Perspectives
À la découverte de nouveaux horizons
Comment les F&A changeront après la pandémie
Il est encore trop tôt pour dire à quoi ressemblera le monde post-pandémie, mais une chose est sûre : la façon dont les entreprises font des affaires ne sera plus jamais la même.
Oui, 2020 a été une année sans précédent, mais les entreprises doivent maintenant penser différemment
Il est encore trop tôt pour dire à quoi ressemblera le monde post-pandémie, mais une chose est sûre : la façon dont les entreprises font des affaires ne sera plus jamais la même. C’est particulièrement vrai dans le domaine des fusions et acquisitions (F&A), où il était courant que les dirigeants voyagent sur différents continents pour se voir en personne. De nombreuses entreprises tentent toujours de renouer avec la croissance, et bon nombre d’entre elles pourraient devoir envisager des stratégies de restructuration et d’optimisation de portefeuille qu’elles n’avaient pas eu à considérer auparavant. Toutefois, les entreprises qui ont obtenu de bons résultats au cours de la dernière année pourraient avoir des occasions de croissance qui ne leur étaient pas accessibles avant le début de la crise de la COVID-19.
Malgré tout, l’avenir des F&A demeure prometteur. Bien que les transactions aient été mises sur pause au début de la pandémie, elles ont connu une forte hausse pendant le reste de 2020, avec plus de 3 billions de dollars de transactions mondiales avant la fin de l’année, selon Iain Macmillan, associé directeur, leader mondial des Services de F&A, Deloitte Royaume-Uni. Plusieurs de ces transactions ont eu lieu après les diverses annonces concernant les vaccins, dont 63 milliards de dollars dans la semaine après que Pfizer a déclaré avoir un vaccin efficace. « Cela en dit long sur la ténacité et l’adaptabilité des négociateurs et des conseillers », remarque-t-il.
Même si ces chiffres sont très bons, y compris sur le marché canadien, qui a également enregistré des transactions records l’an dernier, rien ne s’est fait de la façon habituelle. Les dirigeants d’entreprise ont réalisé que pour prospérer à l’avenir, ils doivent modifier leur approche des F&A. Cela comprend l’instauration de capacités multidimensionnelles, de modèles d’affaires numériques et de réseaux de chaînes d’approvisionnement plus solides. Une grande partie des activités en 2020 étaient ce que M. Macmillan appelle des « transactions non traditionnelles », notamment des alliances intersectorielles, des co-investissements avec des fonds de capital-investissement, des transactions visant à sécuriser les chaînes d’approvisionnement et des transactions de F&A perturbatrices visant à acquérir des entreprises en démarrage novatrices.
Stratégies défensives et offensives nécessaires
À l’avenir, les entreprises devront prioriser leurs choix et mettre en place des programmes pour traverser les crises. Selon Catherine Code, leader nationale des F&A de Deloitte Canada et vice-présidente, les trois phases pour sortir d’une crise dans ce cas sont les suivantes : réagir au choc des réalités de la COVID-19, se remettre de la pandémie et trouver un moyen de prospérer dans un nouveau contexte d’affaires.
Le rapport À la découverte de nouveaux horizons (Charting New Horizons) portant sur le cadre de la reprise, publié par Deloitte en juillet 2020, aide les entreprises à élaborer de nouvelles stratégies de F&A. « Il apporte un éclairage essentiel sur les objectifs tout en dégageant les incertitudes et les choix stratégiques nécessaires », explique Mme Code. Le document présente certaines stratégies offensives et défensives, dont bon nombre ont été mises en œuvre au cours de la dernière année.
« Par exemple, du côté défensif, plusieurs entreprises se sont concentrées sur des désinvestissements rapides (c.-à-d. des ventes et d’autres formes de cession) pour protéger leur valeur, tandis que d’autres ont choisi de protéger leurs marchés par la consolidation, ce qui était particulièrement vrai dans le secteur de l’énergie, des ressources et des produits industriels », affirme Mme Code. D’autres encore ont passé du temps à évaluer les secteurs de croissance et ont vendu des actifs non essentiels.
Certaines des entreprises qui ont choisi une démarche offensive ont consacré beaucoup d’énergie à accélérer leurs transformations numériques en achetant des actifs numériques. Selon Mme Code, d’autres ont établi des alliances intersectorielles, en partie avec des entreprises du secteur des technologies et d’autres secteurs, afin de faciliter l’entrée sur de nouveaux marchés et de tirer parti d’occasions sous-évaluées.
« À mesure que les entreprises passent de la phase de reprise à celle de la prospérité – la plupart ayant déjà franchi la phase réaction –, les dirigeants sont pressés de démontrer les avantages à long terme de leurs activités de F&A, explique Mme Code. Les dirigeants des secteurs doivent tenir compte non seulement de l’incidence financière des activités de F&A des entreprises, mais aussi de l’incidence environnementale et sociétale de leurs actions, et s’assurer qu’elles utilisent les données de manière éthique pour inspirer confiance à leurs parties prenantes. »
Une année encore meilleure à venir
Pour 2021, Peter Sozou, associé directeur des Services-conseils en F&A de Deloitte Canada et Chili, affirme que les entreprises continueront d’utiliser toutes sortes d’approches. « Il y a eu une symétrie incroyable entre les stratégies offensives et défensives en 2020, observe-t-il. Et de nombreuses entreprises se tourneront vers les F&A pour accélérer leur reprise. »,
Il s’attend à ce que davantage d’entreprises déploient un plus large éventail de stratégies de croissance externe, comme l’acquisition de technologies perturbatrices et novatrices, des partenariats et des collaborations avec des pairs, des co-investissements avec des fonds de capital-investissement et un partenariat avec le gouvernement. Les facteurs sociaux et environnementaux stimuleront également les transactions au cours de la prochaine année, comme le pense aussi Mme Code.
Dans l’ensemble, M. Sozou, Mme Code et M. Macmillan soutiennent que 2021 pourrait être une autre année record pour les transactions. En raison des montants de trésorerie sans précédent des entreprises et des réserves de capitaux importantes des fonds d’investissements financiers, ainsi que de faibles taux d’intérêt et d’une forte disponibilité du crédit facilement accessible, les F&A joueront probablement un rôle important dans la reprise économique mondiale à mesure que diverses parties prenantes poursuivront leur croissance dans le cadre de leur phase de prospérité. « Nous nous attendons à ce que 2021 se poursuive là où l’année dernière s’est arrêtée, affirme M. Sozou. Mais le contexte des F&A après la crise sera sensiblement différent. Le lien entre la durabilité et la réussite commerciale et l’établissement d’un climat de confiance au sein d’une vaste coalition de parties prenantes sera la pierre angulaire des transactions. »