Le sentiment à l’échelle mondiale est que nous passons par-dessus l’anxiété causée par le déclin économique marqué pour penser à la façon de gérer la reprise à venir. Cette tendance s’observe dans le changement de climat sur les marchés des capitaux et dans les commentaires des décideurs politiques à l’étranger. Tout cela est probablement attribuable à l’amélioration des conditions économiques en Asie (plusieurs observent la Chine et d’autres pays pour voir à quoi ressemblera la nouvelle normalité une fois que les mesures du confinement auront été assouplies) ainsi qu’aux signes indiquant que l’Europe réussit à aplanir la courbe des nouveaux cas. C’est une bonne nouvelle et c’est pourquoi nous avons lancé le tableau de bord de la reprise économique de Deloitte pour aider les entreprises à savoir où nous en sommes dans le cycle.
Hier fut une autre journée accompagnée d’un nouveau changement apporté au programme des subventions salariales annoncé par le gouvernement fédéral. Le premier ministre Trudeau a déclaré que les entreprises seront admissibles si elles affichent une diminution de 15 % de leurs revenus en mars, comparativement au seuil initial de 30 %, pour tenir compte de l’évolution de la pandémie depuis la mise œuvre du programme au milieu du mois. Il a également indiqué que les mois de comparaison aux fins de l’admissibilité au programme sont mars, février ou janvier. Les organismes à but non lucratif peuvent inclure ou exclure la subvention du gouvernement dans le calcul de la perte de revenus.
Parmi les questions qui me sont posées, on me demande souvent ce qu’il en est des subventions salariales pour aider les entreprises en démarrage? Or, celles-ci ne sont pas éligibles, simplement parce qu'elles ne subissent pas de baisse de revenus. Je pressens que de nombreuses petites entreprises vont encore faire faillite pendant ce déclin économique dramatique. Et j’en déduis que, bien que les politiques ciblant les entreprises en phase de démarrage ne figurent pas en tête de liste des priorités pour le moment, lorsque nous constaterons une amélioration de la situation sanitaire et que nous pourrons commencer à envisager un assouplissement des mesures de confinement, il deviendra très important de trouver des moyens d'encourager le développement des entreprises en phase de démarrage.
Les employeurs qui bénéficient du programme Emplois d'été Canada (EÉC) recevront une subvention pouvant atteindre 100 % du salaire afin de couvrir le coût d’embauche de 70 000 étudiants cet été, que les emplois soient à temps plein ou à temps partiel. Cette extension du programme d’aide est très positive. Les jeunes constituent un des segments du marché du travail qui sont les plus touchés en période de ralentissement économique, car, non seulement la demande de main-d'œuvre est-elle plus faible, mais les jeunes sont-ils en concurrence avec des travailleurs expérimentés qui ont été licenciés. Le fait de subventionner entièrement un nombre important d'emplois d'été est donc une mesure positive. Les nouveaux diplômés bénéficieront certes de la subvention salariale fédérale de 75 % s'ils sont recrutés par des entreprises qui ont connu une forte baisse de leurs revenus, mais il pourrait s’avérer judicieux de penser à aider les nouveaux diplômés à rivaliser sur un marché du travail concurrentiel pour décrocher des emplois dans des entreprises qui ne peuvent pas bénéficier de la subvention salariale.
Au Canada, les mises en chantier ont baissé de 7,3 pour cent en mars par rapport à février pour s’établir à 195 200, la faiblesse étant concentrée dans les habitations multifamiliales. Ces données reflètent le portrait de la construction résidentielle avant le plongeon à venir au deuxième trimestre. Ce point de vue est soutenu par les estimations éclair sur les permis de bâtir de Statistique Canada. Habituellement, les données statistiques de l’organisme sont décalées de deux mois, mais StatCan a publié des données provisoires pour mars ̶ une décision que nous saluons – et nous espérons que d’autres données semblables seront publiées. Les permis de bâtir ont chuté de 23,2 pour cent le mois dernier par rapport à l’année précédente, ce qui se traduira par une baisse des activités de construction dans les mois à venir.
Les plus importantes baisses sont enregistrées dans des municipalités du centre du Canada et reflètent la déclaration de l’état d’urgence en Ontario et au Québec à la mi-mars. À Montréal, le nombre de permis de bâtir demandés a diminué de 37,6 pour cent en mars par rapport à la même période l’année précédente. En Ontario, la valeur des permis attribués a chuté de 50,5 pour cent par rapport à mars 2019.