Perspectives

Le rôle du gouvernement dans l’avenir

Assurer la résilience des secteurs de la chaîne d’approvisionnement, du commerce et de la fabrication au Canada

Les événements de ces quatre dernières années ont, sans surprise, mis à rude épreuve les chaînes d’approvisionnement à l’échelle planétaire. Bien que la plupart des perturbations découlant des mesures prises pour endiguer la pandémie de COVID-19 soient désormais chose du passé, le transport des marchandises entre les continents reste en proie à l’incertitude en raison des conflits géopolitiques, de la piraterie sur d’importantes routes maritimes internationales et de l’évolution rapide des changements climatiques qui font monter le niveau de la mer le long des côtes. Si l’on ajoute à cela les éternels ennemis de la chaîne d’approvisionnement que sont les pressions inflationnistes et le ralentissement économique, les défis à relever sont encore plus nombreux.

Plus que jamais, il est impératif que les chaînes d’approvisionnement mondiales soient résilientes et durables.

Au cours des derniers mois, Deloitte a réuni ses leaders pour examiner l’évolution du rôle du gouvernement dans ce domaine. Étant donné que les chaînes d’approvisionnement sont essentielles à la stabilité, à la croissance et à la prospérité économiques du Canada, nous estimons qu’il incombe aux différents paliers gouvernementaux du pays de mettre au point un écosystème de chaînes d’approvisionnement résilient qui anticipe les perturbations, s’y adapte et s’en remet rapidement. Collectivement, nous aspirons à ce que le Canada soit un leader mondial dans les écosystèmes de chaînes d’approvisionnement en misant sur la collaboration, en prônant la levée des barrières commerciales et en promouvant la croissance économique. Grâce à ses riches gisements, à ses capacités avancées en matière de transport, de logistique et de fabrication, ainsi qu’à son vaste réseau commercial de portée mondiale, le pays est en bonne position pour réaliser cette ambition.

Cet article fait partie de la série intitulée Le rôle du gouvernement dans l’avenir, qui examine les tendances incitant les gouvernements à agir et cherche à fournir aux gouvernements canadiens des idées audacieuses pour résoudre les problèmes sous-jacents. Lisez notre premier rapport, intitulé Le rôle du gouvernement dans l’avenir : notre société évolue; son mode de gouvernance doit changer lui aussi, pour une mise en contexte.
 

Nous ne saurions surestimer l’importance des chaînes d’approvisionnement à l’échelle d’un pays : elles sont les artères d’une économie, permettant la fourniture de produits de première nécessité notamment dans les domaines de l’alimentation, de la santé et du logement. Au cours des dernières années, nous avons constaté leurs points faibles concernant la disponibilité de la main-d’œuvre et des matériaux en raison de la pandémie de COVID-19 et des tensions géopolitiques. Face aux pénuries de produits de base et aux pressions inflationnistes qui en découlent, les pays ont pris conscience de l’importance des valeurs communes et de la solidarité au sein de leurs réseaux commerciaux, ainsi que de la nécessité de continuellement renforcer leur niveau de préparation aux futures crises mondiales. Repenser la façon dont ils gèrent leurs stocks, par exemple, peut les rendre plus résilients lors de la prochaine crise.

Au sein d’une chaîne d’approvisionnement, la résilience est synonyme d’efficacité, de fiabilité et de résistance aux chocs concernant la main-d’œuvre et la fourniture de biens et de services. Le rôle du gouvernement canadien à cet égard revêt deux aspects : assurer que le pays reste concurrentiel à l’échelle mondiale et préserver sa sécurité et sa prospérité. Pour y parvenir, il faut continuer à investir à grande échelle dans les infrastructures. Le pont international Gordie-Howe entre Windsor et Détroit, le port de Montréal et le projet en cours de train à grande fréquence entre Toronto et Québec, qui représentent ensemble des investissements de plus de 2 G$, en sont de bons exemples. Des investissements gouvernementaux similaires visant à promouvoir la transition vers les véhicules électriques – notamment l’usine de fabrication de batteries de 2,7 G$ sur la Rive-Sud de Montréal et l’usine de 4,9 G$ à Windsor – aideront à cimenter l’avenir du Canada.

Bien que ces investissements constituent une première étape fondamentale, leur réévaluation et leur amélioration doivent se faire en continu.

Situation actuelle

Nous avons recensé quatre piliers essentiels à la transformation des chaînes d’approvisionnement du Canada : la main-d’œuvre, l’offre et les capacités de fabrication au pays, la résilience à l’échelle internationale, et la future spécialisation.

Main-d’œuvre

Les chaînes d’approvisionnement canadiennes forment des réseaux qui regroupent à la fois un savoir-faire et une expertise technologique. Cependant, elles reposent fondamentalement sur les individus, de sorte que l’avenir de la main-d’œuvre du pays dépend du recrutement et de la fidélisation de talents qualifiés1. La valeur d’une main-d’œuvre dépend directement du processus d’accréditation et des mesures prises par le pays pour améliorer les compétences de ses travailleurs. Le processus d’accréditation des travailleurs qualifiés au Canada peut être long et compliqué, ce qui peut entraîner une pénurie de travailleurs qualifiés et des retards dans la production, alors que le processus d’attestation peut prendre de dix semaines à deux ans. Voilà beaucoup de temps perdu en raison de la paperasserie.

De surcroît, les politiques et procédures actuelles concernant les travailleurs étrangers freinent l’arrivée de main-d’œuvre qualifiée dans le pays et, plus encore, contribuent à une migration subséquente. Le taux d’immigrants quittant le Canada augmente depuis les années 1980 et a atteint en 2019 un pic de 1,18 %, soit une hausse de 31 % par rapport à la moyenne historique de 0,9 %2. La migration subséquente pourrait être particulièrement problématique pour les entreprises qui dépendent d’une main-d’œuvre saisonnière. Par exemple, près de la moitié des travailleurs agricoles au Canada en 2021 étaient des employés saisonniers.

Les instances gouvernementales fédérales, provinciales et territoriales doivent poursuivre leurs efforts visant à former des talents d’ici et à attirer des immigrants qualifiés pour pourvoir les postes vacants de la chaîne d’approvisionnement3. Parallèlement, les entreprises doivent élaborer une stratégie de fidélisation des talents afin de prévenir le roulement du personnel et de se conformer aux exigences réglementaires.

Offre et capacités de fabrication au pays

Les compétences sectorielles du Canada sont centrées sur ses ressources naturelles.. Il faut poursuivre dans cette voie, mais aussi diversifier notre savoir-faire pour rester concurrentiels sur le marché mondial. Ainsi, il faut multiplier les investissements dans les infrastructures afin de mettre sur le marché les vastes réserves nationales de minéraux critiques rares, sous forme de marchandises fabriquées telles que des batteries, des téléphones intelligents et d’autres produits électroniques. Par ailleurs, nous devons améliorer notre capacité à exploiter diverses sources d’énergie, telles que les énergies éolienne, hydraulique, solaire et nucléaire.

Résilience à l’échelle internationale

Les chaînes d’approvisionnement du pays sont volatiles et peuvent être vulnérables aux impacts de facteurs externes, menaçant ainsi son indépendance dans le secteur industriel. Le Canada compte sur ses chaînes d’approvisionnement pour atteindre ses principaux objectifs de sécurité dans les domaines suivants : capacités militaires et défensives, infrastructures de télécommunication, semi-conducteurs, batteries industrielles, soins de santé, denrées alimentaires, etc. Établir des relations commerciales diversifiées, reposant sur des valeurs communes, et éviter une trop grande dépendance à l’égard d’un seul fournisseur étranger favoriseraient la sécurité du pays ainsi que sa résilience.

Future spécialisation

Afin de rester une importante puissance moyenne, le Canada doit se tourner vers les technologies émergentes du futur qui lui permettront de se positionner en tant que solide fournisseur de biens et de services. Avant toute chose, le pays doit se montrer plus innovant dans les domaines des technologies de l’industrie 5.0, de l’automatisation et de l’intelligence artificielle. Par ailleurs, grâce à ses immenses gisements de minéraux critiques, le pays est en bonne posture pour devenir un champion de l’électrification dans le paysage mondial. En accordant la priorité à ce type d’investissements, le Canada fera figure d’allié et de partenaire commercial fiable.


Industrie 5.0 :

L’Union européenne définit l’industrie 5.0 comme une approche qui place « le bien-être des travailleurs au centre du processus de production et [qui utilise] les nouvelles technologies pour assurer la prospérité au-delà de l’emploi et de la croissance tout en respectant les limites de production de la planète ». Cette approche pousse les pays à adopter une économie durable et résiliente qui se veut centrée sur l’humain4.
 


 

Recommandations

Dans le but d’aider les instances gouvernementales à faire du Canada un leader mondial en matière de résilience des chaînes d’approvisionnement, nous avons formulé de nombreuses recommandations ciblées. Elles sont organisées autour de quatre axes : les gens et le leadership, les politiques et les processus, la technologie, et la collaboration.

Gens et leadership

Comment les gouvernements peuvent-ils améliorer les compétences des travailleurs et fidéliser ces derniers afin de garantir l’efficacité des chaînes d’approvisionnement et des capacités de production?

Accréditation et perfectionnement de la main-d’œuvre

Une chaîne d’approvisionnement efficace et efficiente garantit que les biens et les services sont produits et livrés à temps, créant ainsi des emplois et soutenant les entreprises. L’épine dorsale de cette chaîne étant la main-d’œuvre, toute pénurie de personnel ou lacune en matière de compétences dans l’un des maillons peut entraîner des retards, des problèmes d’efficacité et une augmentation des coûts.

Les instances gouvernementales devraient collaborer avec les leaders sectoriels et les associations professionnelles pour faciliter le processus d’accréditation et favoriser le perfectionnement des travailleurs dans les secteurs cruciaux où le besoin en main-d’œuvre est important. Une telle intervention favorisera la forte reprise de l’activité au Canada après avoir atteint en mai 2022 le nombre record de 1 003 200 postes vacants5. En investissant dans des programmes de formation visant à qualifier des professionnels dans des domaines spécifiques, le Canada est à même d’améliorer l’efficacité et la compétitivité de ses chaînes d’approvisionnement en dotant les individus de l’expertise nécessaire pour occuper les postes vacants. En veillant à ce que ces postes soient pourvus, il sera possible d’utiliser plus efficacement les ressources, ce qui permettra aux secteurs d’optimiser leur travail et de mener des activités efficientes.


La série d’articles Le rôle du gouvernement dans l’avenir comprend un article sur la requalification et sur le choix du bon modèle de dotation, qui explore la manière dont les gouvernements peuvent soutenir la main-d’œuvre canadienne.
 


Fonctions de chaîne d’approvisionnement

Depuis la pandémie, seulement 45 % des organisations ont restructuré leurs fonctions d’approvisionnement et de chaîne d’approvisionnement; les organisations du secteur public sont à la traîne, ne dépassant pas les 35 %. Parmi les organisations qui se sont restructurées, seulement 61 % ont reconnu qu’elles se sentaient mieux équipées pour faire face à de futures perturbations6.

Les instances dirigeantes doivent donner la priorité à la restructuration des fonctions essentielles afin d’impulser un changement positif et de mener des activités à l’épreuve du temps. Pour ce faire, il faut concentrer l’expertise grâce à une solide fonction de gouvernance, diffuser les connaissances dans l’ensemble de l’organisation, investir dans des programmes de perfectionnement afin de s’assurer que les travailleurs sont qualifiés en vue de soutenir les activités novatrices de la chaîne d’approvisionnement, élaborer des normes pour veiller à la cohérence et à la qualité, et procéder à une rationalisation au sein des ministères et des organismes. Grâce à cette intervention collective rendue possible par une gestion du changement, les organisations gagneront en confiance quant à leur capacité à affronter l’avenir.

Politiques et processus

Comment les pouvoirs publics peuvent-ils mettre en place des politiques et des processus plus efficaces et plus productifs afin que les chaînes d’approvisionnement se portent mieux?

Résilience sur le plan géopolitique

Pour qu’une chaîne d’approvisionnement soit résiliente, il faut qu’elle ait les moyens de se défendre contre les adversaires. Dans la mesure où le Canada cherche à explorer les gisements de minéraux dans le Grand Nord, protéger nos eaux arctiques des nations néfastes devient de plus en plus crucial. Le gouvernement devra investir davantage dans les technologies navales de pointe – notamment des bâtiments à la pointe de la technologie, tels que des brise-glaces, des navires de surveillance et des sous-marins capables de naviguer dans les eaux glacées – afin de mettre en place un système de défense robuste.

De plus, le renforcement de nos capacités aériennes par le déploiement des aéronefs de reconnaissance à long rayon d’action et de drones de surveillance nous permettra d’avoir une meilleure connaissance de la situation et de détecter rapidement les menaces. Le gouvernement fédéral doit également veiller à ce que les organisations des secteurs privé et public respectent les réglementations internationales, notamment en ce qui concerne les sanctions des Nations Unies, de l’OTAN et d’autres pays alliés imposées à des entités étrangères. Bien que les entreprises canadiennes n’ont pas l’intention de commercer et de fournir des biens directement aux entités sanctionnées, le gouvernement devrait veiller à ce que ces risques soient pris en compte dans la circulation des marchandises.


Remarque : La série Le rôle du gouvernement dans l’avenir comprend un article sur les relations internationales, qui offre une perspective sur le rôle du Canada dans l’Arctique.
 


Promouvoir une chaîne d’approvisionnement circulaire et carboneutre

L’économie circulaire est un système économique qui vise à éliminer les déchets et à promouvoir la réutilisation continuelle des ressources. Elle peut renforcer la résilience des chaînes d’approvisionnement par la diversification et l’écoefficacité en recourant à des matériaux provenant de la région et à des solutions novatrices faisant appel à de nouvelles technologies en pleine émergence. Un des piliers de sa réussite est le traitement et l’utilisation de minéraux critiques présents partout au Canada, tels que le cobalt, le lithium et le graphite, en vue de produire durablement des biens et de fournir des services dont l’impact sur l’environnement est minimal, contribuant ainsi à l’équilibre écologique à long terme et à la gestion responsable des ressources.

En mettant en place des politiques et des mesures incitatives qui favorisent la concurrence dans l’économie circulaire, à l’instar d’Un nouveau plan d’action pour une économie circulaire de la Commission européenne, le Canada pourrait se hisser au rang de leader dans des créneaux de fabrication notamment dans les domaines des batteries, de l’équipement aérospatial et des véhicules électriques. En adoptant les principes de l’économie circulaire, en encourageant l’innovation et en investissant dans des occasions sur le marché, le pays améliorera sa position concurrentielle sur la scène mondiale tout en suivant les tendances mondiales en matière de durabilité, ce qui peut mener à la création de plus d’emplois et à des occasions de croissance économique dans ces secteurs.

Technologie

Comment les pouvoirs publics peuvent-ils tirer parti de la technologie pour créer des chaînes d’approvisionnement résilientes et novatrices?

Accélération de l’adoption des technologies de l’industrie 5.0

Compte tenu de la concurrence féroce qui règne actuellement, toutes les organisations, y compris les gouvernements, ont de plus en plus intérêt à adopter les nouvelles technologies. En épousant l’approche de l’industrie 5.0, les organisations gouvernementales peuvent rationaliser leurs activités internes, réduire leurs coûts et améliorer la qualité des nombreux services qu’elles fournissent aux citoyens. Par exemple, l’automatisation et l’IA peuvent améliorer l’efficacité des processus administratifs tels que l’approvisionnement, la facturation et la gestion des contrats, ce qui libère du temps aux employés pour qu’ils se concentrent sur des tâches à valeur ajoutée telles que l’innovation, la planification stratégique et l’adaptation aux demandes d’un marché dynamique.

Les instances gouvernementales peuvent promouvoir l’adoption de technologies de pointe au sein des chaînes d’approvisionnement du secteur en accordant des subventions ou des incitatifs fiscaux aux entreprises qui adoptent des technologies durables et novatrices. Par exemple, il est possible d’utiliser les données d’observation de la Terre recueillies par les satellites pour trouver des solutions visant à réduire les émissions de carbone.

Nous pouvons faire progresser la conception et l’intégration des technologies de fabrication – comme l’informatique quantique, l’Internet des objets (IdO) et l’automatisation – en offrant des incitatifs à la poursuite de la recherche et du développement. Le gouvernement fédéral compte déjà à son actif des projets fructueux tels que Scale AI, qui applique l’IA dans les domaines du commerce de détail, de la fabrication, des transports, de l’infrastructure, des technologies de l’information et des communications, afin de mettre en place des chaînes d’approvisionnement plus intelligentes. Ces projets intègrent des technologies de pointe permettant de réaliser des gains d’efficacité dans l’ensemble de l’écosystème et devraient faire augmenter le PIB de plus de 16,5 G$ et créer plus de 16 000 emplois sur une période de 10 ans au Canada7.

Grâce à ses efforts constants pour adopter des technologies en constante évolution et à ses mesures incitatives, le gouvernement canadien peut se positionner en tant que leader de l’avenir sur la scène mondiale.

Collaboration

Comment les pouvoirs publics peuvent-ils tisser des relations afin de façonner des chaînes d’approvisionnement résilientes et novatrices?

Fidélité aux valeurs communes dans la sphère commerciale

Dépendre de produits étrangers risque d’exposer un pays à la coercition. Début 2022, au commencement de la guerre entre la Russie et l’Ukraine, l’Allemagne importait 55 % de son énergie de la Russie. Ce pourcentage est tombé à 26 % quelques mois plus tard, après que l’Allemagne s’est fixé l’objectif stratégique de remplacer toutes ses importations d’énergie russe d’ici le milieu de l’année 2024. Le pays s’est en effet engagé dans cette voie parce que l’invasion de l’Ukraine par la Russie est illégale et que l’Occident soutient l’indépendance de l’Ukraine8.

Le Canada doit continuer de consolider ses relations avec des alliés qui partagent les mêmes valeurs de démocratie, de liberté d’expression et de protection des droits de la personne. Ses échanges commerciaux avec d’autres nations souveraines témoignent de l’application de ces trois principes. Des organisations telles que la Future Borders Coalition – un groupe qui se consacre à améliorer les échanges transfrontaliers entre le Canada et les États-Unis concernant les déplacements et le commerce – inscrivent cette vision dans leur mandat et contribuent à garantir, entre autres, l’efficacité des corridors bilatéraux de la chaîne d’approvisionnement. Les nations aux mêmes valeurs contribuent à une chaîne d’approvisionnement internationale et à un réseau commercial qui valorisent les droits susmentionnés en récompensant les pays qui respectent ces valeurs par des échanges commerciaux et, ainsi, en isolant ceux qui ne les respectent pas.

Le Canada a été le premier pays à conclure des accords de libre-échange avec tous les pays du G7. Bien que cet exemple remonte dans le temps, il met en lumière le rôle prépondérant que joue le Canada depuis fort longtemps sur la scène du commerce mondial. Dans un climat d’incertitude géopolitique, assurer le maintien de réseaux commerciaux régionalisés, tels que ceux établis par l’OTAN et les pays membres de l’OTAN, permettra de renforcer la résilience des chaînes d’approvisionnement au Canada.


Depuis décembre 2021, le Groupe de travail canado-américain sur les chaînes d’approvisionnement collabore pour « renforcer la sécurité et la résilience des chaînes d’approvisionnement dans le respect des principes de transparence, de diversité, d’ouverture et de prévisibilité, de sécurité et de durabilité ». Son mandat est de parvenir à une plus grande harmonisation et de cerner les vulnérabilités des chaînes d’approvisionnement bilatérales, en traitant de thèmes clés tels qu’entre autres les véhicules électriques et les batteries, les équipements de protection individuelle, la défense et la coopération en matière de réglementation. Il s’agit là d’un travail essentiel pour renforcer les économies étroitement liées des principaux alliés9.
 

 

Alliance inclusive des luttes autochtones

Au Canada, les peuples autochtones sont sans doute les plus fragilisés par les pressions exercées sur la chaîne d’approvisionnement. Les communautés autochtones rurales et isolées pâtissent de manière disproportionnée de pertes d’habitat et de conditions météorologiques extrêmes qui limitent les chaînes d’approvisionnement traditionnelles. Certaines communautés ont vécu des états d’urgence en raison de la fonte des glaces, de l’assèchement des lacs et de la mutation des comportements migratoires qui influent sur leur approvisionnement en nourriture, de la viande de caribou à la chair de saumon10. Pour parvenir à un écosystème de chaînes d’approvisionnement plus robuste, il faut adopter des stratégies mettant au premier plan la durabilité et l’économie circulaire; des systèmes de gestion que les peuples autochtones utilisent depuis des milliers d’années 11.

Conclusion

En adoptant certaines des mesures énoncées dans le présent article, les instances gouvernementales au Canada sont à même de contribuer à la solidification et à la résilience des chaînes d’approvisionnement, ainsi qu’à la promotion des échanges commerciaux et à la relance du secteur de la fabrication. Cela contribuera également à créer une économie prospère et florissante qui profitera à tous les Canadiens.

Selon notre idéal de sa situation future, le Canada pourra :

  • disposer d’une excellente main-d’œuvre, grâce à une offre accrue de main-d’œuvre qualifiée et à des processus de recrutement et de fidélisation optimisés qui élargissent la base de connaissances par le biais de processus d’accréditation et d’attestation simplifiés, et ce, au profit de la croissance;
  • avoir des politiques visant à préserver ses capacités à l’échelle nationale, à protéger ses gisements de ressources naturelles et à promouvoir une économie circulaire, ainsi que créer un secteur de la fabrication résilient capable de fournir des biens à l’échelle planétaire;
  • être une figure de proue sur la scène mondiale en matière d’efficacité des chaînes d’approvisionnement, en adoptant rapidement des technologies émergentes dans les domaines de l’automatisation, de l’IA et de la robotique;
  • être un partenaire commercial solide et fiable qui privilégie le commerce, tant national qu’international, dans le respect des principes fondamentaux de la démocratie, de la liberté d’expression et de la protection des droits de la personne. L’engagement du Canada à cet égard souligne l’importance des pratiques commerciales éthiques et concourt à renforcer l’équité au sein du marché.

Notes de fin 

Merci à nos contributeurs principaux, Eric Jackson et Aparna Ashokumar.

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