Points de vue

Le Canada a besoin d’une révolution des solutions

Le financement social et l’infrastructure de solutions

Le financement social et l’infrastructure de solutions en éducation et l’environnement sont des solutions possibles aux défis du Canada.

Par: Michael Wenban 

En tant que Canadiens modérés, nous ne déclenchons pas de révolutions.

Les experts nous disent que nous avons connu une « bonne » récession et que notre pays demeure riche et en santé. Notre mantra collectif a toujours été le suivant : « Si les choses vont bien, pourquoi bousculer l’ordre établi? »

En toute franchise, chercher à effectuer des changements de manière progressive est un choix tout à fait légitime. Cependant, compte tenu des changements structuraux d’envergure auxquels font face l’économie et la société, s’agit-il du meilleur moyen d’avancer?

Certains leaders innovateurs préconisent une approche plus radicale.

Cette approche est l’objet du nouveau livre de Paul Macmillan et William D. Eggers intitulé The Solution Revolution: How Business, Government, and Social Enterprises Are Teaming Up to Solve Society’s Toughest Problems.

Leur appel aux armes arrive au bon moment pour les Canadiens, puisque, soyons honnêtes, les problèmes auxquels nous devons trouver des solutions ne manquent pas. Les auteurs font valoir de manière convaincante que des changements systémiques sont non seulement possibles, mais qu’ils produiront de meilleurs résultats, plus justes et plus durables.

En cette ère de besoins non comblés et de compressions des dépenses, l’innovation publique, comme le disent Macmillan et Eggers, est nécessaire. Pour ce faire, tous les acteurs – des entrepreneurs sociaux aux dirigeants d’entreprise − doivent apprendre à travailler à l’extérieur de leur zone de confort respective.

Macmillan et Eggers donnent de nombreux exemples très intéressants tirés de différents domaines. Ils sont fortement convaincus que lorsqu’on entretient l’innovation par la collaboration et l’abandon des anciens paradigmes, de bonnes choses peuvent se produire, et à grande échelle.

Voici quelques exemples de véritables réalisations obtenues dans le cadre de l’économie des solutions :

Emploi

  • Bill Young a mis sur pied Social Capital Partners (SCP) dans le but d’aider des personnes de milieux défavorisés à se trouver un bon emploi.
  • Au cours des dix dernières années, cet innovateur a appliqué des solutions axées sur le marché pour régler le problème du chômage.
  • SCP a recours à un modèle fondé sur la demande (employeurs) où l’entreprise joue un rôle plus important dans la sélection de travailleurs possédant les compétences recherchées pour l’emploi.

Éducation

  • Mathématicien, écrivain et entrepreneur social, John Mighton a fondé JUMP (Junior Undiscovered Math Prodigies) il y a plus de quinze ans.
  • En quoi consiste sa théorie du changement? Nous pouvons tous apprendre dans le cadre d’un système d’enseignement où l’on cherche à valoriser la confiance et l’estime de soi.
  • Il croit également qu’il existe un lien de causalité entre la réussite scolaire et les futures contributions à la société.

Environnement 

  • Geoff Cape a fondé le centre Evergreen Brick Works (EBW) de Toronto dans le cadre de la mission sociale qu’il s’est donnée il y a plus de vingt ans visant à rendre les villes plus vertes pour une planète en meilleure santé.
  • EBW a élaboré un modèle permettant d’équilibrer les objectifs sociaux et les besoins financiers.
  • En s’inspirant de la nature, EBW a recours à différentes sources de revenus, notamment les événements commerciaux, la location et la vente de produits, de même que les subventions et les dons du gouvernement, de fondations, de sociétés commanditaires et de particuliers.

Infrastructure de solutions

  • La fondation de la famille J.W. McConnell, un pionnier en matière de collaboration au sein de la collectivité, du secteur public et du secteur privé, a contribué à la mise sur pied de la plate-forme de génération de l’innovation sociale (SiG) que de multiples établissements ont adoptée.
  • Menée par l’entrepreneur social accompli Tim Draimin, SiG n’est pas un moyen d’obtenir des subventions, mais bien une plate-forme d’innovation et de collaboration qui fait la promotion de moyens pour effectuer des changements systémiques à grande échelle.
  • Mentionnons également le Centre for Impact Investing (CII) de MaRS et le Social Venture Exchange (SVX). Il s’agit de deux plates-formes d’investissement en ligne qui mobilisent des capitaux privés pour le bien public.

Financement social

  • L’innovation dans ce domaine se fait attendre depuis longtemps. Si nous voulons obtenir de meilleurs résultats sociaux et des avantages pour les contribuables, le gouvernement devra s’engager dans une certaine révolution de sa façon de penser et d’agir, notamment en appuyant les obligations à impact social.
  • Les obligations à impact social rassemblent le gouvernement, les organismes de services sociaux sans but lucratif et les investisseurs dans le but de trouver des solutions aux problèmes.
  • Les investisseurs obtiennent un bon rendement du capital investi pour des services sociaux à coûts inférieurs à ceux des anciens modèles.

Alors, avons-nous suffisamment d’audace, nous, Canadiens, pour élaborer notre propre stratégie de révolution des solutions pour le bien public? 

En cette ère de besoins non comblés et de compressions des dépenses, l’innovation publique, comme le disent Macmillan et Eggers, est nécessaire. Pour ce faire, tous les acteurs − entrepreneurs sociaux, organismes sans but lucratif, gouvernements et dirigeants d’entreprise − doivent apprendre à travailler à l’extérieur de leur zone de confort respective. Nous devons agir collectivement pour changer la manière dont la valeur publique est créée.

 

Michael Wenban est associé au sein de Monitor Deloitte à Toronto. Il est aussi membre du conseil d’administration de Social Capital Partners.

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