Statistique Canada a publié son enquête sur l’emploi, la rémunération et les heures de travail (EERH). La masse salariale a diminué de 914 500 $ en mars. Il s’agit d’une baisse de 5,4 % qui correspond à la baisse de 5,3 % à laquelle a conclu l’enquête sur la population active pour le même mois.
Basées sur les établissements, les données de l’EERH donnent un aperçu du calendrier des répercussions des fermetures découlant de la COVID-19 sur le marché du travail, secteur par secteur. À la mi-mars, la plupart des pertes d’emploi concernaient des postes occupés par des femmes, ce qui reflète la relative facilité de fermer des entreprises de services non essentiels. Cette statistique liée au genre a conduit à la création de l’expression she-cession, ou « récession au féminin ». À la fin mars et en avril, un plus grand nombre d’industries productrices de biens ont fermé leurs portes, ce qui a entraîné une plus forte diminution des emplois occupés par des hommes. Par conséquent, l’enquête sur la population active et l’EERH montrent toutes deux un pourcentage similaire de baisse pour les hommes et les femmes sur le marché du travail.
Il convient toutefois de souligner que ces données distinguent tout de même la récession actuelle des précédentes. Au cours de précédents cycles économiques, les industries productrices de biens étaient les plus touchées par la récession, et ces industries comptaient une plus grande proportion de travailleurs masculins. La récession de 2008-2009 était en grande partie une récession au masculin. Cette fois-ci, la récession est plus neutre sur le plan du genre, ce qui signifie que les femmes sont plus touchées que par le passé.
Plutôt que d’être axée sur le genre, la principale caractéristique de l’actuelle contraction est qu’il s’agit d’une récession des travailleurs faiblement rémunérés – les plus vulnérables parmi les populations féminine et masculine.
La confiance des petites entreprises, telle que mesurée par le Baromètre des affaires des petites entreprises de la FCEI, s’est améliorée en mai, mais demeure fragile. À la fin de mai, l’indice se situait à 52,5, légèrement en dessous du niveau enregistré au début mai, mais 22 points de plus qu’à la fin mars, lorsque les fermetures obligatoires ont été imposées. Un indice de 65 correspond à une croissance économique modérée – nous n’avons pas de seuil statistique pour un niveau signalant une contraction.
En plus du baromètre de la FCEI, j’ai suivi avec intérêt ses enquêtes sur la COVID‑19 et en particulier, la question formulée comme suit : « Je suis convaincu que mon entreprise survivra à la COVID-19. » Publié le 14 mai, le plus récent sondage a montré qu’environ 4 % des répondants sont fortement en désaccord avec cette affirmation, tandis que 9 % sont plutôt en désaccord.
Les secteurs les plus menacés sont les arts et les loisirs, l’hôtellerie, les services personnels, le commerce de détail et les transports.
En ce qui concerne la réouverture, il est intéressant de noter le sentiment très partagé des entreprises. Environ 39 % des entreprises estiment être laissées pour compte par les plans de réouverture actuels de leur province, tandis qu’une même proportion de 39 % exprime le sentiment contraire. Les secteurs qui se sentent le plus laissés pour compte sont largement les mêmes que ceux qui ont été le plus durement touchés, auxquels s’ajoutent les entreprises du secteur des ressources naturelles.
Selon la deuxième estimation, l’économie américaine a affiché une contraction annualisée de 5 % au premier trimestre. C’est un résultat légèrement plus bas que les données provisoires qui avaient été publiées il y a un mois et qui représente environ la moitié de la diminution actuellement prévue au Canada (qui sera publiée demain matin par Statistique Canada). Les dépenses liées aux services ont été en grande partie responsables du déclin, en raison d’une diminution annualisée de 9,7 %, tandis que les achats liés aux transports, aux divertissements et aux services alimentaires ont diminué d’environ un tiers chacun. La diminution des dépenses a eu d’importantes répercussions sur les entreprises, entraînant une baisse de leurs profits de 14,2 % au premier trimestre.
Tandis que les chiffres du deuxième trimestre seront assurément pires, la croissance pour le trimestre se terminant en juin semble avoir résisté mieux que ce qui avait été prévu. Les commandes de biens durables, un indice important de l’activité économique, ont chuté de 17,2 % en avril, un chiffre moins défavorable que la chute de 19 % qui était attendue. Les chiffres sont encore moins décourageants si l’on exclut les nouvelles commandes d’aéronefs, qui ont dégringolé alors que les transporteurs mondiaux se replient sur eux-mêmes pour préserver leur capital pendant cette période très difficile pour eux. Après exclusion de la catégorie très capricieuse, les commandes d’avions autres que destinés à la défense ont diminué de 5,8 %. C’est un chiffre terrible en temps normal, mais qui inspire dans le contexte actuel tandis qu’il y a consensus pour une diminution d’environ 10 %. Les nouveaux chiffres rehaussent notre estimation actuelle pour le deuxième trimestre de près de 2 %, établissant la contraction annualisée à -39,8 %.
Le ton de la reprise était sans équivoque dans les demandes de prestations d’assurance emploi hebdomadaires. Les premières demandes ont continué à diminuer, en baisse de 300 000 pour s’établir à 2,1 millions. Bien que ce chiffre soit très préoccupant, il ne représente qu’une fraction des quelque 7 millions de personnes qui ont fait une demande de prestation au début d’avril. Et pour la première fois depuis l’arrêt des activités économiques, les demandes continues d’assurance emploi se sont améliorées, près de 5 millions d’Américains n’ayant plus besoin de ces prestations.