Accélérer la transition vers des transports commerciaux plus verts

Partout dans le monde, sous l’effet des exigences gouvernementales, des mesures incitatives et de l’évolution des préférences des consommateurs, la carboneutralité s’impose de plus en plus comme l’objectif à atteindre. Cette quête n’est pas sans créer des perturbations dans le secteur canadien des transports, car elle stimule l’adoption des véhicules électriques (VE), une réalité qui, pour bien des organisations publiques et privées , suscite de questions qu’elle donne de réponses. La décarbonation des transports passe-t-elle par l’électricité ou par l’hydrogène? Qui seront les principaux acteurs du futur écosystème des VE? Quels seront les systèmes de soutien essentiels à la transition la plus harmonieuse et la moins chaotique possible des parcs de véhicules?

Dans le but de bien cerner les possibilités, les défis et les risques associés à cette transformation de grande envergure de l’univers des transports, Deloitte Canada a lancé en 2022 le forum sur l’avenir des transports. L’objectif est de réunir tous les acteurs de l’écosystème des véhicules connectés, autonomes, partagés et électriques (CAPE) au sein d’une instance rassembleuse. Au cours des 12 derniers mois, nous avons tenu avec succès deux éditions de ce forum et convié des acteurs clés de divers secteurs à une série d’expériences de collaboration dans le cadre de notre programme du centre Greenhouse.

Ces laboratoires se sont déroulés conformément à une méthode rationalisée pour favoriser l’émergence des idées, recueillir des perspectives et établir des plans d’action :

Ce que nous a appris le plus récent forum sur l’avenir des transports

• À l'heure actuelle, les propriétaires canadiens de parcs de véhicules abordent la décarbonation en cherchant surtout à électrifier les véhicules servant aux livraisons du dernier kilomètre et le transport à courte et moyenne distance (rayon d’environ 200 kilomètres) et en évaluant s’il est faisable d’utiliser des véhicules à hydrogène sur les longs trajets. Grâce aux progrès des technologies liées aux batteries, l’autonomie des VE est en augmentation rapide.
• Bien des organisations ont accompli des progrès considérables dans leur parcours vers l’électrification et de nombreux participants ont reconnu en être à l’étape des projets pilotes et de l’opérationnalisation.
• D’importants investissements sont déjà en cours, et la question n’est plus tant de savoir s’il faut électrifier les parcs de véhicules, mais plutôt de trouver les moyens d’opérationnaliser cette électrification tout en générant un rendement sur le capital investi.
• Les participants étaient convaincus de leur capacité d’accélérer la transition vers des parcs de véhicules électrifiés dès que les principaux défis et les principales contraintes d’infrastructure auront été réglés.
• La plupart des participants à l’atelier doutaient de la capacité du Canada de mettre sur pied une infrastructure de VE fiable pour les aider à atteindre leurs objectifs d’électrification des parcs de véhicules d’ici 2030, étant donné les progrès accomplis à ce jour.

Gestion de la décarbonation des parcs de véhicules par les organes directeurs

Dans le budget fédéral de 2023, le gouvernement du Canada a affecté des crédits impressionnants de 20 milliards de dollars à la Banque de l’infrastructure du Canada (BIC) pour qu’elle contribue à la mise en place d’une infrastructure de distribution d’électricité propre et a lancé un programme de crédits d’impôt de 83 milliards de dollars dans le secteur de l’énergie propre. La province de la Colombie-Britannique a quant à elle officiellement annoncé un objectif ambitieux : d’ici 2030, au moins 90 % des véhicules légers neufs vendus dans la province devront être des VE. Parmi les autres mesures provinciales lancées pour stimuler les achats de VE et le développement d’une infrastructure de recharge, mentionnons le programme québécois qui offre jusqu’à 7 000 $ de rabais à l’achat ou à la location d’un VE neuf.

Principaux défis à relever

• Le passage à la mobilité électrique met en cause de nombreuses entités (administrations publiques, fournisseurs de services publics, propriétaires de parcs de véhicules, FEO, fournisseurs d’infrastructure, etc.), ce qui complexifie la mobilisation des parties intéressées et la mise en place d’une transition harmonieuse. Il sera donc important de bien définir les rôles et les responsabilités de chacun et le cadre de responsabilisation à l’intérieur duquel chaque entité devra travailler.
• Les organisations privées ont souvent du mal à naviguer dans les méandres de l’administration publique (provinciale et fédérale) et des fournisseurs de services publics en raison des différences dans les politiques, les styles de travail ou les capacités opérationnelles de chacun. Les entités publiques peuvent favoriser une meilleure collaboration entre les secteurs public et privé en créant des canaux directs et en améliorant l’engagement.
• Il est possible de contrebalancer le caractère parfois flou des exigences de consommation d’énergie par rapport à l’offre disponible et la longueur des délais de mise à niveau énergétique par une communication transparente des besoins en énergie prévus entre les propriétaires de flottes et les fournisseurs d'électricité, de manière à ce que des stratégies appropriées de gestion et d'approvisionnement en énergie puissent être élaborées.
• Les gouvernements devront promouvoir des investissements plus importants dans la mise en place d’infrastructures électriques en collaborant étroitement avec les fournisseurs de services publics et les utilisateurs finaux pour comprendre leurs besoins futurs d’approvisionnement et la future demande d’énergie.
• Il existe actuellement une pénurie de compétences et de capacité de formation dans les nouvelles professions issues de l’écosystème des VE. Les organes directeurs devraient miser sur toutes les occasions qui se présentent de stimuler le développement des compétences propres aux VE au sein de la main-d’œuvre en améliorant les programmes existants de perfectionnement des talents et des compétences, et en créant de nouvelles possibilités d’apprentissage et de formation.
• Des entreprises en démarrage peuvent réduire les dépenses d’investissement des propriétaires de parcs de véhicules en proposant des solutions novatrices qui s’ajouteraient à l’infrastructure des VE, notamment des stations de recharge multi-utilisateurs hors site qui leur seraient réservées (recharge de véhicules à l’extérieur des installations d’une organisation).

Accélération des efforts

Maintenant que les grands défis et les occasions  sont définis, le Canada doit absolument presser le pas et renforcer la dynamique déjà installée dans la promotion et l’adoption des VE. Les organisations peuvent accélérer poursuivre l’électrification de leurs parcs de véhicules par une approche de collaboration, d'expérimentationen adoptant une approche axée sur la collaboration, le déploiement de projets pilotes et l’opérationnalisation et de mise à l’échelle ainsi qu’en mettant l’accent sur les aspects les plus complexes de la gestion dess multiples acteurs de l’écosystème des VE et sur l’évolution constante des besoins en énergie et en talents.

Il sera crucial d’établir des alliances durables avec les fournisseurs de services publics et d’infrastructure, avec les différents paliers gouvernementaux et avec les concurrents pour aider les organisations à atteindre le stade à partir duquel elles peuvent mener un projet pilote officiel qui servira à étendre la décarbonisation de la flotte et à recueillir des enseignements.

Ces projets pilotes jouent un rôle utile dans le processus consistant à démontrer si l’électrification des parcs de véhicules est une solution de transport applicable et réalisable au Canada. Cependant, plutôt que de faire cavalier seul, il pourrait être intéressant qu’une coalition d’organismes publics et privés lance un projet pilote dans un territoire plus petit ou une région, par exemple, un port, une ville, un corridor ou une zone au Canada. Le succès d’un tel projet sera tributaire de la volonté des entreprises à investir dans des véhicules et des infrastructures, ainsi que de la capacité des autorités à accélérer le processus d’approbation et à offrir de meilleurs incitatifs aux premiers adopteurs.

Un projet pilote réussi deviendrait un cas d’utilisation sur lequel les parties prenantes pourraient s’appuyer pour poursuivre la transformation initiée, ce qui contribuerait à abattre les obstacles restants à l’adoption généralisée des VE. Il s’agit notamment de s’assurer qu’on disposera de suffisamment d’électricité pour répondre à la future demande d’énergie des infrastructures de recharge et alléger les formalités administratives.

Dès que les leçons tirées du programme pilote auront été assimilées, des efforts pourront être déployés pour étendre l’électrification de manière plus large dans les collectivités, villes, provinces et, finalement, à l’échelle du pays. Pour chaque nouvel emplacement, des défis uniques se poseront (par exemple, la connectivité limitée dans les régions éloignées, les longs trajets comptant très peu d’emplacements pratiques pour la recharge des véhicules et les conditions climatiques extrêmes), et les coalitions et les alliances joueront donc un rôle vital dans le partage de l’information et le succès de l’électrification.

Un parcours fiable

• Malgré la complexité du parcours qui mènera à l’électrification à grande échelle des parcs de véhicules au Canada, si les principaux acteurs de l’écosystème des VE sont présents et que les contraintes infrastructurelles sont gérées au moment opportun, il sera possible de le parcourir en douceur. Voici quelques points à considérer :
• Il ne manque pas d’occasions d’améliorer les initiatives et les politiques propres aux VE afin de permettre à l’écosystème d’atteindre ses objectifs et, plus important encore, de procurer au Canada les moyens de devenir un leader mondial de l’électrification tout en se dotant d’un secteur des transports plus durable.
• Malgré la pénurie éventuelle de compétences et de main-d’œuvre évoquée précédemment, le Canada possède un avantage distinctif, en l’occurrence son taux de croissance démographique alimenté par des programmes d’immigration qui attirent une main-d’œuvre jeune et qualifiée.
• Un écosystème tourné vers la collaboration, dirigé par des entreprises privées et des organismes publics, peut servir de catalyseur et favoriser un environnement propice à l’adoption, à l’innovation et à la mise à l’échelle des parcs de véhicules électriques.
• Le Canada peut tirer des leçons des réussites d’autres pays et établir la pertinence de ces cas d’utilisation, quelles adaptations seront nécessaires pour répondre aux besoins uniques du Canada, et la nature des coalitions et de la collaboration pour reproduire ici ces réussites.

Destination : succès

Il est certain que le secteur des transports connaîtra des perturbations, et des efforts importants ont d’ailleurs déjà été déployés pour mettre en place les changements nécessaires. Il faudra néanmoins porter une grande attention à la mise en place d’une infrastructure répandue et fiable pour les VE, au perfectionnement de la main-d’œuvre avec des compétences propres aux VE, à la poursuite des objectifs de durabilité, à l’augmentation de la mobilisation et à l’élaboration de stratégies plus efficaces de gestion de l’énergie et des approvisionnements énergétiques. Tous les acteurs de l’écosystème des VE au Canada devront unir leurs forces pour faire progresser l’ensemble du système vers ces objectifs essentiels.

Deloitte Canada s’est engagé à être un rassembleur au sein d’un écosystème des VE novateur afin de façonner activement l’avenir des transports au Canada. Cette initiative est une manifestation de la raison d’être du Cabinet : avoir une influence marquante.

Parlons-en!

Damu Prabhu
Associé, Cyberrisques et risques stratégiques
daprabhu@deloitte.ca | LinkedIn

Darren Plested
Associé, Avenir des transports et de la mobilité
dplested@deloitte.ca | LinkedIn

Stephen Meagher
Directeur de service, Services d’exécution d’avant-garde
smeagher@deloitte.ca | LinkedIn

Seif Kefi
Leader régional du marché, centre Greenhouse Deloitte
skefi@deloitte.ca | LinkedIn