Il n’y a pas eu d’annonce économique importante aujourd’hui.
La principale nouvelle économique de la semaine sera la publication des rapports sur l’emploi ce vendredi aux États-Unis et au Canada. Les marchés ont prévu que le nombre d’emplois non agricoles aux États-Unis chutera de 21 millions en avril et que le taux de chômage grimpera de 4,4 % en mars à 16 % en avril. Le nombre d’emplois canadiens devrait chuter de 5 millions, ce qui augmenterait le taux de chômage à 20 % en avril.
Parmi les autres nouvelles de la semaine, mentionnons l’état du commerce international canadien en mars, qui sera annoncé mardi, et les nouvelles mises en chantier en avril, qui seront annoncées vendredi. Aux États-Unis, l’indice ISM du secteur manufacturier sera publié mardi.
Le G20, dont le Canada fait partie, a annoncé le déploiement de la Réponse mondiale au coronavirus, dont l’objectif est d’accroître la coopération entre les scientifiques et les organismes de réglementation, l’industrie et les gouvernements, les organisations internationales, les fondations et les professionnels des soins de santé à l’échelle mondiale. Le G20 espère que cette initiative permettra de recueillir plus de huit milliards de dollars américains pour soutenir le développement rapide de méthodes de diagnostic, de traitements et de vaccins. L’organisme travaillera avec l’OMS pour coordonner les efforts déployés au sein des pays vulnérables et classer ces efforts par ordre de priorité. Il s’agira très certainement d’une mesure importante pour aider les pays en voie de développement qui disposent de moins de ressources que les pays avancés pour faire face à la pandémie.
Nous demeurons préoccupés par les risques fiscaux qui se présenteront dans l’après-COVID-19. Il convient donc de souligner qu’au cours des dernières semaines, la Banque centrale européenne (BCE) a centré ses achats d’obligations d’États souverains sur les pays les plus durement touchés par la pandémie de coronavirus, et a ainsi acheté des obligations des gouvernements italien, français et espagnol. L’essentiel des achats nets de 29,6 G€ de la BCE est réparti comme suit : des obligations italiennes de 10,9 G€, des obligations françaises de 8,3 G€ et des obligations espagnoles de 4,3 G€. Les achats d’obligations de la banque centrale doivent être effectués proportionnellement au poids économique de chacun de ses 19 pays membres; toutefois, la BCE a argué que cette règle prévoyait une certaine flexibilité.
J’ai reçu beaucoup de questions concernant la nomination de Tiff Macklem comme prochain gouverneur de la Banque du Canada. Il prendra les rênes de l’organisme le 3 juin. Pour la communauté des économistes, les compétences du gouverneur Macklem ne font aucun doute. Il a eu une longue et éminente carrière, dont une bonne partie s’est déroulée à la banque centrale. Il a également une expérience très pertinente au ministère des Finances. En effet, en tant que sous-ministre adjoint aux Finances pendant la crise financière de 2008-2009, il a dû composer avec le plus grand défi économique depuis la Grande Dépression. Maintenant, il deviendra le gouverneur de la Banque du Canada alors que séviront les conséquences économiques du Grand Confinement, qui seront beaucoup plus graves que la récession de 2008-2009.
Les marchés chercheront à évaluer les différences entre l’approche de M. Macklem et celle du gouverneur Poloz à l’égard de la politique monétaire. La conférence de presse ne leur a pas fourni beaucoup d’indices. M. Macklem n’a pas répondu aux questions concernant la politique et a insisté sur le fait qu’il n’y a qu’un seul gouverneur à la fois, et que c’est encore Stephen Poloz qui joue ce rôle, et ce, jusqu’au 3 juin.
À mon avis, M. Macklem assurera avec fermeté la continuité de la gestion de la politique monétaire. Je ne m’attends à aucun changement important. D’après moi, il sera peu enclin à adopter des taux d’intérêt négatifs, comme le gouverneur Poloz. Il est peu probable aussi qu’il change les plans actuels de rachat de dettes des entreprises et des gouvernements fédéral et provinciaux.
De toute évidence, M. Macklem devra faire face à un environnement économique exceptionnellement difficile. Il devra évaluer l’orientation de la politique monétaire par rapport aux risques de détérioration de l’économie et au risque de déflation à court terme. Si l’économie a besoin d’un soutien accru, je m’attends à un élargissement du programme de rachat de dettes ainsi qu’à d’autres politiques non traditionnelles, comme un cadrage prospectif concernant les taux d’intérêt (c.-à-d. un engagement à ne pas augmenter les taux pendant une période déterminée). Plus tard, il devra évaluer l’éventuelle reprise par rapport aux risques d’inflation future. Je crois que le rééquilibrage de la politique monétaire se fera de façon très graduelle, reflétant en partie le défi que représente le niveau d’endettement accru des ménages et des entreprises.
Quel que soit le scénario, je m’attends à ce que M. Macklem maintienne une politique monétaire indépendante visant l’atteinte du point médian (2 %) de la fourchette cible de l’inflation (de 1 à 3 %) de la Banque du Canada.