Etude

La réforme des retraites : quelles incidences ?


La réforme des retraites, où en est-on ?

La réforme des retraites, qui a beaucoup fait parler d’elle en fin d’année 2019 et début d’année 2020 avec notamment le mouvement de protestation des « Gilets jaunes », a été laissée pour compte depuis la pandémie mondiale de la COVID-19. Tandis que la situation sanitaire s’améliore dans le pays, le sujet refait surface ces dernières semaines. En effet, Emmanuel Macron a remis le sujet sur la table lors de sa visite dans le Lot jeudi 3 juin en affirmant que « rien n’est exclu ». 

Alors que le Président de la République prônait un système universel à points qu’il a fait passer de force en activant l’article 49-3 de la Constitution en mars 2020, il juge désormais ce projet « très ambitieux » et « ne pense pas que la réforme qui était initialement envisagée puisse être reprise en l’état ». La tendance actuelle n’est donc plus de changer profondément le système, mais de se tourner vers une réforme moins audacieuse. Nous allons décrypter ensemble
les potentielles pistes envisagées par le gouvernement.

La première trajectoire envisagée serait de faire passer l’âge légal de la retraite de 62 à 64 ans par palier de six mois par an. Piste qui suscitera sans nul doute une vague d’opposition, puisqu’Emmanuel Macron avait promis lors de sa campagne présidentielle de ne pas toucher à l’âge de départ à la retraite et avait donc proposé un âge pivot, avec un système de bonus/malus, pour contrer ce point dans sa nouvelle réforme.

Une autre piste envisageable serait d’accélérer la réforme Touraine de 2014 qui prévoit l’allongement de la durée de cotisation : aujourd’hui de 41 ans ¾ et qui devait passer à 43 ans d’ici 2035. L’avancement de la date provoquerait un gain annuel pour les finances publiques non négligeable.

Il serait également envisagé de mettre fin à certains régimes spéciaux comme le prévoyait initialement la réforme des retraites. Les régimes visés par la suppression seraient ceux de la RATP ou de la SNCF notamment. Le problème étant que les résultats financiers ne seront visibles qu’à très long terme, puisque ce changement ne s’appliquera qu’aux nouveaux entrants sur le marché du travail.

Enfin, Geoffroy Roux de Bézieux, patron du MEDEF, énonce plutôt une hausse des cotisations ou encore une désindexation des pensions. La première option risquerait d’impacter négativement l’emploi, tandis que la deuxième demanderait un effort temporaire aux retraités actuels en faveur des retraités futurs.

Bien que certaines pistes semblent être en discussion, Emmanuel Macron a souligné le fait que pour l’instant rien n’était encore décidé, et qu’il pouvait prendre des décisions « difficiles » pendant l’été. Donc, « restons alerte » ! Des nouvelles arriveront probablement très vite.
 

Quelles solutions ?

Que certaines réformes soient réellement mises en place ou non, il est plus que jamais essentiel de se constituer soi-même une épargne en vue de la retraite. Avec la promulgation de la loi PACTE le 22 mai 2019, les produits d’épargne retraite sont devenus plus attractifs, que ce soit par la simplification des produits proposés, par l’assouplissement des conditions de sortie et de transférabilité, ou par l’augmentation des rendements. Que l’on ait 20, 30, 40 ans ou même plus, ces produits d’épargne retraite sont aujourd’hui une solution intéressante, voire hélas essentielle, pour compléter ses revenus après sa carrière professionnelle.
 


Les chiffres clés : « Quels niveaux de pension pour quels montants épargnés ? »

Dans cette section, nous illustrons ce qu‘un salarié peut espérer comme niveau de pension, en fonction du montant épargné périodiquement sur un plan d’épargne retraite (PER). Nous basons notre analyse sur une personne épargnant 130€ par mois sur un PER, avec un taux de frais sur versement de 2,50%. Il est important de préciser que les cotisations versées sur un PER sont déductibles du revenu imposable dans la limite d’un plafond fixé par la loi et qui évolue chaque année en fonction du plafond annuel de la sécurité sociale (PASS). Dans nos simulations, nous prenons un taux marginal d’imposition de 30%. Par conséquent, une personne qui verse 130€ par mois sur un PER, ne supporte réellement que le versement de 100€, puisque la différence sera déduite de ses impôts.

Nous émettons 3 hypothèses sur les taux de rendement :

  • Taux de rendement annuel net de 1,70% : ce taux correspond actuellement à un des meilleurs taux de rendement sur le marché pour les fonds Euros.
  • Taux de rendement annuel net de 2,50% : ce taux intermédiaire est aujourd’hui constaté dans le cadre de grille de désensibilisation (pratique qui vise à investir sur des fonds plus risqués en début de carrière et plus en plus sécurisés à l’approche de la retraite).
  • Taux de rendement annuel net de 3,00% :  il s’agit ici d’un taux de rendement moyen sur les fonds en unités de compte (UC).

Nous envisageons plusieurs scénarios dépendants de l’âge de début de cotisation (25, 30, 35 et 40 ans) et de l’âge de départ en retraite. Dans chaque cas, l’individu concerné commence à épargner en janvier 2021.


Scénario 1
 :
Age de départ en retraite à 62 ans

 

Ainsi, une personne âgée de 30 ans épargnant 130€ par mois sur un fond Euros disposera d’une pension annuelle brute d’environ 1 967€ lorsqu’il prendra sa retraite à l’âge de 62 ans. 


Scénario 2
:
Age de départ en retraite à 64 ans

 

Ces simulations sont basées sur des hypothèses économiques et démographiques en vigueur en juin 2021. 

Comme le montrent les études publiées par le Conseil d’orientation des retraites (COR), le ratio entre pensions légales de retraite et salaire de fin de carrière ne va cesser de décroitre. Il est donc nécessaire de se constituer une épargne complémentaire et ce dès que les salariés le peuvent.