Perspectives

Combattre les crimes financiers à l’ère numérique

La technologie : une arme à double tranchant

Indéniablement, la prolifération incessante des technologies numériques, l’émergence des technologies financières et une dépendance accrue aux cryptomonnaies et à d’autres formes de paiement offrent aux entreprises des possibilités sans précédent. Parallèlement, ces tendances annoncent toutefois une nouvelle ère de crimes financiers caractérisée par une interconnectivité complexe et des limites géographiques floues. Dans cet environnement changeant, il n’est pas étonnant que les organismes de réglementation à l’échelle mondiale peinent à suivre le rythme.

Les institutions financières doivent maintenant se conformer à un réseau mondial de cadres juridiques et réglementaires, de directives liées au blanchiment d’argent et de sanctions. Dans le seul domaine des monnaies virtuelles, les organismes internationaux comme la Banque mondiale, le Fonds monétaire international, le Groupe d’action financière, la Banque centrale européenne et le Comité sur les paiements et les infrastructures de marché ont tous présenté des directives sur les façons de réduire les risques que présentent les transactions en monnaies virtuelles. Et ces risques peuvent être importants.

« Lorsqu’on prend en considération le caractère anonyme des transactions effectuées par la voie de la chaîne de blocs, les régimes réglementaires peu définis et la difficulté de saisir les produits des activités illicites sous forme de monnaies virtuelles pour les organes chargés de l’application des lois, les risques de blanchiment d’argent et de financement des activités terroristes sont évidents », a indiqué Jitesh Patel, directeur principal, Conseils financiers et risques, Deloitte.

Pour répondre à ces préoccupations, les organismes de réglementation canadiens demandent aux entités financières de faire preuve de plus de prudence à l’égard des risques que présentent les nouvelles technologies comme les portefeuilles numériques, les monnaies virtuelles, les cartes prépayées et les applications permettant d’effectuer des virements de fonds individuels au moyen des services mobiles.

« Pour suivre l’évolution rapide des innovations technologiques, les entités financières doivent adapter leur approche fondée sur les risques pour tenir compte de l’incidence des nouvelles technologies et des nouvelles façons de faire des affaires sur les modes de blanchiment d’argent et de financement des activités terroristes. Il suffit souvent de se demander quelles menaces et vulnérabilités présentent ces technologies et de veiller à mettre en place des contrôles et des mesures pour les atténuer », a expliqué Carrie Hagerman, directrice de la conformité, Centre d’analyse des opérations et déclarations financières du Canada (CANAFE), lors d’un récent congrès de l’ACAMS à Toronto.

Ces réalités obligent maintenant les professionnels de la conformité à innover pour faire obstacle aux crimes financiers. Par exemple, à l’heure actuelle, les professionnels enquêtant sur les activités douteuses passent la majeure partie de leur temps à rechercher de l’information et à réunir des documents. En automatisant ces tâches – par la robotisation des processus par exemple –, les enquêteurs pourraient se concentrer davantage sur la gestion des risques. De la même façon, en appliquant l’analytique avancée à la surveillance des transactions, les organisations pourraient repérer les faux positifs automatiquement, sans l’intervention humaine, permettant ainsi aux analystes de se concentrer sur les risques de niveau plus élevé.

Ces types de solutions automatisées ne représentent qu’un mince aperçu des innombrables possibilités offertes. Bien que la plupart des organisations excellent dans la collecte des données, elles ont plus de mal à traduire ces données en perspectives pour soutenir les décisions d’affaires.

« Nous entrons dans une période de personnalisation extrême où la technologie peut servir à comprendre les comportements et les motivations des consommateurs individuels », a expliqué Paul Zikoplous, vice-président, Stratégie de la compétitivité et des produits, Données massives et analytique chez IBM Canada. « Imaginez utiliser ce genre de modèle pour détecter des activités criminelles ou améliorer vos protocoles de connaissance du client. Nous pourrions transformer complètement la conformité liée à la lutte contre le blanchiment d’argent. »

En disposant de telles technologies, les professionnels de la conformité peuvent non seulement améliorer leur efficacité, mais ils peuvent également perfectionner leurs compétences collectives pour combattre – et repousser – les crimes financiers.

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