Reprise des activités
Le Canada est-il prêt pour la réouverture des milieux de travail?
La reprise après la crise de la COVID-19 nécessitera une compréhension des nouvelles attentes relatives à la sécurité physique, émotionnelle, financière et numérique sur les lieux de travail. Nous avons demandé aux entreprises canadiennes comment elles envisageaient la réouverture de leurs portes dans ce contexte inédit.
Évaluer la préparation des entreprises canadiennes à la réouverture
Alors que les gouvernements de partout au pays assouplissent progressivement les mesures de protection et rouvrent leur économie, les entreprises canadiennes commencent à planifier la réouverture de leurs milieux de travail physiques de la façon la plus sécuritaire possible. Mais des questions importantes demeurent, non seulement sur le niveau de préparation des entreprises à cette transition, mais aussi sur ce que nous réserve l’avenir du travail au lendemain de la COVID-19. Le retour sur les lieux de travail sera-t-il un retour à la normale, ou faut-il repenser l’avenir du travail?
Nous avons déterminé cinq domaines clés liés à la reprise des activités, qui ont aidé les entreprises à évaluer leur stratégie de réouverture :
Nous avons demandé à plus de 300 dirigeants d’entreprises de divers secteurs d’activité au Canada d’évaluer leur niveau de préparation à la réouverture de leurs milieux de travail physiques afin de comprendre dans quelle mesure les entreprises canadiennes sont prêtes à le faire. Les répondants étaient des dirigeants d’entreprises de toutes les tailles.
Dans tous les secteurs d’activité, les dirigeants d’entreprises se sont dit très à l’aise avec l’idée de respecter les directives du gouvernement et de protéger la santé et le bien-être des employés. En général, les répondants donnaient la priorité aux aspects suivants :
Secteur |
Vert |
Jaune |
Rouge |
|
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Respecter les directives du gouvernement |
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Protéger la santé et le bien-être des employés |
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Gérer efficacement l’effectif |
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Fournir un lieu de travail physique et un écosystème sécuritaires |
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Créer un centre de commande interfonctionnel |
Le vert indique que l’entreprise se considère comme très bien préparée. Le jaune, que l’entreprise se sent préparée, mais qu’elle sait qu’il lui reste du travail à faire. Et le rouge, qu’il reste encore beaucoup de travail de préparation à faire.
Les entreprises se disent prêtes à 88 % à respecter les directives du gouvernement
Nous avons demandé aux entreprises quel était leur niveau de connaissance des exigences législatives en ce qui concerne la réouverture et dans quelle mesure elles étaient sûres de pouvoir mesurer et contrôler efficacement le respect de ces directives et règlements. La combinaison de ces deux domaines — sous le libellé respecter les directives du gouvernement — a obtenu le plus haut niveau de préparation (88 %) parmi l’ensemble des organisations. Les entreprises des secteurs des biens de consommation et du transport, de la fabrication et des services gouvernementaux et des services publics se considèrent comme bien préparées à respecter les directives du gouvernement lors de la réouverture des lieux de travail.
Le défi sera sans doute plus complexe pour les organisations présentes dans plusieurs territoires en raison des directives gouvernementales différentes, ce qui veut dire que les organisations devront trouver un juste équilibre entre le respect total des directives et le fait d’offrir une expérience cohérente aux employés. Les employés qui retourneront en milieu de travail voudront être en sécurité et s’attendront à ce que leur employeur prenne les mesures nécessaires pour les protéger. Il importe également de noter que certains secteurs sont moins adaptés au travail à distance. Le télétravail pourrait, par exemple, exiger des changements dans la formation des travailleurs, la gestion du rendement, les structures organisationnelles et les croyances culturelles ou la perception négative liée au fait de travailler à l’extérieur du bureau.
Les entreprises se disent préparées à équiper leurs employés pour collaborer et travailler efficacement à distance, mais se sentent, en moyenne, prêtes à 63 % à offrir des options de formation pour acquérir de nouvelles compétences, respecter des exigences ou exécuter des stratégies pour assurer la réussite continue de l’effectif
Si les entreprises se considèrent comme bien préparées à respecter les directives du gouvernement, elles se sentent beaucoup moins prêtes à gérer efficacement leur effectif. Lorsque nous leur avons demandé s’ils avaient bien exploré les options de formation pour acquérir de nouvelles compétences et respecter des exigences, ou exécuter d’autres stratégies pour assurer le perfectionnement de leur effectif dans l’avenir, les répondants ont dit se sentir prêts à seulement 63 %. Pendant la phase initiale d’intervention face à la crise, certaines organisations ont commencé à se demander comment les technologies numériques, l’automatisation et l’IA pouvaient rendre le travail plus sécuritaire, plus rapide, plus efficace et plus innovant. La baisse du niveau de préparation à l’exploration des options de formation pour acquérir de nouvelles compétences et exécuter des stratégies pourrait indiquer que les entreprises ne pensent pas nécessairement à investir de façon continue dans les nouvelles technologies, et concentrent plutôt leur stratégie de réouverture des lieux de travail sur les défis immédiats posés par la réouverture. On peut voir, de façon générale, que le niveau de préparation pour gérer efficacement l’effectif (fig. 1) varie beaucoup plus entre les secteurs.
La COVID-19 a souligné la nécessité pour les organisations de cultiver une relation plus symbiotique entre leur effectif et les nouvelles technologies. Pour nombre d’entre elles, les outils technologiques ont permis aux équipes de rester en contact et de poursuivre les activités pendant la crise. Les organisations devront continuer de former un effectif de plus en plus technophile, en plus de repenser les priorités et les occasions liées au travail, à l’effectif et au lieu de travail. À mesure que leur effectif deviendra plus axé sur les technologies, les organisations devront aussi s’assurer que les mesures de cybersécurité et de protection de la confidentialité des données suivent le pas.
Pendant la phase de reprise, les organisations ont une occasion unique d’évaluer rapidement leurs stratégies à l’égard de l’effectif et leurs priorités d’intervention précédentes. Les organisations doivent trouver une façon de revoir leur façon de travailler, en accélérant leur évolution vers des modèles de travail de l’avenir qui respectent à la fois les exigences opérationnelles à court terme et la vision stratégique à plus long terme. De nombreuses organisations pourraient être tentées d’écarter la nécessité d’évoluer ou considérer la reprise comme un retour au passé récent, mais celles qui retourneront à leurs vieilles façons de faire risquent de s’apercevoir que leurs concurrents en ont profité pour repenser leur effectif et se placer en position favorable pour prospérer dans l’avenir.
Fig. 1
Niveau de préparation pour gérer efficacement l’effectif des organisations par secteur
Services gouvernementaux et services publics
87%
Autre
79%
Immobilier
79%
Fabrication
77%
Services financiers
76%
Technologies, médias et télécommunications
74%
Sciences de la vie et soins de santé
71%
Énergie et ressources
67%
Biens de consommation et transport
66%
Au-delà de l’actualisation des compétences : la COVID-19 comme catalyseur pour l’investissement
La pandémie de COVID-19 a changé notre façon de vivre et de travailler, et ces changements pourraient se révéler permanents. L’adaptabilité et la souplesse seront des qualités essentielles pour réussir dans un monde du travail en rapide évolution et parfois incertain. Un engagement envers l’éducation permanente sera également capital pour permettre aux gens de continuer de progresser dans leur carrière dans la nouvelle normalité de l’après-pandémie. De nouvelles compétences seront nécessaires pour s’adapter à l’évolution de la nature même du travail, compétences souvent acquises à l’aide des outils d’apprentissage en ligne dont la popularité a explosé pendant la pandémie.
La possibilité? Les organisations doivent maintenant songer à offrir des occasions qui permettront aux travailleurs de se perfectionner et de s’adapter, plutôt que de compter sur leurs compétences ou certifications existantes. Nous sommes à un moment critique où investir dans le perfectionnement de l’effectif devient plus crucial que jamais pour s’adapter aux changements constants. Apprenez-en plus sur la façon de former un effectif paré pour l’avenir.
Seulement la moitié des organisations ont mis en place un centre de commande interfonctionnel pour assurer une gouvernance et une surveillance centralisées
Presque tous les secteurs sondés ont fait état d’un faible niveau de préparation pour créer un centre de commande interfonctionnel (fig. 2). Seules les entreprises dans le secteur des sciences de la vie et des soins de santé ont dit être très bien préparées. Un centre de commande peut fournir à l’entreprise les données, les paramètres et les indicateurs de performance clés nécessaires pour assurer un niveau de contrôle et de conformité approprié pendant cette période de reprise.
Fig. 2
Niveau de préparation pour créer un centre de commande interfonctionnel par secteur
Sciences de la vie et soins de santé
64%
Services gouvernementaux et services publics
57%
Fabrication
57%
Services financiers
56%
Technologies, médias et télécommunications
55%
Autre
49%
Énergie et ressources
42%
Immobilier
41%
Biens de consommation et transport
34%
La création d’un centre de commande pourrait fournir à l’entreprise un pôle de planification de la reconstruction et de la reprise à l’échelle nationale. Le centre pourrait devenir un puissant moteur pour procéder à une réforme attendue et renforcer la capacité à long terme de l’entreprise à réagir et à se relever de crises futures, malgré les données de notre sondage montrant que de nombreuses organisations ont négligé cette composante importante.
Le Canada est-il prêt pour un retour en milieu de travail?
Beaucoup d’organisations au Canada se sentent prêtes à respecter les exigences immédiates entourant la santé et la sécurité associées à la réouverture. La plupart d’entre elles savent quels règlements gouvernementaux elles doivent respecter et se déclarent confiantes dans leur capacité de les respecter. De nombreuses questions et inconnues demeurent cependant quant à la meilleure façon de faire évoluer les fonctions de l’effectif, que ce soit sur place ou à distance, et les leaders résilients — peu importe leur niveau de préparation perçu — devraient se pencher sur ces questions stratégiques fondamentales liées au retour sur les lieux de travail, pour s’assurer que la réouverture ne soit pas un recul, mais bien un pas en avant sur la voie de la reprise et de la prospérité dans la nouvelle normalité.
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Principale personne-ressource
Daniel Abichandani
Associé, leader des services de retour au travail