Aujourd’hui, les données économiques ont été éclipsées par les annonces politiques. Dans le cadre des mesures de soutien qu’il déploie dans le contexte de la COVID-19, le gouvernement du Canada a annoncé son intention de réaffecter jusqu’à un dixième des fonds de 33,5 G$ attribués au plan Investir dans le Canada à la modernisation des immeubles et espaces publics pour favoriser la distanciation sociale et améliorer l’hygiène. Les sommes seront réparties en vertu d’ententes avec les provinces et territoires de façon à assurer la rapidité d’exécution, la souplesse et l’efficacité des projets. Les hôpitaux, les écoles, les parcs et les pistes cyclables sont admissibles, pourvu que le projet soit achevé d’ici la fin de la période de construction de 2021. Le programme sera financé jusqu’à concurrence de 80 % par le gouvernement fédéral et sera neutre sur le plan fiscal, puisque les sommes ont déjà été attribuées, selon la ministre de l’Infrastructure, Catherine McKenna, qui a annoncé le programme à l’issue de vastes consultations avec des leaders provinciaux et territoriaux. Étant donné l’apport financier considérable du fédéral, nous nous attendons à ce que les provinces soient nombreuses à profiter de cette occasion de faire avancer des projets d’infrastructure pertinents.
Parmi les données publiées par nos voisins du sud, seul l’indice des prix à la consommation du département du travail américain est digne de mention. Les prix à la consommation ont dégringolé de 0,8 % en avril, soit la plus forte baisse depuis décembre 2008, ramenant le taux d’inflation (qui se définit comme la variation de prix par rapport à l’année précédente) à seulement 0,3 %. La baisse d’avril, qui s’ajoute à un déclin de 0,4 % au mois précédent, découle de la chute des prix de l’essence et des billets d’avion attribuable au confinement des gens durant la crise. L’indice de référence, qui exclut les prix de l’énergie et de l’alimentation, a reculé de 0,4 % en avril, en hausse de seulement 1,4 % comparativement à il y a un an. Ces chiffres inférieurs aux attentes ne parviendront pas à atténuer les craintes de déflation de la Réserve fédérale, et pourraient donner lieu à d’autres mesures d’accommodement si la situation persiste. Notre scénario de base prévoit une faible inflation, et non un environnement déflationniste, mais c’est un risque que nous surveillerons de près.
Malgré les mesures de relance monétaire et fiscale sans précédent qui ont été mises en place, l’économie américaine se contractera de plus de 5 % cette année, selon le président de la Réserve fédérale de Philadelphie, Patrick Harker, qui a prononcé une allocution au Delaware aujourd’hui. On entend le même son de Thomas Barkin, président de la Réserve fédérale de Richmond, qui s’attend à ce que le taux de chômage frôle les 20 % dans les mois à venir. M. Barkin croit que l’économie américaine est actuellement près de toucher un creux, mais que les deuxième et troisième trimestres seront difficiles compte tenu de la relance progressive.
Nous sommes d’accord avec la notion que la reprise sera beaucoup plus progressive que le schéma en « V » normalement présenté dans les manuels d’économie. En revanche, nous croyons que l’ampleur des mesures de stimulation mises en œuvre au pays et à l’étranger devrait empêcher l’économie de plonger dans une récession à double creux en « U » ou en « W ». Notre scénario de base actuel prévoit plutôt une reprise en forme de crochet, non sans rappeler le logo de Nike.