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Perspectives

Le rôle du gouvernement dans l’avenir

Renforcer le marché du travail au Canada

En réponse à des pressions majeures, notamment les migrations à l’échelle mondiale, le vieillissement des populations et les changements technologiques rapides, le marché du travail est en constante évolution. Les gouvernements doivent non seulement réagir, mais aussi repenser activement la façon d’aider les employeurs de tous les secteurs de l’économie à maintenir des effectifs complets et productifs.

Comment les gouvernements du Canada peuvent-ils faire évoluer leurs stratégies, leurs politiques et leurs programmes pour créer un marché du travail plus inclusif, plus réactif et plus attrayant pour les travailleurs et, en fin de compte, une économie prospère?

Au cours des derniers mois, des leaders de Deloitte se sont réunis pour examiner l’évolution du rôle de l’État dans ce domaine et faire le point sur la situation du marché du travail au Canada. Notre ambition pour le Canada est la création d’un marché du travail qui soit coordonné dans l’ensemble de l’écosystème des employeurs et des secteurs, et qui s’appuie sur des stratégies d’optimisation de la main-d’œuvre tournées vers l’avenir qui attirent les bons talents et qui misent sur le perfectionnement et la reconversion des travailleurs pour les emplois de demain. Elle vise de plus à trouver des occasions pour les personnes qui n’ont pas d’emploi rémunéré et elle se fonde sur la conviction que la diversité, l’équité et l’inclusion sont des atouts essentiels pour la compétitivité économique du Canada.

Cet article fait partie de la série intitulée Le rôle du gouvernement dans l’avenir, qui examine les tendances incitant les gouvernements à agir et cherche à fournir aux gouvernements canadiens des idées audacieuses pour les aider à résoudre les problèmes sous-jacents. Lisez notre premier article, intitulé Le rôle du gouvernement dans l’avenir : Notre société évolue; son mode de gouvernance doit changer lui aussi, pour une mise en contexte.

La situation actuelle
Lacunes importantes, enjeux structurels et participation à la traîne

Le marché du travail du Canada est confronté à des pénuries de main-d’œuvre persistantes, qui ont entraîné des pertes économiques de près de 13 G$ en 2022 seulement1. Par ailleurs, plus d’un million d’emplois étaient vacants en 2022 et 59 % des employeurs avaient du mal à trouver des employés qualifiés2. Des secteurs comme les soins de santé, la construction et l’hôtellerie ont encore de la difficulté à engager des travailleurs qualifiés, en partie parce que les Canadiens qualifiés pour ces emplois sont recrutés pour travailler dans d’autres pays.

Pendant la pandémie, la participation au marché du travail a augmenté parmi les groupes de personnes en âge de travailler, mais l’offre globale de main-d’œuvre a diminué, car beaucoup de travailleurs plus âgés ont opté pour une retraite anticipée. Les gens qui font partie de la génération comptant le plus de personnes au Canada, les baby-boomers, ont maintenant plus de 60 ans3. Et la plupart des Canadiens en âge de travailler se situent dans la partie supérieure de la tranche d’âge de 15 à 64 ans. On estime que le nombre de travailleurs par rapport aux retraités sera de trois pour un d’ici 2027, alors qu’il était de sept pour un il y a 50 ans4. Le Canada, à l’instar de beaucoup d’autres pays, devra par conséquent continuer de compter sur l’immigration pour assurer la croissance de la main-d’œuvre dans un avenir proche5.

Un article de Deloitte, intitulé Services publics de l’emploi : pour une transformation mondiale fructueuse, montre que les défis du Canada ne sont pas uniques. Le pays doit suivre ses pairs du monde entier et réorganiser d’urgence ses stratégies du marché du travail pour conserver sa compétitivité et sa réputation de destination très attrayante pour les travailleurs.

Obstacles à une main-d’œuvre internationale

La création de voies vers la réussite à long terme est essentielle à la croissance de la population, qui est nécessaire pour soutenir l’économie. La reprise de la migration (le nombre d’immigrants qui quittent le Canada) est en constante augmentation depuis les années 1980, et elle a été de 31 % supérieure à la moyenne historique en 2017 et en 20196. Cela indique que le Canada ne répond pas aux attentes des immigrants et qu’il devrait s’efforcer d’obtenir des résultats plus durables grâce à des stratégies efficaces du marché du travail pour ce segment qui gagnera en importance pour l’économie canadienne.

L’une des principales causes de la reprise de la migration est la présence d’obstacles à la recherche d’un emploi dans des domaines pertinents, notamment le temps et les processus nécessaires pour transférer des titres de compétence étrangers, dont beaucoup ne sont pas reconnus par les divers organismes de réglementation du Canada, et la stigmatisation associée aux études et à l’expérience de travail à l’étranger. Par exemple, les nouveaux arrivants doivent souvent se soumettre à des évaluations des titres de compétence, des tests de compétence linguistique et la recertification en suivant des formations coûteuses. Par conséquent, les immigrants qualifiés finissent souvent par ne pas pouvoir exercer leur profession à cause de la façon dont les organismes de réglementation du pays reconnaissent les titres de compétence étrangers, ce qui limite leur capacité, dans certains cas, de combler les lacunes importantes sur le marché du travail et de s’intégrer à la population active. Ainsi, le sous-emploi persiste pour beaucoup d’immigrants et de nouveaux arrivants.

Les enjeux qui retardent ou qui reportent l’entrée sur le marché du travail de personnes qui possèdent des compétences et une expertise essentielles découragent les nouveaux arrivants et limitent la capacité du Canada d’avoir une incidence économique rapide. La situation économique actuelle, à savoir l’augmentation du coût de la vie et la crise du logement, empire les choses en créant des obstacles supplémentaires pour les immigrants qualifiés et les talents mondiaux dont le Canada a besoin. En comparaison, les États-Unis attirent et conservent des talents grâce à un marché économique plus vaste, un robuste écosystème de jeunes entreprises, ainsi que des possibilités de formation et des politiques d’immigration favorables pour les travailleurs qualifiés, comme le visa H-1B pour les travailleurs qualifiés et le visa O-1 pour les personnes ayant des capacités exceptionnelles7.

Si les résidents permanents potentiels et même les citoyens continuent de se diriger vers des horizons moins fastidieux, la capacité du Canada à soutenir sa croissance économique par l’immigration est clairement menacée. Le gouvernement a un rôle important à jouer pour redéfinir les cadres de politiques, les processus et les systèmes appropriés afin de réorganiser les portefeuilles de services de formation et d’emploi, d’améliorer les services de réinstallation et d’accélérer l’intégration des nouveaux arrivants à la population active. Dans le contexte mondial hautement concurrentiel, il devrait notamment innover et investir dans des initiatives visant à attirer les travailleurs qualifiés dont des secteurs clés ont un besoin urgent. La récente loi interdisant aux employeurs d’exiger une expérience de travail au Canada pour les demandeurs d’emploi est un pas dans la bonne direction, mais en cette période de pénurie de main-d’œuvre et de déséquilibre des compétences, il reste encore du travail à faire pour ouvrir les voies vers l’emploi.

Sous-emploi de groupes méritant l’équité

Les Canadiens ne bénéficient pas tous de la même façon de l’offre d’emplois de qualité. Un récent article de Deloitte, intitulé Le sous-emploi expliqué : optimiser le potentiel de notre main-d’œuvre, révèle comment le sous-emploi a une incidence sur différents segments de la population canadienne de divers niveaux de scolarité et de compétences8. Le sous-emploi est un indicateur qui mesure l’emploi et l’utilisation de la main-d’œuvre dans l’économie afin de jauger le degré d’efficacité de l’utilisation des compétences, de l’expérience, des titres de compétence et de la disponibilité au travail de la main-d’œuvre. Certains groupes y sont plus exposés, notamment les femmes, les jeunes adultes, les nouveaux arrivants, les personnes à faible revenu, les personnes en situation de handicap, les minorités raciales et ethniques, les Autochtones, les membres de la communauté 2ELGBTQIA+ et d’autres groupes méritant l’équité qui rencontrent des obstacles à la participation à la société. Les obstacles structurels comprennent la non-reconnaissance des titres de compétence, des filets de sécurité sociale inadéquats et l’incapacité de prendre part à la population active. D’autres difficultés, comme le coût du logement, des services de garde d’enfants et du transport en commun, contribuent également au sous-emploi. Le gouvernement doit aider à éliminer ces obstacles et s’assurer que les résidents reçoivent du soutien afin que la main-d’œuvre qualifiée du pays soit en mesure de réaliser son plein potentiel et d’atteindre la prospérité économique.

Pénurie de compétences en demande et cheminements de carrière perturbés

Dans l’environnement dynamique d’aujourd’hui, il suffit d’environ cinq ans pour que les compétences techniques deviennent obsolètes9. Parallèlement, les compétences en demande demeurent rares et les tendances d’automatisation, de numérisation et d’intégration de l’intelligence artificielle (IA) au travail redéfinissent les compétences requises pour être compétitif sur le marché du travail moderne. Quatorze pour cent des travailleurs des pays de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) risquent de voir leur emploi changer en raison de l’automatisation, et le Canada subit des perturbations semblables10. Les entreprises ont du mal à trouver des travailleurs tandis que les demandeurs d’emploi ont du mal à trouver un emploi convenable. Un récent article de Deloitte États-Unis mentionne ceci : « Comme jamais auparavant, ce sont les compétences qui déterminent le succès ou l’échec – pour les personnes, les entreprises et les économies régionales. Les compétences alimentent le moteur de la croissance économique. »11 Le risque de déplacement est particulièrement élevé pour les travailleurs de certains secteurs, comme l’hôtellerie et l’agriculture. Les travailleurs déplacés, qui sont de plus en plus nombreux, doivent avoir accès à des possibilités de perfectionnement, ou d’apprentissage de nouvelles compétences, pour demeurer pertinents sur le marché du travail en évolution.

À l’heure actuelle, l’économie à la demande représente 20 % du marché du travail canadien et constitue le segment de travailleurs qui connaît la croissance la plus rapide12. Cela est intrinsèquement lié à la prévalence grandissante de la technologie, puisque le nombre d’emplois hybrides et à la demande augmente proportionnellement. De plus, une grande partie des travailleurs de l’économie à la demande ne sont pas intéressés par le travail à temps plein. L’offre de talents diminue à mesure que les nouveaux modèles de travail gagnent en popularité, bien que beaucoup d’employeurs traditionnels continuent d’ignorer les modèles émergents. Alors que le travail hybride redéfinit où et comment le travail est effectué, la concurrence mondiale pour les talents s’intensifie, et les travailleurs de l’économie à la demande, touchés par les changements constants dans les compétences, sont confrontés au double défi de s’adapter aux exigences changeantes de compétences et de s’y retrouver dans les forces transformatrices des progrès technologiques. 

La concurrence mondiale intense pour la main-d’œuvre qualifiée exige que les gouvernements favorisent une harmonisation et une intégration accrues entre l’offre et la demande. En facilitant la collaboration au sein des administrations publiques et des secteurs et entre eux, il est possible de tirer parti d’outils novateurs d’analyse et de renseignements sur les compétences pour traduire les grandes tendances en stratégies efficaces et en exigences de compétences sur le marché du travail. Cela peut également être utile pour revitaliser les programmes de formation professionnelle et les stratégies fédérales, et stimuler la collaboration avec les secteurs pour favoriser l’adoption d’initiatives de perfectionnement de la main-d’œuvre adaptées aux besoins.

Recommendations

Afin d’aider les gouvernements du Canada à établir des stratégies axées sur les gens et avant-gardistes pour renforcer le marché du travail, nous avons élaboré un ensemble de recommandations ciblées. Ces recommandations sont organisées autour de quatre axes : les gens et le leadership, les politiques et les processus, la technologie, et la collaboration.

Gens et leadership

Comment les gouvernements peuvent-ils favoriser un écosystème de coordination et de collaboration?

Élargir l’engagement intergouvernemental

Les provinces et les territoires canadiens utilisent actuellement des stratégies indépendantes de main-d’œuvre, de reconversion et de choix du bon modèle de dotation, ce qui implique souvent un réseau complexe d’acteurs, notamment des entités gouvernementales, le secteur privé, des organismes à but non lucratif, ainsi que des établissements d’enseignement et de formation, qui ne sont pas toujours en phase13. Le Canada a ainsi pris du retard en matière de coordination cohérente, de coopération structurée et de collaboration intergouvernementale. La coordination pancanadienne, qui met l’accent sur la négociation du financement et les conditions associées, pourrait grandement contribuer à renforcer la position du pays. 

Il existe deux plans d’action possibles pour le gouvernement. D’abord, pour soutenir le perfectionnement des travailleurs et l’apprentissage pangouvernemental, le Canada peut s’inspirer du Réseau européen des services publics de l’emploi14. Les provinces et les territoires devraient envisager d’établir une tribune semblable pour diffuser des meilleures pratiques et échanger des leçons apprises dans l’ensemble des organisations qui ont des défis de perfectionnement de la main-d’œuvre à relever.

Deuxièmement, l’échange de données entre tous les gouvernements du Canada pourrait être amélioré. Par exemple, de nombreuses provinces offrent du financement axé sur les résultats aux fournisseurs de services d’emploi. Autrement dit, les employeurs sont rémunérés, en partie, pour leur capacité de relier les travailleurs sans emploi à des emplois. Pour valider les résultats, les entités et les fournisseurs gouvernementaux font le suivi auprès des travailleurs et des employeurs au moyen de questionnaires, de sondages et de communications directes, ce qui ajoute des charges administratives importantes à un processus qui pourrait être plus efficace. Pour simplifier la vérification, le Royaume-Uni a automatisé les résultats d’emploi en établissant un lien entre les données fiscales faisant l’objet d’un suivi centralisé et les dossiers d’emploi qui sont conservés dans son écosystème15. Les gouvernements fédéral, provinciaux et territoriaux du Canada sont encouragés à faire de même pour accroître la capacité des chaînes de valeur des services.

Politiques et processus

Comment les gouvernements peuvent-ils obtenir et soutenir des demandeurs d’emploi nationaux et étrangers pour répondre à la demande?

Faciliter les plateformes de soutien multidimensionnelles

Il est urgent de mieux soutenir la connectivité entre les employeurs et les travailleurs dans plusieurs domaines, dont bon nombre sont résumés dans notre sondage mondial sur la transformation de la main-d’œuvre et des services d’emploi16.

Premièrement, les gouvernements ont besoin d’une source unique et fiable pour les programmes de soutien du marché du travail et de la main-d’œuvre. Il existe actuellement une multitude de programmes et de services qui sont financés séparément ou conjointement par les gouvernements fédéral, provinciaux et territoriaux. Trouver les programmes qui conviennent le mieux aux travailleurs et aux employeurs est souvent plus une question de hasard que le résultat d’un examen attentif. De plus en plus de gouvernements créent des aides à la navigation centralisées, comme la France et son portail Pôle Emploi, afin de réduire les coûts de recherche pour les travailleurs, les employeurs et les conseillers en emploi17.

Deuxièmement, les gouvernements peuvent concevoir des services d’emploi numériques assortis d’un soutien de bout en bout pour les demandeurs d’emploi, incluant la rédaction de curriculum vitæ, le coaching de carrière, la recherche d’emploi, le perfectionnement et la formation, de même que l’accès à des mesures de soutien connexes, comme le perfectionnement des compétences générales et le soutien en santé mentale. Ces services peuvent également permettre aux employeurs d’effectuer des recherches aléatoires dans un bassin de candidats en fonction de leurs besoins. Les plateformes les plus avancées qui sont utilisées aujourd’hui offrent la mise en correspondance automatisée des travailleurs et des employeurs, ainsi que des suggestions automatisées de perfectionnement en fonction de l’information sur les postes vacants et les salaires projetés. Ces types de services ne visent pas à remplacer le soutien en personne, mais plutôt à fournir une assistance très pratique et efficace aux travailleurs et aux employeurs. Les gouvernements et les fournisseurs pourront ainsi concentrer davantage leurs ressources en personne sur les clients prioritaires. 

Faciliter les parcours vers l’emploi pour les travailleurs étrangers

Pour simplifier l’acceptation des titres de compétence étrangers, le gouvernement fédéral devrait continuer de collaborer avec les organismes de réglementation et d’attribution de permis professionnels de chaque province et territoire afin de créer des politiques et des règlements unifiés qui rendent les titres de compétence plus facilement transférables au Canada. La mobilité sur le marché du travail s’en trouverait accrue, tant au niveau interprovincial qu’international.

Bien qu’il soit clair depuis longtemps que des changements s’imposent, les pénuries de main-d’œuvre critiques et les tendances de reprise de la migration créent une urgence pour que le gouvernement agisse et fournisse les incitatifs, les ressources et les conseils appropriés pour accélérer le changement. En plus de contribuer à accroître la productivité et la croissance de l’économie, l’assouplissement des parcours vers l’emploi aidera à faire en sorte que les nouveaux arrivants au pays aient accès à des possibilités d’emploi, et qu’ils puissent poursuivre leurs ambitions professionnelles dans les domaines qu’ils ont choisis et s’établir et s’intégrer plus facilement. Il contribuera par ailleurs à améliorer la productivité du Canada et sa compétitivité sur la scène mondiale, ainsi qu’à combler les lacunes dans des domaines essentiels du marché du travail.

Par exemple, l’Allemagne a mis en place un service en ligne national pour soutenir la reconnaissance des titres de compétence étrangers18. L’autorité responsable évalue comment une qualification professionnelle étrangère se compare à son équivalent allemand. À la suite de cet examen, la personne concernée reçoit un avis indiquant que sa qualification est reconnue et transférable, que des différences importantes ont été relevées, ou qu’elle n’est pas transférable. Dans de nombreux cas, les questions de différences importantes peuvent être résolues par la formation prescrite. 

Moderniser le filet de sécurité

Les principaux piliers du filet de sécurité du Canada ont été créés au lendemain de la Seconde Guerre mondiale. Ils étaient en partie conçus pour atténuer les fluctuations du cycle économique et pour assurer la protection des travailleurs à la retraite ou en cas de mise à pied. Bon nombre de ces piliers sont dépassés. Les travailleurs à la demande et les travailleurs autonomes sont souvent exclus des programmes traditionnels, comme l’assurance-emploi, le Régime de pensions du Canada et les régimes d’avantages sociaux offerts par l’employeur. Certains gouvernements travaillent à l’élaboration de stratégies pour combler ces lacunes, mais ce devrait également être une priorité pancanadienne.

Comme il est mentionné plus haut, le sous-emploi a une incidence disproportionnée sur les groupes méritant l’équité au Canada; cependant, il n’est pas suivi de façon générale, ce qui limite la compréhension de ses répercussions réelles et les suggestions de solutions potentielles. Il est impératif de bien comprendre les taux de sous-emploi dans l’ensemble du pays et de mettre en place des mécanismes de surveillance continue. Des groupes de travail sur l’innovation en matière de politiques peuvent être créés pour élaborer des approches de lutte contre le sous-emploi d’un point de vue axé sur l’humain afin de répondre aux besoins des groupes les plus touchés.
Le Canada doit accroître le rendement des investissements dans les programmes d’établissement pour les nouveaux arrivants, étant donné le rôle qu’ils jouent dans le soutien de l’intégration de ces travailleurs dans les collectivités et dans l’économie en général. Beaucoup d’immigrants éventuels ont de la difficulté à accéder aux services d’établissement, et un grand nombre de résidents permanents ne les utilisent pas du tout. D’autres programmes, comme la carte d’accès Canoo, peuvent être adoptés pour répondre aux besoins souvent négligés par les services d’établissement traditionnels. Ils peuvent également contribuer à rendre l’expérience des immigrants au Canada plus agréable et plus attrayante.

Ensemble, ces réformes à multiples facettes visent à créer un environnement inclusif et favorable pour tous les Canadiens, quel que soit leur statut d’emploi ou leur parcours d’immigration.

Technologie

Comment les gouvernements peuvent-ils tirer parti de la technologie pour optimiser le perfectionnement de la main-d’œuvre et attirer les talents étrangers?

Les gouvernements peuvent jouer un rôle central pour aider tous les Canadiens non seulement à s’y retrouver, mais aussi à prospérer dans un contexte dynamique de progrès technologiques rapides et d’évolution du marché du travail. Il est impératif de tirer parti des technologies émergentes pour assurer la pérennité de la main-d’œuvre et attirer les meilleurs talents à l’échelle mondiale. En tant que catalyseurs du changement, les gouvernements peuvent moderniser les modèles de prestation de services à l’aide des canaux numériques, de l’IA, de l’apprentissage machine et d’approches axées sur les données pour soutenir à la fois les demandeurs d’emploi et les employeurs.

Établir des stratégies de perfectionnement de la main-d’œuvre axées sur les données

Traditionnellement, l’information sur le marché du travail n’était pas diffusée de manière à la rendre accessible et facile à assimiler. Il fallait être statisticien pour comprendre les conditions et les tendances du marché du travail local. Cependant, de nouveaux outils qui démocratisent les renseignements et améliorent la prise de décisions pour les travailleurs, les employeurs et d’autres acteurs essentiels sont en train d’émerger. Les gouvernements peuvent lancer des outils qui analysent l’information sur les régions et sur les professions afin de montrer aux demandeurs d’emploi où se trouvent les emplois pertinents et de déterminer s’ils correspondent bien à leurs compétences. D’autres outils fournissent aux employeurs des perspectives sur les bassins de talents disponibles à l’échelle locale pour éclairer leurs stratégies d’investissement, de main-d’œuvre et de recrutement de talents. La technologie s’améliore de jour en jour et elle devrait être encouragée et facilement accessible pour toutes les parties prenantes concernées. Les immigrants peuvent utiliser ce type d’outils modernes pour orienter leurs décisions concernant l’endroit où s’installer. Le résultat net sera une amélioration de l’efficacité du marché du travail puisque les demandeurs d’emploi pourront plus facilement explorer les métiers en demande.

Créer des outils d’immigration numériques axés sur l’humain

Le processus d’immigration actuel peut être lourd et difficile, et les ressources gouvernementales et de gestion des cas sont limitées. Beaucoup de formes d’innovation peuvent aider le Canada à créer une expérience d’immigration numérique, omnicanale et centrée sur l’humain qui soit sécuritaire, équitable, inclusive et transparente. Une fois arrivés, les immigrants et les réfugiés bénéficieraient d’une plateforme numérique qui les relie aux systèmes et aux ressources de soutien nécessaires pour créer une expérience harmonieuse pendant qu’ils s’intègrent au marché du travail et à la société canadienne.

Collaboration

Comment les gouvernements peuvent-ils travailler ensemble pour rendre le marché du travail résilient et dynamique?

Améliorer le recrutement de talents par la collaboration mondiale

Dans la course mondiale aux travailleurs qualifiés, les gouvernements peuvent déployer des stratégies ciblées pour accroître l’attrait global du Canada pour les talents. En utilisant des perspectives sur le marché du travail pour comprendre les pénuries de compétences critiques, le Canada peut ensuite déterminer les pays cibles et conclure des accords de coopération internationale, comme des accords de reconnaissance mutuelle (ARM), des partenariats pour la mobilité des compétences et des accords bilatéraux sur la mobilité de la main-d’œuvre. Les ARM permettent le transfert fluide de compétences et de qualifications dans les pays participants. Le Canada peut s’inspirer d’exemples internationaux de mise en œuvre efficace de cette démarche, comme en Europe avec le cadre européen des certifications et dans les États membres de l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ASEAN) avec le cadre de référence des certifications de l’ASEAN19 . Les partenariats pour la mobilité des compétences sont des accords bilatéraux qui visent à promouvoir le perfectionnement et la reconnaissance des compétences des travailleurs migrants20. Les accords bilatéraux sur la mobilité de la main-d’œuvre peuvent également soutenir la reconnaissance des qualifications et des compétences. Par exemple, le Québec et la France ont conclu un accord pour soutenir la mobilité professionnelle et l’intégration des migrants21 . Le fait de se doter d’une stratégie claire pour conclure de nouveaux accords internationaux visant le marché du travail renforcera la capacité du Canada de répondre à ses besoins en main-d’œuvre et d’attirer des talents qualifiés.

Conclusion

Si les gouvernements de tout le pays agissent maintenant pour donner suite à ces recommandations, le Canada pourra tirer parti des avantages d’un marché du travail équitable, accessible et inclusif, doté d’un écosystème très coordonné de partenaires, d’un solide environnement de perfectionnement des compétences pour les personnes touchées par le sous-emploi, et d’une stratégie axée sur l’avenir pour préparer les travailleurs aux emplois de demain.

Selon notre idéal de sa situation future, le Canada pourra compter sur :

  • Des stratégies unifiées de perfectionnement et de formation qui peuvent réagir rapidement aux pénuries sur le marché du travail en mutation et aux défis structurels, incluant un carrefour unique et fiable ayant une vaste portée numérique, qui donne aux travailleurs canadiens les outils dont ils ont besoin pour s’adapter aux compétences que requièrent les emplois de demain.
  • Une main-d’œuvre internationale dynamique et diversifiée qui favorise la croissance économique. Grâce à des cadres de politiques et des systèmes novateurs, des services de réinstallation efficaces et des voies accélérées vers l’emploi pour les nouveaux arrivants et les immigrants, le Canada est mondialement reconnu comme un partenaire de collaboration attrayant et un bon endroit où les talents qualifiés peuvent bâtir leur avenir.
  • Une main-d’œuvre inclusive qui élimine les obstacles structurels, avec des filets de sécurité sociale robustes et d’autres formes de soutien qui permettent à tous les citoyens de participer. Les gouvernements jouent un rôle central en aidant les citoyens à améliorer leurs compétences numériques et en éliminant les obstacles à l’emploi par la réforme des politiques.
  • Des perspectives fiables et exhaustives sur le marché du travail et des stratégies axées sur les gens qui favorisent l’alignement entre l’offre et la demande. Les chercheurs d’emploi sont en mesure de cerner rapidement les besoins changeants de la main-d’œuvre et des secteurs émergents et d’accéder à des initiatives de perfectionnement des compétences personnalisées.


Notes d fin de document

Merci à nos principales collaboratrices, Natasha Crombie et Amy Janes.

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