne, de la France et de l’Allemagne sont les pires que ces pays n’aient jamais indiqués depuis le début de l’indice, il y a plus de 20 ans. En ce qui concerne la zone euro dans son ensemble, l’indice PMI composé d’IHS Markit des secteurs des services et de la fabrication est passé de 51,6 en février à seulement 29,7 en mars; lui aussi n’a jamais été aussi bas depuis ses débuts, il y a 22 ans. Même constat au Royaume-Uni : l’indice est passé de 53,2 à 34,5.
Il est important de souligner qu’en plus du ralentissement causé par la pandémie, l’économie canadienne subit un grave choc pétrolier. Pour les producteurs de pétrole canadiens, deux prix de référence font la pluie et le beau temps. Certains vendent leurs stocks au prix du pétrole brut du West Texas Intermediate (WTI) tandis que d’autres s’alignent sur le prix du Western Canada Select (WCS). Le WTI a commencé l’année près de la marque des 60 $ US le baril pour ensuite dégringoler et finir le mois de mars aux environs de 20 $ US le baril. Pire, le WCS est passé à 5 $ US le baril. Les prix du pétrole ont terminé la semaine sur une légère embellie – une hausse de presque 8 $ US – en prévision d’une possible annonce, prévue pour la semaine prochaine, de la réduction de la production de l’OPEP. Outre ces fluctuations, le secteur pétrolier canadien est mis à mal par la faiblesse des prix de l’énergie. Le gouvernement fédéral est toujours muet quant aux éventuelles mesures d’aide au secteur gazier et pétrolier auxquelles on fait allusion depuis un certain temps.