Points de vue
Établir des relations de confiance
Investir dans l’impact social en Ontario
Vous voulez plus de votre investissement? Découvrez comment les obligations à impact social aident l’Ontario à affronter ses défis sociaux.
Écrit par Shannon MacDonald, Michael Wenban and Gianni Ciufo.
Investissements à impact en Ontario
Seriez-vous prêt à investir pour que les prisonniers récemment libérés ne récidivent pas?
Il est clair que ce n’est pas un investissement traditionnel. Les obligations à impact social sont une nouvelle façon de résoudre les problèmes sociaux.
Les pouvoirs publics canadiens se joignent à cette tendance mondiale en plein essor et sont en train de prendre des mesures pour lancer leurs propres obligations du genre.
En fait, la province de la Saskatchewan s’en fait même la pionnière. Le gouvernement provincial vient d’annoncer sa propre obligation à impact social, la première au Canada. Il espère obtenir 1 million de dollars pour monter une résidence communautaire pour les mères célibataires à risque.
Pour comprendre comment ces obligations fonctionnent, on peut les comparer à un financement participatif pour nos problèmes les plus difficiles à résoudre. Au lieu d’aider à cartographier le génome humain, vous contribuez à résoudre des problèmes chroniques comme le problème des sans-abri.
La Saskatchewan n’est pas seule. D’autres provinces prennent des mesures timides en la matière :
- La Nouvelle-Écosse, le Nouveau-Brunswick, l’Alberta et la Colombie-Britannique se sont tous dits intéressés par ce nouveau type d’investissement.
- En mars, les pouvoirs publics de l’Ontario ont lancé une demande d’idées concernant des difficultés prioritaires, notamment le logement, la jeunesse à risque et l’amélioration des perspectives d’emploi pour les personnes faisant face à des obstacles sur le marché du travail.
Entre-temps, le gouvernement fédéral a aussi reconnu le potentiel de la finance sociale et a ciblé 15 projets possibles allant de la réduction du récidivisme chez les jeunes délinquants à la formation de Canadiens autochtones à des métiers qualifiés.
Capital privé pour le bien de tous
Les obligations à impact social ne sont pas comme les programmes sociaux traditionnels parce qu’elles s’attaquent à la source d’un problème social au lieu d’en traiter le symptôme. Elles reposent sur un modèle d’intervention et de prévention et cherchent à créer un changement durable en résolvant des problèmes de fond.
Elles rassemblent les pouvoirs publics, les fournisseurs de services sociaux et les investisseurs privés grâce à un modèle de paiement au rendement qui rémunère les investisseurs lorsque les résultats sociaux sont atteints.
Comment fonctionnent-elles?
- Les pouvoirs publics cernent un problème et le résultat souhaité. Par exemple : réduire de 10 % le récidivisme chez les personnes en liberté conditionnelle.
- Un fournisseur de service qualifié présentant des interventions novatrices et s’occupant des causes profondes accepte de s’attaquer au problème.
- Les pouvoirs publics émettent un contrat d’obligation à impact social pour obtenir des fonds auprès d’investisseurs.
- Les pouvoirs publics acceptent de rembourser l’investissement avec intérêts, mais seulement si le projet est réussi.
Le fait que l’investissement n’est remboursé que si le projet est réussi encourage la responsabilisation et l’efficacité, des qualités attirantes pour les investisseurs s’intéressant aux problèmes sociaux et souhaitant obtenir le plus d’impact pour leur investissement.
Avoir un impact
Le domaine des investissements à impact, y compris les obligations à impact social, se développe rapidement à l’échelle mondiale. À l’heure actuelle, 350 fonds d’investissement à impact contrôlent 36 milliards de dollars de capital. Ce marché est déjà grand, mais les perspectives de croissance sont importantes.
Si seulement 1 % du marché mondial des investissements s’orientait vers les investissements à impact, un billion de dollars pourraient être investis pour le bien public.
Même 1 % des marchés canadiens de capitaux équivaudrait à 30 milliards de dollars, soit bien plus que les 100 millions de dollars d’investissements à impact, liés à des missions de fondations, estimés par le groupe de travail canadien sur la finance sociale.
Prochaines étapes pour l’Ontario
Une étude récente de Deloitte et du MaRS Centre for Impact Investing conclut que les marchés de capitaux sont en train d’en tenir compte. Deloitte a sondé 80 investisseurs potentiels, de grandes fondations aux particuliers, pour évaluer leur intérêt envers les obligations à impact social, et le capital potentiel a été évalué à environ de 30 à 40 millions de dollars. De nombreux investisseurs étaient prêts à investir plus d’un million de dollars.
Les investissements à impact sont encore loin de leur plein potentiel en Ontario. Les pouvoirs publics devraient analyser les obligations de ce type à l’étranger (surtout au Royaume-Uni et aux États-Unis) pour avoir des exemples de réussite.
Les gouvernements doivent :
- Trouver de meilleurs outils pour mesurer les résultats
- Créer des mesures incitatives pour mobiliser le capital privé
- Se doter d'une structure aussi grande que possible pour autant de personnes voulant trouver des solutions.
Il est temps de saisir l’occasion de résoudre des problèmes que sont les obligations à impact social. En fait, dans une période où les programmes à financement public et de protection sont sous pression en raison de l’évolution de la population et la stagnation des économies, nous n’avons donc plus le choix.
Pour en savoir plus sur les perspectives d’investissement des obligations à impact social, consultez notre rapport, Obligations à impact social au Canada : Analyse pour les investisseurs.
Shannon MacDonald est associée chez Deloitte et leader du service à la clientèle auprès du gouvernement de l'Ontario.
Michael Wenban est ancien président du Monitor Institute et dirige l’initiative des investissements à impact de Deloitte.
Gianni Ciufo dirige la pratique nationale des finances sociales de Deloitte.