J’ai reçu plusieurs appels aujourd’hui au sujet des données sur les faillites et l’insolvabilité qui ont été publiées ce matin. À l’échelle nationale, le nombre total de dossiers d’insolvabilité a chuté de 38,7 % en avril 2020 par rapport au mois précédent. En comparaison à la même période l’an dernier, le nombre total de dossiers d’insolvabilité a diminué de 43,5 %. Le nombre de dossiers d’insolvabilité de consommateurs a diminué de 43,1 %, alors que celui des entreprises a diminué de 54,8 %.
De prime abord, cela peut surprendre. Nous savons qu’en mars, l’économie était frappée par la plus profonde récession depuis la Grande Dépression; donc, qu’est-ce qui explique la baisse du nombre de faillites de consommateurs et d’entreprises? La réponse à ce dilemme comporte deux volets : l’aspect temporel et l’aspect politique.
Premièrement, on ne déclare pas faillite du jour au lendemain. En fait, il s’agit normalement du dernier recours une fois que toutes les autres pistes ont été explorées. En ce sens, les données sur les faillites constituent un indicateur retardé. Autrement dit, elles indiquent la situation économique antérieure, et non où elle se situe ni vers quoi elle se dirige. Si le nombre de dossiers augmente, cela se manifestera plusieurs semaines après que les entreprises se seront heurtées à des difficultés.
Deuxièmement, les gouvernements et les banques ont pris des mesures sans précédent afin d’aider les particuliers et les entreprises à éviter ce sort. Pour les particuliers, la PCU, entre autres programmes gouvernementaux, offre un soutien du revenu. Les banques accordent des reports de versements hypothécaires jusqu’à concurrence de six mois. Ces mesures ont compensé en grande partie la perte de revenus. Aussi, ce ne sera qu’après le retrait de mesures de soutien du revenu que la gravité de la situation (difficultés financières liées au chômage) se reflétera dans les données sur les faillites. Ce décalage donne la possibilité à ces mesures de relance budgétaire sans précédent de stimuler davantage l’économie et de limiter ainsi le nombre de faillites personnelles.
Pour les entreprises, les subventions salariales de même que l’accès à des programmes de crédit et de liquidités contribuent à protéger le bilan contre les répercussions de la COVID. Cela dit, il n’y a aucun doute que des entreprises feront faillite avec le temps. Encore une fois, c’est l’état de l’économie et la vigueur de sa reprise qui, au bout du compte, dicteront le nombre de dossiers d’insolvabilité et de faillites.
Parmi les principales publications économiques du jour, citons les données d’avril sur les échanges commerciaux internationaux du Canada et des États-Unis. Sans grande surprise, les volumes d’échanges commerciaux ont reculé. Environ les deux tiers de l’économie mondiale étaient en confinement volontaire, ce qui a entraîné des perturbations dans les chaînes d’approvisionnement et un fléchissement de la demande.
Les exportations canadiennes ont chuté de 30 % en termes de dollars et de 20 % une fois les effets de prix retranchés. La baisse observée dans le secteur de l’automobile (véhicules et pièces) est renversante, soit un recul de 83 % par rapport au mois précédent. Quant aux importations, elles ont diminué de 25 % en termes de dollars, ce qui a plus que doublé le déficit commercial, le portant à 3,3 G$ en avril. Les importations de biens de consommation ont reculé de 12 %, la demande étant stimulée par les risques importants pour la santé.
Les chiffres révèlent que, dans le cas de certains produits, le commerce était en hausse en avril. C’était le cas des produits pharmaceutiques, dont les importations ont progressé de 9,7 %, et des produits textiles, dont les importations ont grimpé de 31,4 %. Dans la plus vaste catégorie des textiles, les importations d’équipement de protection individuelle ont enregistré une augmentation de 67,1 % pour atteindre 491 M$ en avril, ce qui est en partie attribuable à l’augmentation du nombre et du prix des masques faciaux provenant de la Chine.
Sur une note plus légère, les importations de boissons alcoolisées ont aussi résisté à la tendance, affichant une augmentation de 9,0 % en avril. Au même moment, la forte demande intérieure pour du matériel médical, de l’équipement de protection individuelle, des outils de diagnostic et des produits de nettoyage a donné lieu à une réduction des exportations en avril, après une augmentation en mars, alors que les exportations de matériel et de produits médicaux ont enregistré une baisse de 10,6 % à la suite de deux hausses mensuelles consécutives.
De l’autre côté de la frontière, les exportations américaines ont reculé de 25 %, tandis que les importations ont chuté de 14 % en avril. Cependant, puisque aux États-Unis les importations sont beaucoup plus importantes que les exportations, le déficit commercial américain a connu une hausse fulgurante, passant de 7,1 M$ à 49,4 G$ US.
L’effondrement des échanges n’a rien de nouveau. La relance progressive des activités mondiales devrait provoquer un rebond des exportations et des importations en juin et ultérieurement. Tout se jouera dans les détails, par contre. Le volume des échanges risque de demeurer faible et de se redresser petit à petit, car les usines reprendront la production avec prudence étant donné les prévisions de croissance modérée de la demande.
De l’autre côté de l’Atlantique, la Banque centrale européenne (BCE) a surpris les marchés en portant son programme d’achat d’actifs d’un montant supérieur aux attentes de 750 G€ à la somme imposante de 1 350 G€. Elle a également reporté de six mois la date de fin prévue, soit jusqu’en juin 2021. Cela suppose que la BCE devra continuer d’acheter des actifs à hauteur de 25 G$ par semaine, soit le rythme actuel, pendant encore 12 mois.
De l’autre côté du Pacifique, l’économie chinoise semble poursuivre graduellement sa croissance suivant son déconfinement, du moins en ce qui concerne les statistiques officielles (qui sont souvent considérées comme peu fiables). Aussi, les analystes se tournent souvent vers d’autres indicateurs à haute fréquence. Par exemple, les stocks de charbon et d’acier diminuent constamment, ce qui indique une hausse de l’activité industrielle. La dernière enquête portant sur les activités du secteur des services en Chine témoigne aussi d’une croissance.