Perspectives

Monnaies numériques : comment se protéger dans un contexte incertain

Mesures pour atténuer le risque de blanchiment d’argent et de financement d’activités terroristes

Avec la chaîne de blocs, les monnaies numériques et les premières émissions de cryptomonnaies qui continuent de gagner en popularité, les organismes de réglementation internationaux s’efforcent d’établir des règlements standardisés, qui se révèle une tâche ardue, c’est le moins qu’on puisse dire. Non seulement le contexte actuel des monnaies numériques est-il un terrain inconnu, mais les nouvelles variables qui s’ajoutent à un rythme effréné transforment continuellement l’environnement et, par la même occasion, la démarche réglementaire qui semblait la plus évidente.

Malgré cette incertitude, une constante émerge lentement : l’importance de réglementer les monnaies numériques et d’assujettir certains acteurs de l’écosystème à des exigences en matière de lutte contre le blanchiment d’argent et le financement d’activités terroristes.

Pour les banques qui espèrent garder une longueur d’avance sur ces changements réglementaires inévitables, revoir les lignes directrices internes en matière de lutte contre le blanchiment d’argent et le financement d’activités terroristes en tenant compte des monnaies numériques serait un bon point de départ. Initialement, cela signifie s’interroger sur la pertinence de permettre à des bourses de monnaies numériques de s’intégrer aux services bancaires offerts à la clientèle. Les banques devront également déterminer si elles permettront aux clients actuels d’effectuer des opérations auprès de bourses de monnaies numériques et comment elles composeront avec les clients qui s’engageront dans la vente de jetons.

« Les banques choisiront-elles d’éviter les opérations auprès de bourses de monnaies numériques? Permettront-elles à leurs clients d’effectuer des transferts d’argent en monnaies numériques auprès de telles bourses? Quels seront les produits utilisés (p. ex., cartes de crédit) pour effectuer ces opérations? Ce sont toutes des questions auxquelles les banques devront répondre à mesure qu’elles progresseront dans ce nouvel environnement virtuel », a déclaré Sandeep Chopra, directeur principal, Conseils en gestion des risques de Deloitte.

À la lumière de ces changements, il est justifié d’examiner les politiques existantes et de les mettre à jour, au besoin. Par exemple, si une institution financière dispose déjà d’une politique provisoire régissant les différents acteurs de l’écosystème des monnaies numériques, le moment est peut-être venu d’élaborer des exigences d’orientation plus précises pour ces acteurs, comme l’obligation de rehausser le contrôle diligent.

« Quelles que soient les modifications apportées aux politiques, une chose est sûre : afin de surveiller les opérations en monnaies numériques pour lutter contre le blanchiment d’argent, les banques doivent mieux comprendre les opérations en cryptomonnaies de leurs clients et savoir à qui elles ont affaire », a indiqué Caroline Costello, directrice principale, Conseils en gestion des risques de Deloitte.

Pour ce faire, les banques pourraient s’interroger sur la manière de repérer efficacement les clients qui effectuent des opérations auprès de bourses de monnaies numériques, ceux qui agissent comme bourse et les types de transactions pouvant engendrer des risques liés aux monnaies numériques. Il pourrait également être avantageux pour les banques d’établir des processus qui leur permettraient de surveiller ces clients et ces transactions, et ainsi de recevoir des signaux d’alarme dans les cas possibles de blanchiment d’argent. Par exemple, l’analyse d’activités sur le réseau et de données pertinentes au moyen de méthodes de pointe pourrait contribuer à déceler des opérations et des tendances inhabituelles, comme les suivantes :

  • Transactions à haute vélocité
  • Nombre inhabituel de transactions
  • Déséquilibre entre les activités entrantes et sortantes
  • Comptes comprenant principalement des cryptomonnaies
  • Transactions très fréquentes auprès de différentes bourses

Grâce à ces renseignements, les institutions financières seront mieux placées pour mettre au point des règles et des scénarios afin de surveiller plus efficacement les monnaies numériques, un avantage inestimable dans le contexte réglementaire incertain d’aujourd’hui. Une telle démarche proactive peut aider les banques à se protéger contre le risque accru de blanchiment d’argent engendré par les monnaies numériques, en plus de les positionner adéquatement dans leur parcours vers la conformité réglementaire inévitable.

Compte tenu de l’évolution rapide du secteur, une telle préparation pourrait constituer un véritable avantage.

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