2023 federal budget analysis | Future of Canada Centre

Perspectives

Budget fédéral de 2023

Répondre aux défis d'aujourd'hui et aux occasions de demain

Avant-propos

Deloitte sert des organisations canadiennes dans presque tous les secteurs et sous-secteurs. En tant que conseillers de confiance, nous comprenons les choix difficiles qu’elles doivent faire et nous reconnaissons les immenses occasions qui les attendent. Dans les pages qui suivent, nous réfléchissons à la façon dont nos experts sectoriels, nos partenaires de l’écosystème et nos clients pensent que le gouvernement fédéral peut respecter ses priorités budgétaires pour 2023.

Ce budget a été présenté à un moment crucial. Le Canada doit composer avec une incertitude financière mondiale, un programme de transformation ambitieux et un environnement géopolitique difficile, en plus des effets persistants de la pandémie mondiale.

Bien qu’il y ait des choix financiers importants à faire pour assurer la prospérité continue des Canadiens et un avenir social et économique solide, il y a aussi des possibilités extraordinaires à l’horizon. Le Canada jouera un rôle essentiel dans la création d’un avenir énergétique plus propre, le renforcement de la sécurité alimentaire et la fabrication des produits de demain. La main-d’œuvre de notre pays, formée de personnes parmi les plus diversifiées et les plus instruites au monde, apportera des innovations et réalisera les prochaines percées qui alimenteront notre économie. Grâce à des efforts partagés, nous pouvons faire en sorte que le Canada continue d’être le meilleur endroit où vivre, travailler et faire des affaires.

En tant qu’organisation axée sur des objectifs, Deloitte s’engage à faire progresser la prospérité au Canada; c’est pourquoi nous avons publié le rapport Catalyseur : une vision pour un Canada prospère en 2030. C’est aussi pour cette raison que notre Centre pour l’avenir du Canada facilite l’exploration de nouvelles idées, opinions et perspectives afin de propulser le pays vers une nouvelle ère de croissance et de compétitivité.

Un avenir prospère nous attend. Poursuivez votre lecture pour un aperçu de la façon dont nous pouvons assurer la prospérité de demain selon des experts de Deloitte. 

- Anthony Viel

Introduction

Dans un contexte de resserrement économique, le budget de 2023 prévoit à la fois des investissements dans des politiques prioritaires et une certaine retenue fiscale.

Notre analyse porte sur les choix fiscaux du gouvernement et son approche à l’égard de cinq éléments clés : mesures pour remédier aux pénuries de main-d’œuvre sur le marché; allégement ciblé de l’inflation; prestation de soins de santé de qualité; investissements dans l’économie propre au Canada et refonte de la chaîne d’approvisionnement au Canada.

Dans l’ensemble, notre opinion est mitigée. L’approche fiscale du gouvernement est raisonnable, mais manque d’ancrage clair. Nous estimons que l’augmentation de l’immigration et la contribution des groupes sous-représentés au marché du travail pourraient répondre aux besoins de ce dernier, mais seulement si les bonnes mesures d’aide sont mises en œuvre. Nous sommes d’avis que les mesures de soutien auprès des Canadiens à plus faible revenu pour contrer l’inflation sont logiques, mais que d’autres gestes doivent également être faits pour régler les problèmes d’abordabilité, notamment en ce qui a trait à l’offre de logements. Nous croyons que les investissements importants dans les soins de santé seront bénéfiques, mais qu’il serait tout aussi important de remédier à la pénurie de main-d’œuvre dans ce milieu. Nous voyons que les investissements dans l’économie propre ont un fort potentiel de favoriser la croissance, notamment en raison de l’importance accrue de l’approvisionnement en produits essentiels auprès de sources fiables. Finalement, nous accueillons favorablement le fait que le budget de 2023 comprenne les premières mesures axées sur l’amélioration de la résilience de la chaîne d’approvisionnement, et nous attendrons avec intérêt le plan complet qui sera publié plus tard cette année.

Contexte économique et fiscal 

Avec le budget de 2023, on souhaite atteindre un équilibre entre les priorités du gouvernement, soit les soins de santé et les soins dentaires, le soutien des ménages à plus faible revenu, les incitatifs fiscaux liés aux investissements dans l’énergie propre et la réconciliation avec les peuples autochtones, et le maintien d’une certaine responsabilité fiscale face à une croissance économique ralentie.

Dans ses plus récentes perspectives économiques, Deloitte prévoit une récession moins prononcée que ce qui a d’abord été annoncé. L’augmentation des taux d’intérêt entraîne une diminution des dépenses des consommateurs et les entreprises limitent leurs investissements en raison de l’incertitude économique croissante. Il en découle un rythme de croissance plus lent que prévu après la publication de l’Énoncé économique de l’automne de l’année dernière. 

Selon les nouvelles prévisions économiques du gouvernement, la diminution de la croissance du PIB réduira ses revenus de 5,7 milliards de dollars par année en moyenne au cours des cinq prochaines années, par rapport aux prévisions indiquées dans l’Énoncé économique de l’automne. En raison de cette diminution, le gouvernement fédéral prévoit un déficit de 35,3 milliards de dollars en 2023. Les nouvelles dépenses totaliseront en moyenne 6 milliards de dollars par année au cours des cinq prochaines années. En outre, 13 milliards de dollars ont été comptabilisés pour l’exercice en cours. Cependant, ces dépenses sont nettes des réductions de dépenses prévues et de légères augmentations d’impôts qui devraient permettre de récupérer 2,1 milliards de dollars par année. Avec ces nouvelles annonces, le déficit du gouvernement fédéral atteint 40,1 milliards de dollars cette année. Ce déficit devrait diminuer à 14 milliards de dollars d’ici l’exercice 2027-2028, ce qui signifie que le gouvernement ne prévoit plus d’équilibrer le budget au cours de la période prévisionnelle actuelle.

Même si l’augmentation prévue du déficit demeure raisonnable, les paiements liés au remboursement de la dette devraient plus que doubler, passant de 24,5 milliards de dollars à l’exercice 2021-2022 à 50 milliards de dollars à l’exercice 2027-2028. Fait à noter, bien qu’il soit prévu que le ratio de la dette nette au PIB diminue au cours des prochaines années, le budget ne comprend pas d’ancrage fiscal clair.

Remédier aux pénuries de main-d’œuvre

Bien avant la pandémie, la nature changeante du travail, la transformation numérique, le vieillissement de la population et la mondialisation avaient déjà une incidence sur le marché du travail au Canada. L’économie canadienne s’est bien redressée, mais les entreprises et les gouvernements continuent d’être aux prises avec une pénurie de travailleurs qualifiés. 

Le gouvernement fédéral fonde sa réponse à ces défis sur des mesures visant à accroître la population du pays, principalement au moyen de l’immigration. Il a déjà annoncé de nouveaux objectifs, dans l’espoir d’accueillir 500 000 résidents permanents chaque année d’ici 2025. Il se concentre également sur des programmes visant à favoriser l’intégration à la main-d’œuvre des personnes qui n’ont pas pu y participer de manière significative.

Pour soutenir cette augmentation de l’immigration, il faut investir dans les systèmes et dans l’intégration. Le budget de 2023 prévoit des investissements dans la numérisation du système d’immigration et l’assouplissement du processus d’entrée au Canada, ce qui devrait aider le gouvernement à régler les retards dans le traitement des demandes. Toutefois, il n’envisage pas d’augmentation du financement des fournisseurs de services d’établissement, qui offrent un soutien essentiel pour que les nouveaux arrivants maximisent leur potentiel économique. De façon plus générale, le gouvernement fédéral n’explique pas encore comment ses objectifs d’immigration s’aligneront sur les politiques provinciales et municipales en santé, logement et services sociaux pour soutenir une population en croissance et faire en sorte qu’elle prospère.

L’augmentation de l’immigration et la participation significative de groupes sous-représentés comme les peuples autochtones et les femmes aideront à pourvoir les postes vacants qui minent les entreprises canadiennes et les gouvernements et, par le fait même, favoriseront la prospérité du pays.

Le budget propose un certain soutien aux nouveaux Canadiens, comme le montant supplémentaire unique des ententes de transfert relatives au marché du travail avec les provinces et les territoires, offrant un financement pour la formation axée sur les compétences, la recherche d’emploi et l’amélioration des compétences. Ils bénéficieront également de l’appui existant des ordres de gouvernement et des fournisseurs de services d’établissement. Néanmoins, le manque de financement progressif lié à l’augmentation des objectifs risque d’être problématique pour les organisations et les nouveaux arrivants. Reconnaissant l’une des populations du Canada dont la croissance est la plus rapide, le budget souligne l’importance d’une inclusion significative des peuples autochtones dans la main-d’œuvre et de l’autodétermination des Autochtones en vue de faire progresser leur pleine participation à l’économie. Le budget propose de verser 5 millions de dollars en 2023-2024 pour l’élaboration conjointe d’un cadre de réconciliation économique avec les partenaires autochtones qui accroîtra les possibilités économiques pour les peuples autochtones. L’engagement du Canada à soutenir le développement économique dirigé par les Autochtones est opportun, s'étant donné comme priorité de répondre aux besoins actuels et futurs du marché du travail et de soutenir la prospérité des communautés autochtones.

De tels investissements pour promouvoir la participation au marché du travail par secteur précis se sont avérés efficaces. Par exemple, ceux dans les services de garde d’enfants visant à encourager plus de femmes à intégrer le marché du travail ont commencé à montrer leur valeur économique. Comme l’a fait remarquer la ministre des Finances : « Le taux d’activité des Canadiennes dans la force de l’âge atteint le niveau record de 85,7 %. » 

L’augmentation de l’immigration et la participation significative de groupes sous-représentés comme les peuples autochtones et les femmes aideront à pourvoir les postes vacants qui minent les entreprises canadiennes et les gouvernements et, par le fait même, favoriseront la prospérité du pays.

Allégement ciblé de l’inflation

L’inflation a touché de façon disproportionnée les Canadiens à revenu faible et moyen, car les prix ont augmenté plus rapidement que leurs revenus. Beaucoup éprouvent de la difficulté à acheter des biens et des services de base. Ce budget propose plusieurs mesures pour aider les gens à gérer les coûts. 

Le gouvernement instaure une hausse du remboursement de la TPS ciblant environ 11 millions de ménages à faible revenu, pour un coût de 2,5 milliards de dollars. Bien que le remboursement prenne la forme d’un allégement lié à l’augmentation du coût de l’épicerie, le paiement unique variant de 225 $ à 467 $ n’est pas conditionnel aux dépenses d’épicerie.

Le gouvernement propose également la mise en œuvre du Régime canadien de soins dentaires, qui élargit l’accès aux soins de santé dentaire gratuits ou subventionnés à un plus grand nombre de ménages dont le revenu est en deçà de seuils prédéterminés. L’expansion de ce programme répond à une condition essentielle de l’accord de confiance et de soutien entre le NPD et le parti libéral. Pour que le programme soit une réussite, il faudra s’efforcer de l’offrir de façon qu’il soit facilement accessible aux populations vulnérables.

Les coûts du logement, qui ont bondi en raison d’un manque comparatif d’offre de logements, sont un autre élément clé qui contribue au problème de l’abordabilité au Canada. Le budget fédéral de l’an dernier planifiait la constitution du Fonds pour accélérer la construction de logements, qui est prévu d’être lancé dans les prochains mois et qui devrait permettre l’ajout de 100 000 nouveaux logements d’ici 2027. Pourtant, dans un contexte de mises en chantier stagnantes, cela ne représente qu’une mince part des logements supplémentaires nécessaires pour atténuer la crise de l’accessibilité au logement. Et le budget de 2023 n’inclut qu’une mesure relativement mineure pour accroître l’offre de logements, soit un ajustement à son programme de logements abordables afin de permettre que les fonds destinés aux réparations soient réaffectés à la construction de nouveaux logements. 

Afin de stimuler l’offre de logements, le gouvernement fédéral pourrait envisager des mesures incitatives pour augmenter la construction de logements locatifs conçus à cet effet et un investissement accru dans des logements abordables. 

Cost of living adjustment

Le coût de l’épicerie a augmenté de 9,8 % en 2022 et de 5,2 % en février 20231

Selon un récent sondage, 43 % des Canadiens considèrent qu’une aide liée à l’augmentation du coût des besoins quotidiens en raison de l’inflation est la priorité absolue du budget2

Soins de santé de qualité pour les générations futures

Une population en bonne santé est l’un des piliers indispensables à la prospérité des collectivités et à la vitalité de la main-d’œuvre. Pour le Canada, il s’agit également d’un avantage concurrentiel à l’échelle mondiale qui pourrait être ébranlé par un système de santé en déclin. 

Le budget de cette année tient compte du plan annoncé précédemment par le gouvernement du Canada visant à fournir 195,8 millions de dollars sur dix ans aux provinces et aux territoires pour soutenir les soins de santé publics. 

À l’heure actuelle, la pénurie de personnel de la santé dans l’ensemble du pays s’avère le problème le plus préoccupant auquel sont confrontés tous les systèmes de soins de santé provinciaux et territoriaux. Si le financement est important, l’allocation des fonds en temps opportun pour répondre aux besoins immédiats et systémiques l’est tout autant pour un succès à long terme. Les provinces et les territoires détiennent la compétence sur le plan de l’éducation et de la formation de la main-d’œuvre, de la réglementation du champ d’application et du financement de certaines questions telles que les salaires, mais il existe un intérêt national de remédier à la crise de la pénurie de main-d’œuvre dans le secteur des soins de santé.

Au-delà des efforts déployés pour pallier la pénurie générale de main-d’œuvre en stimulant l’immigration, comme il a été mentionné précédemment, le gouvernement fédéral peut contribuer à résorber la crise dans ce secteur en facilitant l’adoption d’un système national d’autorisation d’exercer pour les professionnels et professionnelles de la santé. Cette initiative permettrait aux prestataires de soins de santé de travailler dans plus d’une province, améliorant ainsi la mobilité et la flexibilité, sans devoir passer par un long et coûteux processus de demande. Bien que la réglementation et l’octroi de permis d’exercice soient du ressort des provinces et des territoires, le gouvernement fédéral leur demande, en contrepartie du nouveau financement prévu dans le budget, de « faire progresser la reconnaissance des titres de compétence entre administrations ». Le budget ne précise toutefois pas la façon dont il pourrait accroître cette pratique à l’échelle pancanadienne. 

Le système de soins de santé primaires a pour sa part grand besoin d’être renforcé afin d’améliorer la prestation des soins dans l’ensemble du pays. Une solution qui continue de susciter de l’intérêt consiste à offrir à toute la population le droit de bénéficier d’une relation avec une équipe de soins de base, à moins de 30 minutes de son domicile ou de son lieu de travail3. Même si les mécanismes permettant d’atteindre cet objectif relèvent en grande partie de la compétence des provinces et des territoires, le gouvernement fédéral peut avoir son rôle à jouer. Les nouveaux transferts de fonds exigent également que les provinces et les territoires élaborent des plans d’action pour évaluer les progrès réalisés dans l’amélioration de l’accès aux services de santé familiale et en rendre compte. Il est essentiel de disposer de telles données, concernant notamment le nombre de personnes ayant un accès direct aux soins primaires ainsi que le nombre de prestataires de soins primaires ayant intégré le système, afin de déterminer si le financement produit l’effet escompté.

Investissements dans l’économie propre

L’écologisation de l’économie est pour le gouvernement fédéral la plus grande occasion de croissance économique du Canada. Pour en tirer parti, le gouvernement prévoit dans le budget de 2023 des investissements additionnels de 20,9 milliards de dollars au cours des cinq prochaines années dans le but de répondre à l’Inflation Reduction Act (IRA) des États-Unis, d’accélérer la décarbonation, de stimuler la croissance économique et la compétitivité, et de soutenir la transition du Canada vers l’énergie propre. 

La stratégie du gouvernement repose principalement sur un ensemble de crédits d’impôt à l’investissement, nouveaux et améliorés, destinés à attirer des investissements essentiels permettant au Canada de miser sur ses avantages concurrentiels et de jouer un rôle de premier plan dans l’économie mondiale de l’énergie propre. Ces crédits d’impôt fournissent un soutien fondamental à la fabrication et l’adoption de technologies propres, à l’hydrogène propre ainsi qu’au captage et au stockage de carbone. Certes, ces mesures stimuleront les investissements et la croissance, mais les crédits d’impôt à la production, une mesure à faible risque mise en place par le gouvernement américain dans l’IRA visant à récompenser l’obtention des résultats souhaités, pourraient venir compléter les crédits d’impôt à l’investissement et fournir une plus grande certitude quant à l’atteinte des objectifs à long terme du Canada.

La stratégie du gouvernement repose principalement sur un ensemble de crédits d’impôt à l’investissement, nouveaux et améliorés, destinés à attirer des investissements essentiels permettant au Canada de miser sur ses avantages concurrentiels et de jouer un rôle de premier plan dans l’économie mondiale de l’énergie propre. 

Pour favoriser la croissance de l’économie propre, il est nécessaire de disposer d’un réseau électrique propre et modernisé. Le budget de 2023 présente des mesures importantes pour y parvenir en proposant un crédit d’impôt à l’investissement de 15 % dans le secteur de l’électricité propre et un engagement de 20 milliards de dollars, par l’intermédiaire de la Banque d’infrastructure du Canada, pour investir dans des projets axés sur l’énergie propre dans tout le pays. Le rapport de Deloitte, Bâtir l’avenir du Canada : maximiser l’infrastructure d’énergie propre pour atteindre la neutralité carbone d’ici 2050, précise qu’une modernisation efficace du réseau électrique exige une coordination entre les provinces, les territoires, les municipalités, les autorités autochtones, les services publics et les organismes de réglementation. La création prévue d’un conseil du réseau pancanadien pourrait constituer une plateforme indispensable pour repérer et éliminer les obstacles à la transformation du réseau, à condition que le gouvernement veille à ce que tous ces acteurs clés prennent part à la discussion.

Les minéraux critiques joueront également un rôle déterminant dans l’économie propre du Canada. Le budget de 2023 prévoit un crédit d’impôt à l’investissement dans la fabrication de technologies propres de 30 % et réaffecte 1,5 milliard de dollars du Fonds stratégique pour l’innovation à des projets liés aux minéraux critiques. Combinées au montant de 3,8 milliards de dollars investi dans la Stratégie canadienne sur les minéraux critiques, ces mesures contribueront à accélérer la croissance et l’innovation dans la chaîne de valeur des minéraux critiques, en plus de réduire la dépendance à d’autres pays. L’annonce récente de la construction d’une « giga usine » de batteries en Ontario montre les progrès du gouvernement dans le domaine et son intention de saisir l’occasion de devenir un leader mondial dans la fabrication de batteries et de véhicules électriques.

Le gouvernement du Canada a également l’intention de lier des exigences de main-d’œuvre à plusieurs de ses crédits d’impôt à l’investissement; les entreprises devront respecter ces exigences afin de bénéficier du taux de crédit intégral. Ces exigences ont pour objectif de pallier le problème d’attraction et de maintien en poste des talents dans les secteurs visés et incluent le versement de salaires équitables et la création de formations d’apprenti. Pour répondre aux besoins en main-d’œuvre de l’économie propre du Canada, il sera de plus en plus important d’examiner et d’améliorer les programmes de formation et de soutenir les efforts ciblés afin de pourvoir les postes créés dans le cadre de projets importants.

On ne peut surestimer l’importance du consentement préalable, libre et éclairé, ainsi que de la collaboration et de la participation des peuples autochtones aux projets d’énergie propre. Le gouvernement fédéral propose plusieurs volets de financement dans le budget de 2023 concernant les progrès de réconciliation et l’obligation de la Couronne de consulter les peuples autochtones. Plus particulièrement, le budget prévoit de verser 8,7 millions de dollars pour favoriser des engagements plus profonds avec les partenaires autochtones, y compris les titulaires de droits autochtones, en vue de l’élaboration du cadre national de partage des avantages.

La Banque de l’infrastructure du Canada accordera des prêts aux communautés autochtones pour les aider à acheter des participations en capital dans des projets d’infrastructure. Les grands projets d’énergie propre et de minéraux critiques au Canada présentent des occasions de partage des avantages avec les communautés autochtones, qui peuvent participer de façon cruciale à l’économie et avoir accès à du capital. 

Pour continuer de faire progresser la réconciliation, le gouvernement devrait chercher à encourager les partenariats avec des organisations de formation de la main-d’œuvre dirigées par des Autochtones afin d’offrir aux personnes autochtones plus de possibilités d’emploi sur le marché du travail en forte croissance de l’économie propre.

Plus de 100 000 milliards de dollars américains devraient être dépensés en capitaux privés d’ici 2050 pour bâtir l’économie mondiale propre.4

Dans de nombreux cas, il n’est pas nécessaire d’être titulaire d’un diplôme universitaire pour trouver un emploi dans le secteur de la fabrication de technologies propres, et même à ce stade précoce de développement, la rémunération moyenne des travailleurs de ce secteur, en 2021, était de 90 252 $, soit bien au-dessus de la moyenne de 69 311 $ pour l’ensemble de l’économie canadienne.5

Chaînes d’approvisionnement « alliées » et résilientes

La crise climatique a mis en évidence la nécessité de décarboner l’économie, qui, à son tour, a créé une occasion économique majeure de bâtir une économie propre et des secteurs carboneutres. La situation géopolitique, notamment l’invasion de l’Ukraine par la Russie et les tensions croissantes avec la Chine, a amené les démocraties de partout dans le monde à réévaluer le bien-fondé d’une interdépendance économique mondiale totale, et celles-ci cherchent désormais à trouver des alliés pour leurs chaînes d’approvisionnement cruciales. Parallèlement, la pandémie et les phénomènes météorologiques extrêmes, comme les inondations massives et les feux de forêt, ont mis en lumière l’importance de la résilience des chaînes d’approvisionnement, à l’échelle nationale et mondiale.

Chacune de ces dynamiques crée à la fois un impératif et une occasion pour l’économie canadienne. Comme nous l’avons mentionné dans la section précédente, le budget de 2023 prévoit d’importants investissements dans l’électricité propre et les technologies propres. En plus de soutenir la décarbonation de l’économie, ces investissements représentent un effort important pour maintenir et améliorer la compétitivité mondiale du Canada dans les secteurs des technologies propres et positionner le Canada comme un fournisseur mondial fiable de produits essentiels, notamment l’énergie propre, les minéraux critiques et les véhicules électriques.

Au-delà du budget de 2023, le Canada devrait examiner d’autres possibilités pour améliorer la croissance et la productivité dans un contexte de découplage et de recherche d’alliés. Ces possibilités pourraient comprendre la protection et la promotion de la propriété intellectuelle, ainsi que le suivi des progrès de la Corporation d’innovation du Canada. Elles pourraient également inclure d’autres priorités d’innovation déjà annoncées, notamment des efforts additionnels pour soutenir les investissements des entreprises dans d’autres secteurs que l’énergie et les technologies propres et à mettre en place des initiatives pour faire du Canada un leader dans l’approvisionnement alimentaire.

Compte tenu des pressions exercées sur les chaînes d’approvisionnement par la pandémie et les événements météorologiques, le gouvernement fédéral a créé un Groupe de travail national sur la chaîne d’approvisionnement, qui a présenté ses conclusions en octobre 2022. En réponse à ce rapport, le gouvernement publiera une stratégie au cours des prochains mois. Le budget de 2023 annonce une série de mesures qui constituent un acompte à cette stratégie, comprenant des investissements en vue de créer le Bureau des chaînes d’approvisionnement des transports pour réagir aux perturbations, mieux coordonner les mesures et favoriser la résilience des chaînes d’approvisionnement au Canada, et améliorer les données sur les chaînes d’approvisionnement. Pour évaluer l’efficacité de la stratégie globale sur la chaîne d’approvisionnement, il faudra voir si elle parviendra à réduire la congestion portuaire, à résoudre les problèmes de pénurie et de rétention de main-d’œuvre et à harmoniser les règlements entre les provinces et avec les États-Unis.

Notes de bas de page :

1. Statistique Canada. Indice des prix à la consommation : revue annuelle, 2022, 17 janvier 2023.

2. Jack, Gregory. Canadians Outline Their 2023 Federal Budget Priorities, Ipsos, 27 mars 2023.

3. Forum des politiques publiques. Reprendre en main les soins de la santé : comment accélérer une réforme centrée sur les personnes, janvier 2023.

4. Ministère des Finances Canada. Budget 2023 : un plan canadien, p. 108, 28 mars 2023.

5. Ministère des Finances Canada. Budget 2023 : un plan canadien, p. 97, 28 mars 2023.

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