De nombreuses entreprises attendent des détails sur la façon dont sera mise en œuvre la subvention salariale couvrant 75 % des salaires des entreprises qui subissent une baisse d’au moins 30 % de leurs revenus. Le premier ministre Justin Trudeau et le ministre des Finances Bill Morneau ont donné quelques directives additionnelles, mais les détails techniques sont nécessaires pour que les entreprises puissent bien comprendre le programme. Nous savons déjà que la couverture de 75 % s’appliquera à la première tranche de 58 700 $ des revenus gagnés, jusqu’à concurrence de 847 $ par semaine par employé. M. Trudeau a souligné que les entreprises devront montrer qu’elles font « tout ce qui est en leur pouvoir » pour assurer le paiement du 25 % restant du salaire de leurs employés, à défaut de quoi elles s’exposeront à de graves conséquences. M. Morneau a précisé que les entreprises devront refaire une demande chaque mois. Toutes les entreprises, les organismes à but non lucratif et les organismes de bienfaisance seront couverts. Toutefois, les organisations qui reçoivent des fonds publics ne seront pas admissibles. On estime que le coût de la subvention salariale pourrait s’élever à 71 milliards de dollars, mais que le recours à celle‑ci entraînera une baisse de l’utilisation et du coût de la Prestation canadienne d’urgence (PCU). Le calcul fiscal est donc difficile à faire, mais nous croyons que l’ensemble des mesures d’encouragement fiscal équivalent maintenant à environ 8 % du PIB.
Pour ceux qui souhaitent se tenir informés de toutes les mesures et qui cherchent des directives sur les programmes, le site web Plan d’intervention économique du Canada pour répondre à la COVID-19 du gouvernement du Canada est très utile.
Entre-temps, nous commençons à obtenir des données sur le recul important de l’économie nord-américaine.
L’indice PMI manufacturier du Canada publié par IHS/Markit a reculé à 46,1 en mars, comparativement à 51,8 en février. Il s’agit d’une baisse importante et d’un signe d’un important ralentissement économique. Malheureusement, ce n’est pas une surprise. Ce recul reflète la baisse de la demande mondiale et la perturbation des échanges commerciaux en raison de la pandémie qui sévit à l’échelle planétaire. La contraction de la demande intérieure est due à l’arrêt de certaines activités au pays et aux impacts du choc pétrolier. Les indices des directeurs d’achats (PMI) sont surveillés attentivement, car ils sont les premiers indicateurs de la conjoncture économique.
L'indice ISM manufacturier aux États-Unis (un autre PMI) est passé de 50,1 en février à 49,1 en mars. Il s’agit d’une diminution moins importante que celle qu’attendaient les marchés qui prévoyaient que l’indice s’établirait à 44,5. Le ralentissement a peut-être été moins important que prévu, mais les données de février semblent indiquer que l’incidence sur le secteur manufacturier augmentera.
Le marché de l’immobilier montre également des signes de faiblesse. Les nouvelles inscriptions dans la région du Grand Toronto ont chuté de 33 % la semaine dernière. Entre-temps, les annulations d’inscriptions ont augmenté de 27 %. Sur une base annualisée, les ventes de propriétés ont dégringolé de 37 %. Il y aura une volatilité importante des activités dans le secteur de l’immobilier cette année. Dans l’ensemble, nous croyons que la moyenne nationale du prix des propriétés diminuera d’environ 5 pour cent en 2020, les diminutions les plus importantes se trouvant dans les marchés les plus chers.
Les membres de la haute direction de deux grandes banques canadiennes (la BMO et la Scotia) affirment qu’ils prévoient avoir suffisamment de fonds pour absorber les chocs de la pandémie liée au coronavirus. J’ai eu l’occasion d’effectuer des tests de résistance dans une grande banque canadienne, et j’ai aussi tendance à croire que le système financier canadien dispose de fonds adéquats. Il serait utile de préciser que la loi adoptée par le gouvernement fédéral pour appliquer la réponse politique d’urgence inclut une nouvelle section permettant au gouvernement du Canada de nationaliser toute société dont la faillite menacerait la stabilité du système financier. Je ne crois pas que le gouvernement prévoit utiliser cette nouvelle capacité, mais il envoie ainsi un message clair qu’il est prêt à prendre des mesures pour s’assurer que le système financier canadien traverse la crise et puisse continuer à soutenir les ménages et les entreprises.