Perspectives

Pourquoi le Canada est bien placé pour atteindre la neutralité carbone

En raison de la hausse des températures deux fois plus rapide au Canada que la moyenne mondiale, les dommages causés par les phénomènes climatiques pourraient perturber les économies canadiennes, les entreprises et le bien-être d’une manière beaucoup plus inquiétante que dans les autres pays. Voilà pourquoi le Canada devrait mener les efforts de décarbonisation mondiale et tracer la voie à suivre pour les autres nations. En accélérant la transition vers un Canada décarbonisé, nous pouvons limiter les hausses de température et soutenir un avenir durable, équitable et prospère où une économie axée sur l’innovation et des technologies à plus faible émission de carbone nous placent sur la voie de la croissance économique en plus d’être socialement conscients.

La première étape : nettoyer notre propre cour

Le Canada fait partie actuellement des plus grands émetteurs de gaz à effet de serre (GES) par habitant dans le monde, les activités en amont de production et de transport de pétrole et de gaz représentant la majorité des émissions de GES.

Avec l’équivalent de près de 19 tonnes de dioxyde de carbone émises par personne et par an, notre pays produit à cet égard plus du double des émissions de GES issues en moyenne des nations du G20. De plus, alors que les autres membres du G20 ont réduit leur intensité énergétique de 12 % au cours des cinq dernières années, le Canada a à peine bougé sur ce point. En somme, nous sommes loin de respecter l’Accord de Paris et nos engagements de neutralité carbone. Même si les émissions du pays ne représentent que 2 % des GES dans le monde, cela ne saurait justifier l’inaction qui affaiblit également la position du Canada en tant que leader mondial et contributeur de notre juste part de la réduction des émissions, conformément à l’Accord de Paris.

Leadership national

Le changement climatique est ressorti comme l’une des trois questions principales ayant influencé les électeurs canadiens lors de l’élection fédérale de 2019. Les politiques du gouvernement fédéral sur la croissance propre obligent le Canada à atteindre et à maintenir la neutralité carbone d’ici 2050. Une action politique globale et un leadership solide soulignent l’unité de la position du Canada à l’égard du climat.

Fort soutien du milieu des affaires

De nombreuses entreprises canadiennes se sont déjà fortement engagées à réduire leurs émissions, et un nombre croissant de grandes entreprises – notamment Les Aliments Maple Leaf, lululemon, Teck Resources, Arc’teryx Equipment, Cenovus Energy et Celestica – ont établi des objectifs ambitieux au chapitre de la neutralité carbone.

Technologies propres faites maison

Le Canada dispose déjà des outils et des technologies nécessaires pour atteindre la décarbonisation du pays. Les technologies propres, l’énergie propre ainsi que les produits et les services environnementaux ont gonflé de 60 G$ le PIB du Canada en 2017 et ont procuré 282 000 emplois hautement rémunérés1. Le secteur des technologies propres a augmenté de 19,4 % de 2007 à 20171. Les innovations faites maison peuvent dynamiser notre économie et nous aider à atteindre la neutralité carbone en 2050. Lisez notre article de suivi, Voie éventuelle à suivre pour une décarbonisation d’ici 2050, pour en apprendre davantage sur les technologies propres canadiennes faites maison.

Secteur des services financiers 

Le secteur des services financiers du Canada a inscrit le risque climatique à son ordre du jour, et pris des initiatives pour la définition d’investissements verts, l’incorporation des critères environnementaux, sociaux et de gouvernance (ESG) dans les prises de décision et la divulgation des risques liés au climat conformément aux recommandations du Groupe de travail sur la divulgation de l’information financière relative aux changements climatiques (Task Force on Climate-related Financial Disclosures – TCFD)2. Le secteur financier suscite progressivement une réévaluation de la valeur des actifs qui considère le risque climatique comme une partie intégrante du risque d’investissement. La Banque du Canada range le changement climatique parmi les principaux sujets de préoccupation pour l’économie canadienne. Elle développe en ce moment de nouveaux modèles pour comprendre l’incidence du changement climatique sur la stabilité financière.

Paysages naturels, biodiversité et écosystèmes riches

Selon un récent sondage, une majorité écrasante de Canadiens, soit 9 sur 10, accueillent favorablement la promesse nationale faite en 2020 de protéger 30 % de nos terres et de nos océans d’ici 2030, la plupart de nos citoyens appuyant aussi l’idée d’investir dans une intendance autochtone à long terme. Compte tenu de l’étendue des ressources naturelles du Canada, la modification des pratiques agricoles et forestières peut avoir un effet réel sur la production de carbone, soutenir la conservation et la restauration des écosystèmes et diminuer le risque d’insécurité alimentaire des citoyens, entre autres bienfaits.

Soutien des peuples autochtones

Les peuples autochtones nous mettent en garde au sujet de régimes climatiques changeants et de la disparition d’habitats depuis des décennies. La solution pour restaurer en partie nos relations avec ces derniers pourrait consister non seulement à collaborer avec eux pour atténuer le changement climatique, mais aussi à apprendre d’anciennes pratiques de gestion durable des ressources ainsi que de traditions prescrivant de prélever de la terre uniquement ce qui est nécessaire et ce que la nature peut remplacer.

Des ressources renouvelables en abondance

Dans un monde qui tient à se décarboner, les compétences canadiennes dans la production d’hydroélectricité constituent un gros atout, car elles font de notre pays un chef de file dans le secteur des énergies renouvelables, entre autres choses, et l’exportation d’un savoir-faire en la matière. Cette position dominante du Canada et ses capacités relatives aux énergies renouvelables pourraient attirer des investissements importants du secteur des technologies propres, en croissance rapide dans le monde.

Il est temps d’agir

Le Canada a le capital humain et le capital naturel nécessaires, ce qui signifie que le pays est bien placé pour réussir si un solide leadership et des efforts de coordination efficaces sont mis en place au sein des gouvernements et des entreprises. Au cours de cette bataille contre la pandémie de COVID‑19, nous avons appris que le Canada a la volonté collective et, donc, le pouvoir de faire les choses autrement et de produire un changement radical. Cette pandémie mondiale a engendré un désastre économique et humanitaire aux proportions dantesques. Pourtant, la crise a révélé aussi la solidité de l’unité du Canada par laquelle il dispose, dans le cadre d’un accord cohérent, d’un pouvoir énorme, celui de parer aux menaces pesant sur l’humanité. Nous devons mobiliser la même énergie si nous voulons diriger la prochaine vague d’innovation en matière de changements climatiques. En apportant des changements dès maintenant, nous créerons une base solide pour bâtir une richesse sociale et économique de manière plus responsable.

1 - Ce lien vous dirigera sur le site du gouvernement du Canada.

2 - Ce lient vous dirigera sur le site de TCFD (en anglais seulement). 

 

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